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Pays nantais, une mobilisation vitale

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

L'atomisation des opérateurs dans la vallée de la Loire est fortement ressentie dans la région nantaise. Joël Hérissé, président du Syndicat des vins de pays du Jardin de la France, explique qu'elle contribue même à la dévalorisation des vins. ' Il faudrait nous organiser avec le négoce , explique-t-il, en mettant en commun tous nos moyens. ' En effet, ' il y a toujours un opérateur pour casser les prix et pour s'offrir un contrat avec la grande distribution ', indique-t-on au syndicat.
Négociants et producteurs de vins de pays du Jardin de la France ont donc entamé un dialogue afin de construire leur comité interprofessionnel. Malheureusement, la Fédération régionale Centre-Val de Loire, qui regroupe les producteurs de deux des treize départements produisant ce vin de pays, est réticente à cette idée. L'interprofession contribuerait à la promotion et à la communication de ses vins. Pour l'instant, une trop grosse partie du budget du syndicat sert à la gestion des agréments.
Autre point de l'année écoulée : la production revoit les agréments. Pour les vins de pays du Jardin de la France, le syndicat sera plus sévère lors de la dégustation. Les volumes ajournés devraient aller au-delà des 5 % habituellement recalés.

Le muscadet a une autre politique, qui se décline en deux volets. Les vignerons ont certifié leur procédure d'agrément. Les vins de 2002 seront agréés suivant celle-ci. De plus, le syndicat a décidé d'envoyer, en accompagnement du courrier informant de l'ajournement, les coordonnées d'un oenologue. Le vigneron aura donc le libre choix de le contacter pour tenter d'éviter d'autres ajournements. ' L'objectif de l'appellation est de ne plus produire des cuvées dont la qualité n'est pas au niveau de celle requise pour notre appellation ', souligne Jean-Pierre Méchineau, président du Syndicat du muscadet.
Pour valoriser un muscadet haut de gamme, une hiérarchisation est, par ailleurs, en cours. La délimitation des terroirs des coteaux de la Loire s'est déroulée l'an passé. Celle dans le Sèvre-et-Maine se poursuit. Les discussions portent actuellement sur le nombre de sous-appellations qui formeront le troisième niveau de la hiérarchie. L'Inao a autorisé la vinification des cuvées suivant le cahier des charges de ce dernier niveau. Ces essais permettront de l'affiner ensuite. Cette hiérarchisation a aussi permis de revoir les appellations Muscadet et Muscadet régional. Sur fond de difficultés économiques, ce dossier a progressé en 2001.
Par ailleurs, dans la Vendée voisine, il y a aussi une démarche auprès de l'Inao, mais pour l'obtention de l'AOC par les VDQS des Fiefs vendéens. Elle a débuté en 1991. Aujourd'hui, la commission AOC du syndicat s'élargit : une quinzaine de vignerons y travaillent. Une commission d'experts de l'Inao épaule la redéfinition parcellaire.

Dans cette démarche, la zone de Chantennay, actuellement en vin de pays du Jardin de la France, devrait devenir le cinquième Fief vendéen.
Pour l'Inao, il serait plus judicieux de créer cinq appellations distinctes, réunies sous la bannière commune des Fiefs vendéens. Car chaque sous-région a une spécificité de terroir et des proportions de cépages différentes. Un VDQS actuellement affiché Fief vendéen Mareuil, deviendrait AOC Mareuil Fief vendéen.
Les Fiefs vendéens sont au nombre de quatre : Mareuil, Brem-sur-Mer, Pissotte et Vix. Ces 461 ha de vignes en VDQS sont répartis entre soixante-quatre vignerons tous indépendants. Pour Pissotte et Vix, on ne compte respectivement qu'un et deux vignerons ! Les cépages présents sont, pour les blancs, le chenin, le chardonnay et le grolleau, et pour les rouges principalement le pinot noir et le gamay. A Mareuil, un négociant et un vigneron se sont orientés vers l'achat de vendanges. Depuis trois ans, le syndicat a adopté une cotisation servant à l'appui technique à la production : 4,6 euros/ha/an (30 F). Un technicien de terrain fait du conseil auprès des vignerons et organise des réunions d'information. En dix ans, la spécialisation en viticulture a gagné du terrain. L'année 2001 a vu la création d'une commission pour veiller à la qualité. Les parcelles mal taillées, trop touchées par une maladie ou en surrendement feront l'objet d'une rencontre avec le vigneron concerné. ' Le but est pédagogique mais, pour les récalcitrants, il pourra y avoir des sanctions ', appuie Daniel Gentreau, vice-président du Syndicat des vignerons des Fiefs vendéens.
La santé économique de cette appellation est bonne, car elle repose en grande partie sur les ventes locales. ' 70 % des vins sont écoulés durant la saison touristique ', précise Hubert Macquineau, président du syndicat. Le prix moyen de ces vins, principalement rouges et rosés, est compris entre 3 et 4 euros (20-25 F). La récolte 2001, d'un volume de 24 000 hl, a bénéficié d'une arrière-saison idéale pour sa maturation.
Au plan économique, la campagne 2000-2001 a été laborieuse pour les vins de pays du Jardin de la France et le muscadet. Les cours de l'AOC Muscadet sont à la baisse de 10 %. Seul le muscadet-sur-lie se maintient. Heureusement, dans les départements de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, ils sont prisés en vente directe... à des niveaux de prix plus rentables.
En vin de pays blanc, seul le sauvignon voit son cours se maintenir sur la campagne 2000-2001. Les vendanges 2001 sont d'un volume légèrement inférieur à la normale. ' Nous ne nous affolons pas car nous détenons encore un petit stock. Cela contribuera à son redressement, qui est d'ailleurs déjà perçu ici ', indique-t-on au Syndicat du muscadet. En revanche, la faible récolte de vins de pays du Jardin de la France ne va pas avoir un effet aussi prononcé sur leurs marchés. Les stocks représentaient jusqu'à maintenant un gros tiers d'une récolte, et s'élèvent aujourd'hui à une moitié.

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