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Lorraine, un marché régional

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

'A la fin du XIXesiè- cle, la Lorraine comptait 40 000 ha de vignes ', rappelle Michel Laroppe, président de la jeune appellation côtes de Toul. Aujourd'hui, cette dernière représente 108 ha, 35 ha produisent du vin de Moselle, et 40 ha des vins de pays de la Meuse. L'appellation côtes de Toul a surtout grossi ces dix dernières années. Elle évolue moins aujourd'hui. En revanche, les vins de Moselle, VDQS depuis 1951, devraient voir leur surface doubler d'ici à 2007. Vingt-quatre caves particulières se partagent les 35 ha en production, mais seulement deux producteurs ne vivent que de la vigne. Les autres travaillent à quelques kilomètres de là, au Luxembourg, où les salaires sont attractifs. Dans de telles conditions, Joseph Simon s'inquiète pour l'avenir de son appellation. ' Si le niveau de vie de nos voisins reste aussi élevé, pourquoi se crever à la vigne ? '
Ces pluriactifs, souvent peu formés, peinent à trouver des conseils techniques. Ils aimeraient que les trois vignobles lorrains se réunissent pour obtenir ce service.
Malgré une production de 2 000 hl seulement, les prix, de 3,51 à 3,66 euros/col (23-24 F), n'évoluent plus depuis deux ans. Comme pour les côtes de Toul ou les vins de pays de la Meuse, les débouchés sont essentiellement régionaux. ' En Lorraine, on a deux grosses agglomérations, Metz et Nancy, ajoute Jean-Marc Liénard, président du syndicat des vins de pays de la Meuse. En revanche, la Meuse, avec 200 000 habitants, est peu peuplée. Nous avons prévu de planter 1 ha/an dans les dix années à venir. Mais doubler notre surface serait une erreur, le marché n'existe pas pour l'instant, nos vins n'ont pas une renommée nationale . '
Le souhait de ces vins de pays de devenir VDQS reste le sujet d'actualité. Le zonage est réalisé, et quatre ou cinq cépages seraient retenus : l'auxerrois - ' Notre cheval de bataille ', indique Jean-Marc Liénard -, le gamay, vinifié en gris et en rouge, le pinot noir. La discussion porte sur le chardonnay et le pinot gris, deux cépages que les Lorrains veulent conserver. L'Inao pourrait les tolérer, à condition qu'ils ne soient pas commercialisés seuls mais en assemblage. Les rendements ne sont pas encore totalement arrêtés. ' Le dossier pourrait aboutir dès la récolte prochaine, sinon d'ici à cinq ans , indique Jean-Marc Liénard. Mais les bénéfices ne seront pas perceptibles tout de suite. '

Le passage des côtes de Toul en AOC en 1998 n'a pas permis d'augmenter les prix. ' Mais nous étions l'un des VDQS les mieux valorisés ', indique Michel Laroppe. Aujourd'hui, un gris de Toul est vendu entre 3,81 et 4,12 euros (25 et 27 F) la bouteille. Mais les blancs d'Auxerrois ou les rouges de pinot noir, représentant encore peu de volume, sont mieux valorisés. ' Les prix stagneront tant qu'on ne sera pas tiré par l'export ', juge Michel Laroppe. Or cette appellation n'a que 4 573 euros/an (30 000 F) pour communiquer. Pour faire parler d'elle, une fête, l'Ascension du vin gris, a été créée il y a deux ans. Pour l'instant, elle attire 3 000 à 3 500 personnes.
Néanmoins, l'accession à l'AOC a permis de modifier l'encépagement. Le gamay, cépage de prédilection du vin gris, a vu sa part dans le vignoble diminuer. Puis la production s'est professionnalisée, les pluriactifs ne représentant plus que 20 % des producteurs. ' Les droits de plantation obtenus au cours des années 90 ont permis à des exploitations de devenir viables ', indique Michel Laroppe.
Mais comme dans beaucoup de vignobles septentrionaux, le millésime 2001 a été difficile. ' Une année comme celle-ci, le gamay, plus productif, a eu du mal à mûrir. ' La pression mildiou a été forte en été, entraînant parfois une chute prématurée des feuilles. ' On a beaucoup hésité à faire des rouges ', annonce Michel Laroppe. Les pluies et le froid de septembre ont aussi gêné la maturation de l'auxerrois, cépage précoce. ' En revanche, début octobre, le temps a changé, et les vignerons qui ont su attendre ont fait de belles choses ', remarque Jean-Marc Liénard. Enfin, la grêle a touché le sud de l'AOC côtes de Toul.

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