Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

La Lorraine remet son style en cause

La vigne - n°150 - janvier 2004 - page 0

Le Comité des vins de Lorraine a démarré un travail de fond, comprenant la collecte de données économiques, une étude de marché, des audits de caves et des actions de communication.

'Nul n'est prophète en son pays ', dit le proverbe. C'est là où le bât blesse pour les vins lorrains, dont le marché est avant tout régional. ' Certaines exploitations stagnent, voire régressent. D'autres s'en tirent mieux. En fait, tout est lié au type de vin qu'elles produisent. Pour les vins gris et blancs, les produits trop typiques, trop secs plongent. Par contre, les vignerons qui jouent la carte de la qualité s'en sortent. C'est moins difficile pour les rouges, car la demande est présente et associée à une certaine pénurie de produit. De même que les effervescents en méthode traditionnelle progressent ', constate Jean-Michel Mangeot, président du jeune Comité des vins de Lorraine. Créé en juillet 2003, ce dernier fédère le Syndicat de l'AOC des Côtes de Toul et celui des vins de pays de la Meuse.
Pour l'instant, le Syndicat des viticulteurs de la Moselle n'y adhère pas, mais il participe quand même aux travaux, sous la direction de la chambre régionale d'agriculture. ' Avant, chaque syndicat faisait sa petite communication avec ses petits moyens ', remarque Jean-Marc Liénard, président du Syndicat des vins de pays de la Meuse. Partant du principe que l'union fait la force, l'objectif du comité est de dynamiser les ventes des vins de Lorraine. Pour cela, quatre commissions ont été mises en place.

Premier chantier : faire un état des lieux. Celui-ci passe par le recueil de chiffres qui, jusqu'à présent, ont cruellement fait défaut : surfaces de vignes, données sur la récolte, état des stocks selon les différents produits... C'est le rôle de la commission ' Transparence et données économiques ' qui travaille en partenariat avec les Douanes. Les résultats devraient arriver au début du mois de janvier 2004.
Deuxième chantier : définir les attentes des consommateurs actuels et potentiels, et les occasions de consommation. La commission ' Communication ' entre en piste. En 2004, elle a prévu une étude de marché. Elle compte en tirer un plan marketing pluriannuel qui ciblera la ' Grande région ', à savoir la Lorraine, le Bénélux et la Région parisienne. Elle espère que cette étude aura également des aboutissements techniques. ' Selon les résultats, soit nous garderons nos produits actuels, soit nous les changerons. A mon avis, la première solution est la plus mauvaise, car nos vins trop secs ne sont plus au goût du jour. Ils sont en décalage par rapport aux attentes du marché ', considère Jean-Michel Mangeot.
Ce travail de fond sera complété par des audits de caves, l'une des missions de la commission ' Appui technique '. Ils devraient commencer cet hiver. Pour cela, le Comité des vins de Lorraine a fait appel à un laboratoire champenois.

La partie prépondérante des audits portera sur la vinification, mais des données sur la viticulture et la commercialisation seront également recueillies. Enfin, le Comité des vins a créé la commission ' Dégustation ', chargée de prédéguster les vins avant l'agrément. ' L'objectif est de détecter les problèmes rencontrés par les vignerons pour avoir un minimum de 'déchets' au moment de l'agrément ', justifie Vincent Gorny, trésorier du Syndicat de l'AOC des Côtes de Toul. Les prédégustations ont commencé début décembre 2003 pour des agréments prévus fin janvier 2004. Toutes ces actions ont un coût. Ainsi, le budget 2004, nécessaire à la mise en place des projets du Comité des vins de Lorraine, est de 100 000 euros.
Or, mi-décembre, seule la moitié avait été collectée auprès de la région, du département et des vignerons. ' Il y a tout un travail de lobbying à faire ', précisait Jean-Michel Mangeot.
En attendant, pour soutenir l'activité, le Comité organise des événements. Le dernier en date est la sortie d'un primeur à base d'auxerrois sur le thème de la Saint-Nicolas, patron de la Lorraine, du 28 novembre au 22 janvier. Pour l'instant, il est commercialisé en tant que vin de table mais, en 2004, les vignerons lorrains vont intervenir auprès de l'Onivins pour le commercialiser en tant que vin de pays.
D'autres projets sont en cours, comme le déstockage des millésimes les plus anciens. A plus petite échelle, les vins de pays de la Meuse espèrent l'accession en AOVDQS en mai.
Quant au Syndicat des viticulteurs de Moselle, il est en pleine ' restructuration '. Il souhaite se doter d'un animateur pour mettre en place ses projets : centralisation des informations sur la production, la commercialisation, les réglementations et les plantations, favoriser les bonnes pratiques culturales et oenologiques, création d'une coopérative, protection de l'aire d'appellation, promotion... Du travail en perspective.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :