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Anjou-Saumur, associations et u nions à tout va

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

Les prix des appellations Anjou et Saumur ont des évolutions disparates sur la campagne 2000-2001. Tandis que l'anjou rouge gagne 2,1 euros (14 F) en moyenne, pour atteindre 107 euros (702 F/hl), le saumur rouge perd 7 euros (46 F), pour arriver à 116,8 euros (766 F/hl). Le bilan économique de la région Anjou-Saumur est plutôt positif, surtout à l'exportation : 5,3 % en volume sur le premier semestre. Les vins rosés ont tiré profit de cette situation : leurs cours moyens ont progressé de 4 %. Pourtant, les stocks sont généralement en progression, pour atteindre l'équivalent d'une récolte.
C'est l'évolution du cours des coteaux-du-layon qui reste la plus spectaculaire. Malgré une légère inflexion, son prix se situe au-dessus de 183 euros (1 200 F/hl). Le millésime 2001, dont le volume dépasse de 2 % le précédent, est aussi plus concentré. Le climat a été très favorable au développement de botrytis sur le chenin. Les liquoreux devraient continuer sur leur lancée.
Pour consolider la renommée de l'Anjou et celle de la vallée de la Loire, certains vignerons misent sur la variété chenin. ' C'est notre cépage roi. Il est de notre devoir de militer pour le défendre ', proclame Bernard Germain, président de l'association Loire renaissance. Ce dernier fait partie du noyau de producteurs à l'origine de l'association Cap Anjou (Cap = Chenin anjou promotion), qui s'est transformée en Loire renaissance de par son effet fédérateur dans la vallée de la Loire.

Pour eux, le chenin se révèle avec des conditions de production plus strictes et un élevage en fût de chêne, et ce malgré sa sensibilité à l'oxydation. ' L'oxygénation ménagée en fût métamorphose entièrement ce vin. Cela donne un grand vin d'un style nouveau ', précise Bernard Germain.
Ce type de vin se démarque et pourrait se commercialiser à de meilleurs prix que l'appellation standard. Il pourrait même devenir le fer de lance de la région. Dans l'impossibilité de faire évoluer le décret (augmenter le degré minimal à la récolte, par exemple), les producteurs ont décidé de créer une association avec des objectifs plus restrictifs : des contrôles dans les vignes (rendement, maturité) et une dégustation permettant de valider le respect de la charte. ' C'est une démarche positive ', précise Jo Pithon, président du Syndicat des producteurs d'anjou blanc.
Au début de l'année 2000, il n'y avait qu'une dizaine de vignerons dans cette association. Aujourd'hui, elle compte environ cinquante adhérents. Son rôle se décline sur trois niveaux : informer les vignerons sur les techniques de production, de vinification et d'élevage plus révélatrices du chenin ; promouvoir ces vins, un projet de rencontre entre les vignerons produisant du chenin est d'ailleurs lancé, ce cépage étant cultivé dans de nombreux nouveaux pays viticoles ; enfin, cette association veut aider la commercialisation de ces vins. ' Ce vin sec peut atteindre des cours de 3 euros (20 F/l), alors que l'anjou tourne autour de 1,53 euros (4,50 F) ', rappelle Bernard Germain. Sur ce prix, 0,45 euros (3 F) par col seront reversés à l'association pour afficher un macaron garant du respect de la charte et pour soutenir ses futurs projets. ' Cette association est née en Anjou, mais le Saumurois a emboîté le pas, et peut-être que la Touraine suivra bientôt ', confie Jo Pithon.
Un autre cahier des charges, existant depuis 1993, cherche également sa reconnaissance. Les vignerons des coteaux de Saumur et l'Anjou coteaux de la Loire l'ont mis en place pour l'obtention de vins de ' sélection de grains nobles '. Au printemps 2001, ils ont eu la déception de voir cette mention rejetée, bien que l'Inao ait approuvé la démarche qualitative de ce groupement. Ce refus émane de Bruxelles, qui veut clarifier l'ensemble des mentions qui apparaissent sur les bouteilles de vin. ' L'officialisation de cette mention nous aurait permis de contrer plus facilement les abus de son utilisation. C'est d'autant plus dommage qu'elle va dans le sens de la qualité et de la notoriété ', déplore Jean Douet, président du groupe Grains nobles.
L'unité de la vallée de la Loire est de plus en plus manifeste. Elle s'est traduite, en 2001, par une union de six coopératives vinicoles et d'un producteur. Parmi les caves coopératives concernées figure celle des Vignerons des terroirs de la Noëlle, qui a fusionné avec deux coopératives dans le Muscadet.

Leur structure de commercialisation commune vient d'être mise en place et se dénomme Alliance Loire (1). Elle réunit une vingtaine d'AOC ou de VDQS sur 3 600 ha, soit 200 000 hl, contribuant à un chiffre d'affaires de 33,5 Meuros (220 millions de francs). Elle devient l'un des premiers opérateurs sur le Val de Loire. Son but est de proposer un service regroupé de commandes, de facturation et d'enlèvement, grâce à son siège à Saumur. C'est la grande distribution qui est surtout visée.
Lors de sa formation, Alliance Loire a eu l'opportunité de racheter le négoce Rémy Pannier, numéro un du négoce en Val de Loire, mais qui connaît de grosses difficultés économiques. ' Nous ne pouvions pas rester insensibles à cette possibilité, sachant que c'est la seule maison qui possède de véritables marques dans la vallée de la Loire ', explique Bernard Jacob, directeur de la Cave de Saumur, et président d'Alliance Loire. L'acquisition a eu lieu à la fin de l'année. Un vrai coup de tonnerre dans cette région. Grâce à cette maison réputée et à ses marques, Alliance Loire va pouvoir conforter ses débouchés. Elle compte aussi développer Rémy Pannier et ses marques. ' Justement, dans le Saumurois, la stratégie des marques de certaines maisons va à l'encontre de l'intérêt des appellations ', note Bernard Jacob.
Tandis que les metteurs en marché ' construisent ' la réalité de la vallée de la Loire, l'Union des interprofessions Anjou-Saumur et Touraine s'est consolidée en 2001. Mais on attend toujours la venue des professionnels de la région nantaise et du Centre...

(1) Alliance Loire réunit la Cave des vignerons de Saumur, les Vignerons des terroirs de la Noëlle, les Maîtres vignerons nantais, la Cave des grands vins de Bourgueil, la Cave des producteurs de Vouvray, la Cave des coteaux du Vendômois et le Château de Rivière.

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