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Anjou et Saumur cherchent leur chenin

La vigne - n°139 - janvier 2003 - page 0

A Saumur, vignerons et négociants vont travailler plus étroitement ensemble. L'Anjou a pris des initiatives pour relever le niveau de son blanc sec. Ces deux vignobles cultivent le chenin, un cépage qu'ils veulent sortir du bas du classement des mercuriales.

'Le Chenin, c'est le cépage de tous les extrêmes, capable du meilleur comme du pire ! ' , avoue Jo Pithon, président du Syndicat des vins blancs d'appellation contrôlée Anjou. Et de fait, ce sont les vins de ce cépage qui occupent les positions extrêmes des cours pratiqués en Maine-et-Loire : 80 euros/hl au 1 er novembre, pour l'anjou blanc tout en bas du tableau, et 250 euros/hl dans les crus du Layon, bien au-dessus des anjous rouges (107 euros/hl) et du saumur-champigny (214 euros/hl).
En haut du podium, on s'interroge sur l'avenir des grands liquoreux. Ils occupent des marchés de niche où peu de bouteilles sont commercialisées à plus de 15 euros. En bas, on aimerait ne plus être l'appellation de vins blancs la moins chère de France. ' Avec un cours officiel à 81,95 euros/hl (prix moyen de la campagne 2001-2002), mais dans la pratique en l'absence de marché, beaucoup de vins sont vendus en vins de table ... ', déplore Jo Pithon.
A la fin de l'année dernière, le préfet du Maine-et-Loire s'était saisi du problème en organisant une commission de travail sur l'avenir, tant qualitatif que commercial, des vins blancs d'Anjou et de Saumur. ' Une initiative intéressante, car cette commission a permis de remettre les pendules à l'heure et d'aller au fond des sujets ' , estime Michel Villedey, directeur de la maison saumuroise Langlois-Château et président du Bureau interprofessionnel des vins d'Anjou. Aux producteurs qui regrettent que ' cela débouche sur peu de chose ', Michel Villedey répond qu'il ne fallait pas s'attendre à des effets immédiats.

La commission a proposé l'embauche d'un technicien et trouvé le moyen de la financer. Ce dernier, embauché par la Fédération viticole de l'Anjou, a été missionné, pour trois ans, pour visiter les exploitations qui ont pu rencontrer des problèmes lors de l'agrément afin de leur proposer un diagnostic complet. Elle a également consacré, comme une nécessité, la contractualisation entre production et négoce. Une nécessité pour éviter l'inquiétude connue en 2001, lorsque les maisons saumuroises avaient annoncé une baisse de leurs achats de 20 000 hl. Cette année, cela devrait mieux se passer. D'abord parce que les stocks des maisons ont baissé, et que l'exportation des vins effervescents d'Anjou-Saumur a progressé de 21,8 % en volume et 16,2 % en valeur, sur les huit premiers mois de 2002.
' Cela se passera d'autant mieux que les rendements ont baissé de 15 à 20 % en 2002, estime Guillaume Roussy, vice-président du Syndicat des producteurs de saumur brut. Avec une récolte de 45 000 hl alors que les maisons prévoient d'acheter environ 53 000 hl, le marché va mieux. ' Mais il regrette que la production de raisins, de moûts et de vin de base pour le saumur brut décline. 936 ha y étaient consacrés en 2001, contre 800 ha cette année. Des vignes ont été affectées aux vins de pays. D'autres ont été arrachées pour être replantées en cabernet franc. ' Pourtant, sur les 3 ou 4 milliards de bouteilles de vins effervescents vendues dans le monde, il n'est pas illusoire qu'il soit commercialisé 15 millions de cols de saumur brut, contre 10 aujourd'hui. '
Pour y parvenir, Guillaume Roussy souhaite augmenter l'effort de communication. ' Il faudrait surtout que les maisons saumuroises s'investissent plus. Elles sont aux mains de grands groupes, dont on peut se demander s'ils s'intéressent vraiment à la région... ' Taittinger pour Bouvet-Ladubay, Bacardi pour Veuve-Amiot et Henkell et Söhnlein pour Gratien Meyer. Seules exceptions, Ackerman-Laurance, marques de Rémy-Pannier rachetées l'an dernier par Alliance Loire, le regroupement de sept caves coopératives. Alors que Rémy-Pannier enregistrait un déficit de 4 Meuros en 2001, le groupe promet un retour à l'équilibre en 2003 et n'inquiète plus la profession.
Reste le problème de l'Anjou blanc. ' La plus vaste des appellations puisqu'elle couvre soixante-dix communes, mais aussi celle qui a la moins grande notoriété ', estime Jo Pithon.

Au cours de l'année, les vignerons ont affiché leur volonté de progresser en votant une hausse du degré moyen de 9 à 10,5. Une mesure aussi envisagée dans l'appellation Saumur blanc.
Et surtout, 2002 a conforté la progression de ' Loire Renaissance ', le label créé en 2000 pour distinguer des blancs secs qui respectent une charte de qualité : rendements faibles, vendange manuelle par tries, degré minimal de 12,5, élevage sur lies en fûts pendant dix-huit mois... Les dix producteurs engagés initialement dans cette démarche sont maintenant cinquante en Anjou, rejoints cette année par la cave coopérative de Saint-Cyr qui a vendangé 500 hl de saumur blanc estampillé ' Loire Renaissance '. Savennières pourrait les rejoindre en 2003. ' C'était au départ une démarche privée , explique Jo Pithon. Mais ce serait bien qu'elle s'intègre aux AOC comme une sorte de tastevinage. '
Le président des anjous blancs espère ainsi communiquer sur un produit de qualité. Il aura l'occasion de le faire lors du Mondial du chenin qui sera organisé, pour la première fois, à Fontevraud en 2003. Après avoir abandonné l'idée de faire des vins secs dans les appellations Coteaux du Layon et de l'Aubance, les anjous blancs réfléchissent à la création de l'Anjou villages blanc. Les Angevins sont bien décidés à faire oublier le pire chenin pour ne garder que le meilleur...

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