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Tout l'intérêt de l'adresse électronique et de la recherche d'information

La vigne - n°129 - février 2002 - page 0

Les vignerons sont encore peu nombreux à être équipés d'internet. Une utilisation basique de l'outil, avec l'e-mail et l'accès à la toile, présente pourtant bien des avantages... à condition de posséder un ordinateur.

'Je ne possède pas d'ordinateur, assène d'un ton fier Marie-José Degas, qui exploite 70 ha en Bordeaux et Graves-de-Vayres, et emploie dix personnes. Je mémorise mieux mes sorties de vin sur mon cahier ! Un ordinateur, qu'est-ce que cela va m'apporter ? De toute façon, j'appuirai sur la mauvaise touche : pourquoi les lettres du clavier ne sont-elles pas en rangs d'oignon ? Et puis, il faut attendre un temps fou pour avoir une facture... Moi, j'ai ce que je veux, où je veux, quand je veux. Je suis fidèle à mes fournisseurs, donc je n'ai besoin de rien. Certes, je me sens anormale, mais fière de l'être . ' Tout en précisant : ' J'ai 66 ans, mais je ne suis pas vieux jeu ! ' Elle finit par concéder : ' Il va falloir que je m'y mette... '
Ils sont nombreux les vignerons qui n'ont pas encore franchi le pas. C'est avant tout une question d'équipement : accéder à internet et avoir un e-mail (adresse électronique) nécessitent l'achat d'un ordinateur et obligent à passer la porte de l'informatique. C'est surtout une question de génération : ' Mes parents partent à la retraite et n'ont pas cherché, jusqu'ici, à s'équiper en informatique, ni en fax d'ailleurs , explique Jean-Jacques Papiau, 35 ans, propriétaire de 15 ha en Anjou villages Brissac et en coteaux du Layon (Maine-et-Loire). Maintenant que je reprends l'exploitation, avec ma compagne, nous allons acheter un ordinateur et un fax, mais je ne sais pas trop ce que cela va m'apporter. Je n'ai pas d'ouvrier. Je dois être à la vigne et au chai, c'est prioritaire. Je me sens en décalage, mais ce n'est pas non plus la peine de voir trop loin. '

Internet fait peur. Trop de propositions, trop d'engouement, ' peur d'être mal renseigné et de se faire avoir '.
Pour la plupart, c'est aussi une question de temps. Anne-Marie Barrère, 52 ans et propriétaire à Jurançon (16 ha et quatre permanents), possède un e-mail, mais avoue avoir d'autres préoccupations : ' On va au plus pressé. Pour l'instant, je me forme au traitement de texte. Chaque chose en son temps. Et puis, le passage à l'euro et aux 35 heures, cela suffit. Je n'ai pas envie de faire d'autres efforts... '
Pourtant, l'e-mail et l'accès à internet peuvent faire gagner beaucoup de temps, une fois que l'on est équipé, que l'on accepte d'apprivoiser la souris, de se plier aux règles du clavier azerty. L'adresse électronique permet de communiquer beaucoup plus vite et à moindre coût, surtout avec l'étranger. Cela ne coûte qu'une communication locale, quel que soit le pays où l'on expédie un message. Sans oublier que l'on peut en dire dix fois plus qu'au téléphone, et accompagner (télécharger) ce message de fichiers, de tarifs ou de photos, pour le prix d'une communication téléphonique locale ! C'est une révolution : votre client situé à 8 000 km reçoit en moins d'une minute des documents qui auraient pris du temps et de l'argent pour être acheminés à bon port. L'e-mail peut éviter le passage à la poste et ses retards. En outre, il n'engage à rien et ne nécessite aucun investissement, comparativement à un site par exemple.
Au domaine du Mas Pignou (35 ha en Gaillac), Bernard Auque, 36 ans, possède un ordinateur depuis douze ans et un e-mail depuis quatre ans. Sans être un fan de l'informatique, il apprécie beaucoup le fait de communiquer en temps réel avec son imprimeur, qui lui envoie son projet d'étiquette par voie électronique. ' C'est mieux que le fax, car on a la couleur en plus. ' Il garde pourtant précieusement son fax : ' Une révolution, car il a permis à un étourdi comme moi de laisser des traces écrites. De plus, un fax 'tombe' tout seul, tandis que je n'ouvre pas mon ordinateur tous les jours. ' Pour Fabrice Pouillon, 25 ans, vigneron en Champagne (6,5 ha), c'est un gain de temps administratif : ' Je suis dans mes vignes aux heures de bureau. Alors j'envoie mes mails le soir, au lieu d'appeler mes correspondants. '

Christian Roux, 49 ans, PDG de la SA familiale domaine Roux père et fils à Saint-Aubin (quarante employés, Gironde), voit dans l'e-mail de nombreux avantages : ' Un gain de temps phénoménal. On peut utiliser un appareil numérique pour envoyer des informations visuelles en temps réel, transférer des fichiers dans le cadre de relations avec des juristes ou des consultants, gérer deux domaines à distance en envoyant des données internes, gérer les informations entre notre bureau, qui est dans le village, et le chai de production et d'expédition situé à 1 km... '
Mais la médaille a son revers : ' Plus on l'utilise, plus on est inondé de publicité, davantage que par courrier. ' Et qui dit transmission rapide d'informations dit aussi transmission rapide des virus... Il faut être équipé d'un antivirus.
L'accès à internet, c'est aussi l'ouverture à une mine inestimable d'informations. Le problème, c'est qu'il faut du temps et de la patience. A la question : ' Quel genre de site aimeriez-vous pouvoir consulter ? ', Bernard Auque répond : ' Un site qui m'offrirait plus de temps libre ! ' On peut toujours rêver ! Certes, la profusion d'informations peut donner le vertige. Mais si l'on va droit au but, il y a moyen de ne pas se perdre. Par exemple, pour consulter ses comptes, imprimer les relevés et faire des virements, Bernard Auque passe par le site de sa banque et a délaissé le Minitel, ' moins convivial '. Marion Henry, au château Jolys à Jurançon (Pyrénées-Atlantiques), fait maintenant ses courses ménagères via le net et en est satisfaite. On peut également accéder à la météo, dégoter les derniers décrets du Journal officiel, se connecter à des sites fort bien faits.
Pour Christian Roux, cette manière rapide de s'informer doit entrer dans les habitudes des uns et des autres : ' Je me suis fait violence moi-même, car je ne voulais pas me faire larguer... ' Chez les Roux, l'investissement est certes très important (76224 euros, soit 500 000 F au départ, puis 15 245 euros, soit 100 000 F tous les ans), mais ' l'avenir passe par ces évolutions, c'est un nouveau mode d'organisation '.
Mais un investissement classique aujourd'hui de 1 829 à 2 287 euros (12 000 à 15 000 F) suffit pour être opérationnel (ordinateur, imprimante, e-mail, accès internet...).


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