Luxembourg, un marché à haute valeur ajoutée

Bien malin qui irait imaginer que le Luxembourg est le siège des plus fortes ventes de vin par habitant au monde, avec 63,5 l/an, soit 276 500 hl couverts pour plus des deux tiers par les vins étrangers, auxquels il faut ajouter près de 40 000 hl de réexportations, surtout des mousseux, vers la Belgique.
Cela dit, une forte proportion des achats (10 à 20 % pour le vin et 30 % pour les alcools) est le fait de frontaliers allemands et belges, attirés par un taux d'accises de zéro.
Par ailleurs, les institutions européennes et les banques attirent de nombreux hommes d'affaires, faisant de l'hôtellerie-restauration un débouché important.
Munhowen, le premier importateur du pays, y réalise 70 % de son chiffre d'affaires (environ 600 000 euros, 4 MF). ' Au niveau national, ce créneau représente 25 % des ventes ', avance Florence Henry, responsable marketing chez le négociant Bernard-Massard, l'un des poids lourds de la filière du vin. Au Luxembourg, de nombreuses grandes surfaces importent aussi en direct.
Les vins français représentent encore un tiers des importations, mais on constate un effritement, la concurrence s'exacerbe. ' En restauration, on note une baisse de consommation des vins dans la tranche 60-75 euros (394-492 F), désormais jugés chers. Les clients recherchent davantage de bons rapports qualité-prix. On voit ainsi le développement de marchés de niche liés à l'ouverture de petits cavistes ', indique un opérateur. Les côtes du Rhône, le Sud-Ouest et les pays méditerranéens profitent de cette évolution. ' Notre population compte 40 % d'immigrés, espagnols et portugais notamment, qui ont amenés leur culture du vin avec eux . '
La présence de 6 000 fonctionnaires européens et les promotions des hypermarchés facilitent-elles la pénétration des vins du Nouveau Monde, comme s'en plaignent les vignerons luxembourgeois ? Les chiffres ne le prouvent pas, mais certains ont leur importateur exclusif en Belgique et apparaissent donc comme originaire de ce pays...(1).

Cependant, chez Bernard-Massard, les vins chiliens figurent au second rang des ventes, derrière les vins français : ' Encore difficiles à vendre il y a quelques années, ces vins ont fait une percée incontestable . ' Pour d'autres, ' il ne s'agit que d'un phénomène de mode. Dans les années à venir, les plus gros concurrents des vins français seront toujours les vins espagnols et italiens. ' C'est ce que l'on disait en Angleterre il y a quelques années...