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Merck, un labo de poche

La vigne - n°131 - avril 2002 - page 0

Avec cet appareil, Merck promet de mesurer simplement plusieurs constituants des vins.

Présenté au mois de mai dernier au salon Intervitis, en Allemagne, le Réflectomètre de Merck (Fontenay-sous-bois, Val-de-Marne) avait suscité un vif intérêt. Cet appareil semblait mesurer de manière simple, rapide et économique une quantité de paramètres. Apparemment, il suffisait d'y introduire, après un temps de révélation, une languette imbibée d'un vin et on avait fait un dosage ! A l'usage, les choses se révèlent un peu plus compliquées. L'ICV (Institut coopératif du vin) l'a constaté dans son laboratoire de Trèbes (Aude). Il a vu que le nouvel instrument permet de suivre les malos, ce que Dujardin-Salleron (Arcueil, Val-de-Marne) a également constaté. Lorsqu'on soupçonne un démarrage, on prend une bandelette de détection de l'acide lactique. Lorsqu'on entrevoit un achèvement, on utilise un test pour l'acide malique. Il indique un résultat aussi net et le délivre plus vite qu'une chromatographie. Cinq minutes après l'avoir humecté, on le glisse dans le lecteur optique du Réflectomètre et on sait s'il reste ou non de l'acide malique. Mais ' c'est pile cinq minutes ', prévient Marc Samirant, responsable qualité de l'ICV. Quelques secondes de trop et c'est faussé !

Quelques gouttes de trop mènent tout aussi droit à l'erreur. Le test ne porte pas directement sur le vin, mais sur une dilution de 1 ml dans 100 ml d'eau distillée. On ne peut donc pas aller de cuve en cuve, le Réflectomètre à la main. Il faut prélever, puis amener les vins dans un endroit où réaliser les dilutions, opérations que l'on peut faire avec un kit de Merck. La mesure du pH est moins délicate : on trempe directement une bandelette dans le vin. Elle est aussi moins chère. Alors qu'une pochette de 50 tests d'acide malique vaut 69,52 euros (456 F), la même quantité de bandelettes à pH ne coûte que 30,03 euros (197 F). Tous les tests se situent à l'intérieur de cette fourchette de prix. Ils sont nombreux. Outre ceux déjà cités, il y a les acides ascorbique, tartrique et totale, le fer, le glucose, le SO 2 libre, le SO2 total des vins blancs et, à partir de mai, les sucres réducteurs totaux. Quant à l'appareil, il vaut 510,70 euros (3 350 F). Il donne le pH avec un chiffre après la virgule, et non deux comme les laboratoires d'oenologie. Selon l'ICV, sa précision est de 0,1 à 0,2 unité. Pour une indication de terrain, ça va.
Avec le SO 2 libre, rien ne va plus. Marc Samirant juge la mesure trop imprécise et d'autant plus erronée que la concentration est élevée. Il pense avoir eu affaire à un lot de bandelettes défectueux. Pour en avoir le coeur net, il envisage de faire une nouvelle série d'essais.
De son côté, Merck est persuadée de l'efficacité de ses tests SO 2. Dujardin-Salleron l'est également. Ce spécialiste de l'analyse des vins a éprouvé le Réflectomètre avant de le référencer. Selon lui, il donne des valeurs de SO 2 libre différentes de +/- 5 mg/l de celles obtenues par la méthode de Rippert, d'usage courant. Il trouve ces écarts acceptables. ' Compte tenu de la marge d'erreur de la méthode officielle (+/- 9 mg/l), on ne peut pas dire que c'est important. Pour une estimation, c'est bien. ' Dujardin-Salleron précise qu'il est essentiel de respecter à la lettre le protocole de Merck qui suppose d'exposer, pendant 5 min, une bandelette aux vapeurs de SO 2 que dégage 1 ml de vin. Cela exige du soin et du doigté. On ne tirera le meilleur du Réflectomètre qu'à cette condition.

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