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Apporter sa vendange à la coopérative ou à un vendangeoir

La vigne - n°131 - avril 2002 - page 0

Parce que l'on peut être un bon producteur de raisins et un piètre vinificateur, certains choisissent de se concentrer sur la vigne et livrent leur récolte.

Pour s'en sortir, un vigneron doit être un bon producteur de raisin, un fin vinificateur et un excellent commercial. Pas facile d'être tout cela à la fois.
Certains préfèrent se concentrer sur la vigne et deviennent des apporteurs de raisins. Suivant les opportunités locales, ils rallient la cave coopérative ou contractent auprès d'un vendangeoir. Comme la concurrence devient de plus en plus dure et les contraintes (administratives, réglementaires, environnementales...) de plus en plus importantes, il y a fort à parier que le phénomène prenne de l'ampleur dans la décennie à venir.

Témoin de cette tendance : l'ouverture récente ou à venir d'unités de vinification. En Bourgogne, le groupe Boisset en projette une à Nuits-Saint-Georges (Côte-d'or). Dans le Bordelais, la maison Dulong a inauguré un site à Saint-Savin (Gironde). Castel a racheté un centre à Béziers (Hérault), en a créé un à Monein (Pyrenées-Atlantiques) et vient d'en ouvrir un autre à Vidauban (Var).
' L'évolution correspond à une demande du négoce, soucieux de s'assurer un approvisionnement le plus en amont. Mais elle intéresse une partie de la production qui n'a pas toujours la capacité d'investissement, ni les moyens humains pour vinifier dans des conditions optimales... ', explique Noël Bougrier, négociant dans le Loir-et-Cher, propriétaire de deux unités de vinification, l'une en Touraine, l'autre en Anjou.
Pour les vignerons, il n'est pas facile de franchir le pas. ' Il y a un problème de susceptibilité, note le technicien d'une maison bourguignonne. Certains ont le sentiment de devenir de simples apporteurs de matières premières. Il faut agir avec diplomatie... Travailler en partenariat... ' Même constat du côté des caves coopératives.
Laisser tomber la vinification nécessite une prise de conscience. Pascal Macé a rallié la coopérative de Brissac (Maine-et-Loire) en 1993, par ' souci de qualité pour ses rosés d'Anjou '. A l'époque, son chai n'était pas isolé. ' A partir du mois de mai, il y avait un risque de surchauffe pour les volumes qui n'avaient pas été retirés par le négoce ', raconte-t-il.

Lorsque la prise de conscience se fait attendre, les syndicats aident à la décision... ' Il nous arrive de conseiller l'apport à un vendangeoir ou à la coopérative. C'est, par exemple, le cas lorsque la personne est proche de l'âge de la retraite. On sait qu'elle ne va pas se lancer dans un plan d'investissement et s'endetter sur quinze ans ', explique une technicienne du Sud-Ouest.
Parfois, des instances professionnelles avancent même l'argent pour que le vigneron puisse acheter ses parts sociales et intégrer la coopérative. ' On privilégie la solution 'coopé' car elle a le mérite d'être définitive , confie un directeur de syndicat. A l'inverse, un vigneron aiguillé vers un vendangeoir peut travailler à nouveau seul l'année suivante... ' Ces préconisations ne sont pas toujours suivies d'effets... ' Une fois sur trois, on se fait envoyer sur les roses , raconte un responsable, mais au moins, on a rempli notre devoir de conseiller... '

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