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Même difficile à estimer, le rendement est sous surveillance

La vigne - n°132 - mai 2002 - page 0

Contrôler la production à la parcelle pour garantir la typicité et la qualité des vins, tel est l'objectif de cette réforme menée par le comité national de l'Inao. L'enjeu est considérable.

Après la réforme des agréments, voici celle des rendements. Pierre angulaire du métier de vigneron, à la fois parce qu'il est l'un des critères de qualité et qu'il conditionne son revenu, le rendement vit une révolution. A partir de la récolte 2003, voire de la récolte 2002 pour certaines AOC, des commissions passeront vérifier que la production potentielle de la parcelle examinée ne dépasse pas le rendement agronomique maximal autorisé, fixé en nombre de grappes par hectare ou autres critères. En cas de dépassement avéré, la parcelle pourra être déclassée par l'Inao si le vigneron ne rectifie pas le tir.
L'objectif de cette réforme est de faire rentrer dans le rang les vignerons indélicats qui profitent de la notoriété de leur AOC sans en accepter les contraintes. Elle vise ceux qui effectuent des transferts entre parcelles, l'une produisant 20 hl quand l'autre en produit 80 pour atteindre une moyenne de 50 hl/ha. Elle vise également ceux qui flirtent avec les bonnes pratiques et qu'un petit coup de pouce à la fois pédagogique et dissuasif pourrait faire définitivement basculer dans le bon sens. Enfin, cette réforme vise à mobiliser les syndicats d'AOC sur leurs fonds de commerce, à savoir la défense qualitative de leur appellation. C'est à eux de fixer le seuil au-delà duquel la production potentielle d'une parcelle sera inacceptable. Elle oblige également les vignerons à se rassembler et à réfléchir ensemble. ' Dans les années 70-80, on apprenait dans les écoles d'ingénieur que l'on pouvait tout régler par l'oenologie, explique Jules Tourmeau, délégué national à l'Inao, en charge de ce dossier. L'intérêt pour la matière première était mineur. Par cette réforme, on réaffirme que le vin est une production agricole et non pas industrielle. Les vins ne peuvent avoir de typicité qu'avec de beaux raisins . '

Il n'existait pas encore de texte pour cadrer les dérapages. C'est maintenant chose faite, mais la rédaction finale du projet de décret s'est effectuée dans la douleur. L'objet du débat : l'instauration d'un nouveau rendement à ne pas dépasser - le rendement agronomique maximal ou RAM - créé pour que la profession se dote d'armes juridiques en cas de contestation. La mouvance minoritaire estimait qu'il n'était pas utile d'être si démonstratif dans la répression, et que ce RAM ne se justifiait pas juridiquement.
Maintenant que le nouveau décret, adopté par l'Inao en février, est en passe d'être publié au Journal officiel, le plus dur reste à faire : la transformation sur le terrain. Il incombe aux syndicats d'expliquer sereinement les objectifs de la réforme et aux agents de l'Inao de rassurer les vignerons sur le danger d'une chasse aux sorcières menée sans discernement. Dans un climat d'exaspération face aux lourdeurs administratives, le risque d'une mauvaise interprétation existe, probablement plus que ne veut l'admettre le comité national de l'Inao... Le rendement n'étant pas le seul critère influant sur la qualité du raisin, cette réforme n'est sans doute qu'un premier pas vers l'indication plus précise d'autres critères de conditions de production, comme la densité de plantation, les clones et les porte-greffes, la fumure, ou encore les pratiques culturales.








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