Le nouveau système d'agrément des vins demanderait au vigneron de certifier qu'il a produit son vin en conformité avec les conditions de production de l'appellation. Le contrôle dans les vignes revient à l'ordre du jour à l'Inao.
Tandis que la réforme des agréments est en voie de finalisation par l'Inao, la question du respect des conditions de production stipulées dans les décrets d'appellations est en passe de redevenir incontournable dans l'obtention de l'appellation. Ce maillon faible dans le système des appellations n'est pas imputable à un manque de moyens mais plutôt à un ' oubli ' de la part des professionnels. On se ' contentait ' souvent de juger le produit final en admettant que sa typicité était gage du respect des conditions de production. Certaines appellations ont déjà mis en place leur propre commission de contrôle, et ce, avec l'appui de l'Inao. Certaines ont même envisagé un système d'agrément des vignes.Le contrôle se fait en plusieurs étapes : la taille, le rendement et l'éclaircissage. A Bonnezeaux (Val de Loire), ces trois points font l'objet d'inspections. Chez les voisins, dans les coteaux du Layon-Chaume, les deux passages estivaux sont effectués. ' La commission taille n'a plus lieu car son action pédagogique a porté ses fruits ', explique Claude Branchereau, président du syndicat. A Madiran (Sud-Ouest), on se penche sur les vignes après véraison pour le contrôle des rendements. Un professionnel remarque que ' le syndicat est propriétaire de l'appellation, c'est à lui de se positionner par rapport au respect des conditions de production, c'est donc à lui de prendre ses dispositions pour mettre en place une commission d'inspection. ' Mais un syndicat d'appellation n'a pas le pouvoir de déclasser une parcelle. Il y a donc une coopération entre le syndicat de l'appellation et l'Inao. L'Institut prend en compte les observations de ses agents ou celles de la commission du syndicat pour intervenir. ' L'inspection se fait de manière associée entre un inspecteur de l'Inao et des responsables de la commission ', explique Jacques Gauthier, à l'Inao de Bordeaux (Gironde). Dans certaines appellations, le syndicat est responsable des inspections, il doit les organiser et les financer. L'Inao formalise leurs conséquences. Dans d'autres, l'agent Inao passe seul dans les vignes, puis il amène la commission sur les parcelles à problème. Selon l'organisation, la commission passe dans les vignes sans prévenir ou s'annonce pour que le vigneron puisse y assister. Dans certains cas, les remarques se font oralement auprès du vigneron en infraction, ensuite, cela peut être formalisé par courrier. Le courrier de l'Inao explique avec pédagogie par exemple que ' la parcelle a été taillée trop long, il serait souhaitable de revoir la taille. La commission repassera à telle date pour vérifier que cela a été rectifié. ' ' Au départ, c'était l'Inao qui adressait une lettre recommandée pour signaler un non respect du décret, et la possibilité de déclasser une parcelle. Mais cela n'a pas été concluant ', constate Pascal Cellier, de l'Inao d'Angers. C'est aujourd'hui la commission qui s'adresse au vigneron. En effet, venant de la part de ses collègues et voisins, la remarque est plus facilement prise en considération. On parle de ' partenariat ', de ' suivi ' et de ' prise de conscience '. ' La finalité du contrôle n'est pas forcément la sanction, il y a les fraudes pour le faire ', conclut un agent à l'Inao. Des syndicats ont été confrontés à un problème de légitimation de ce procédé d'inspection. Les décrets d'appellation ne comportent pas d'article décrivant ces contrôles. C'est pourquoi ils envisagent d'y ajouter une clause les validant. ' Nous n'avons pas réellement besoin de ce texte, mais il aura le mérite de rendre l'ensemble plus clair et plus efficace ', note un professionnel. Plus cette action sera encadrée réglementairement, plus elle sera fiable. L'appellation Bonnezeaux est une des rares à avoir ajouté une clause à son décret, elle concerne les contrôles de la taille et des rendements sur pied, par exemple. De la même façon que pour le déroulement de la dégustation d'agrément, l'Inao devrait bientôt clarifier le contrôle des conditions de production. Comment ces inspections se déroulent, à quel moment, qui en est responsable, et comment se font les avertissements auprès du vigneron, seront autant de points arrêtés lors du prochain comité national en février. ' Nous recherchons une réponse cohérente, objective, applicable et efficace, déclare René Renou, président de l'Inao. Mais il faut un calage juridique de cette action. Ceci nécessiterait d'ailleurs de compléter certains décrets d'appellation. Des conditions horizontales de production telles que le bon état sanitaire et une limitation du nombre de manquants pourraient être ajoutées. Nous visons une harmonisation des conditions de production des appellations pour certains critères de base, chacune conservant ses spécificités. ' Un professionnel conclut : ' Si les conditions de production sont respectées, on pourrait même envisager, par échantillonnage, de n'effectuer la dégustation d'agrément que sur quelques vins de quelques vignerons d'une même appellation. '