ImprimerLe net recul d'activité sur le vrac pousse la profession à demander l'ouverture d'une distillation pour 100 000 hl.
L'expression ' victime de son succès ' prend tout son sens avec le beaujolais ! L'engouement du public pour le primeur, d'abord en France, ensuite à l'exportation, a phagocyté les vins non nouveaux. Pourtant, ces derniers représentent 45 % de la récolte des beaujolais (génériques et villages), auxquels s'ajoutent les crus (360 000 hl). Aujourd'hui, non seulement le phénomène de mode s'essouffle en France mais, en plus, les vins du Beaujolais sont de plus en plus assimilés aux primeurs. Ce constat à l'aval se traduit en amont par un net recul de l'activité globale, sur le moyen terme.
Sur le marché du vrac des trois derniers millésimes, on constate un retard dans les trois catégories d'appellation. Par rapport à mai 2000, le repli actuel est de 25 % pour le beaujolais, 12 % pour les villages et 21 % pour les crus. Pour ces derniers, la situation est contrastée : stable pour le brouilly, mais critique pour le chenas ou le chiroubles. En dépit d'un manque d'activité, les crus maintiennent leurs prix. Mais la crise est déclarée pour les beaujolais simples et les villages. ' Le marché est atone depuis la fin des primeurs ', explique un courtier. Au mois de mai, les affaires se sont faites autour de 228 euros/pièce (216 l) de beaujolais générique et de 268 euros, celle de villages. A titre de comparaison, ces mêmes produits s'échangeaient, en moyenne, à 358 euros et 389 euros, lors des achats de primeurs.
' Aujourd'hui, sur le générique, il reste au moins 20 000 hl de vieux millésimes, auxquels s'ajoutent environ 100 000 hl de millésime 2001 , commente un analyste. Pour les villages, les réserves sont évaluées à 50 000 hl . ' Ces volumes pèsent sur le marché et poussent la profession à demander une distillation de crise pour 100 000 hl. Conscients qu'une telle mesure impliquera une contrepartie, certains responsables de la production réfléchiraient déjà à une baisse ' conjoncturelle ' des rendements pour la vendange 2002. D'autres parlent de débouchés vers la vinaigrerie. De son côté, l'interprofession applique la loi... du silence.