Dans les régions, les syndicats viticoles, en partenariat avec les antennes de l'ANPE, s'impliquent dans l'organisation de l'accueil, du transport et de l'hébergement des vendangeurs.
Depuis plusieurs années, le recrutement des vendangeurs est difficile. Pourtant, les candidats ne manquent pas, malgré le recul du chômage. Encore faut-il amener l'offre et la demande à se rencontrer, en tenant compte des besoins de chacun. ' Grâce à la bourse des vendanges, nous avons retrouvé un confort de travail. Nous avons pu nous concentrer sur l'essentiel : cueillir les raisins au bon moment et faire notre vin, au lieu de courir après la main-d'oeuvre ', affirme Patrick Dejean, vigneron en Gironde et responsable de la gestion de cette bourse.
Mise en place en 2001 par l'Union des syndicats de liquoreux, la bourse des vendanges a pour but de faciliter les échanges de vendangeurs entre exploitations. ' Après chaque trie, nous marquons une pause. Fidéliser du personnel dans ces conditions n'est pas évident. En jouant sur l'étalement des dates chez les uns et les autres, nous offrons un mois et demi de travail en continu. Cela facilite le recrutement. '
En début de saison, les vignerons constituent leurs équipes. Ils transmettent ensuite, chaque jour, les effectifs dont ils ont besoin pour le lendemain au coordinateur de la bourse. Celui-ci réaffecte les personnes disponibles momentanément sur les propriétés recherchant des vendangeurs supplémentaires. La bourse loue également un camping municipal pour loger les travailleurs venus d'autres régions pour compléter la main-d'oeuvre locale. Le salaire du coordinateur est financé par les cotisations des adhérents, fixées à 76 euros par exploitation, le solde étant pris en charge par les syndicats. Les nuitées au camping sont facturées aux vignerons, qui peuvent choisir de les offrir ou non aux vendangeurs.
La formule, adaptée aux liquoreux, peut aussi intéresser les vignobles ayant une palette de cépages avec des maturités décalées. La réussite repose sur l'engagement des vignerons, qui doivent s'abstenir d'embaucher en dehors de la bourse, et sur les qualités du coordinateur. L'an dernier, ce dernier a géré la circulation de 500 vendangeurs travaillant chez 50 vignerons engagés dans la démarche !
Dans l'Aube (Champagne), le principal frein à l'embauche est d'ordre géographique, le vignoble se situant à plus de 50 km du bassin d'emploi de Troyes. Pour lever cet obstacle, les vignerons se sont organisés, il y a déjà vingt ans, avec l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) pour mettre en place des bus. ' Le premier a été affrété par un vigneron volontaire. Les voisins ont vu que cela fonctionnait et ils se sont lancés. Aujourd'hui, il y a dix-huit bus qui tournent chaque jour. Les chômeurs ne disposent pas tous d'un véhicule. La formule leur facilite l'accès à l'emploi sans impliquer d'hébergement, plus contraignant pour tout le monde ', explique Alain Valette, animateur de l'équipe viticole de l'ANPE de Troyes.
Les vignerons paient les bus et l'Agence s'engage à les remplir. ' Nous avons besoin d'une trentaine de personnes. Par nos contacts directs, nous en trouvons quinze à vingt. Les autres sont recrutés par l'ANPE et viennent tous les matins par un bus que nous avons affrété avec deux autres vignerons. Cela nous revient à 70 euros par vendangeur pour la saison ', précisent Monique et Pascal Leblond-Lenoir, vignerons à Buxeuil.
Le recrutement commence début août. ' Nous faxons aux vignerons intéressés des listes de candidats. Ils font leur choix et les contactent directement, puis nous faisons le point avec eux pour voir s'ils ont trouvé les personnes dont ils ont besoin ', précise Alain Valette. Pour tenir compte des désistements, mieux vaut prévoir quelques personnes en plus. ' Nous expliquons aux candidats les conditions de travail. Mais en parler dans un bureau et le vivre dans les vignes, ce n'est pas pareil. '
Pour faire un travail efficace, les agences doivent connaître à l'avance les besoins des vignerons. ' En 1997, j'ai fait appel à l'ANPE de Reims. Depuis, elle me sollicite tous les ans en juillet. J'indique mes besoins, puis je suis contacté par des candidats. Je n'ai plus qu'à faire mon choix pour constituer mon équipe. Bien sûr, il y a des aléas, mais c'est inévitable. S'il y a un désistement, je peux compter sur l'agence pour m'envoyer rapidement une autre personne ', témoigne Didier Zawada, vigneron dans la Marne.
Dans les régions où les syndicats se sont impliqués auprès des ANPE pour nouer des liens et mettre en place des structures temporaires spécifiques, la confiance s'est installée et le dispositif fonctionne plutôt bien.
Dans le Beaujolais, sur 40 000 vendangeurs embauchés annuellement, 16 000 l'ont été par l'ANPE en 2000. ' Depuis dix ans, nous finançons l'installation de deux centres d'accueil temporaire près des gares et nous embauchons deux personnes pour renforcer l'équipe de l'ANPE. Pour les vendangeurs qui arrivent sans point de chute, nous avons également prévu une tente où ils peuvent passer quelques nuits ', explique-t-on à l'Union des vignerons.
En Alsace, pour rapprocher l'ANPE des vignerons, le Point Alsace vendanges s'installe, chaque année, dans une annexe de la maison des vins de Colmar. Pour la récolte 2000, il a recruté 15 000 vendangeurs. ' Nous fournissons également à l'ANPE du personnel et des moyens techniques ; nous participons aux campagnes de presse, en prenant en charge la diffusion de messages sur les stations écoutées par les jeunes. Nous travaillons en partenariat. Les salariés de l'ANPE se sentent également concernés par la bonne marche des vendanges ', souligne-t-on à l'Association des viticulteurs d'Alsace (Ava).