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Se remettre en cause

La vigne - n°134 - juillet 2002 - page 0

Pour tenter de juguler la crise des VDT et VDP tout en gardant les droits de plantation, les coopératives demandent la mise en place d'un arrachage temporaire, qui ne pourra être accordé que par Bruxelles.

Changement de ton à la Confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF) à l'occasion de son trentième congrès, qui s'est tenu à Nîmes (Gard), du 25 au 27 juin. Poussé par l'enlisement de la crise des VDT et VDP et par les clignotants qui passent au rouge dans nombre de vignobles d'AOC, les discours et l'ambiance lors de ce congrès ont moins porté sur des revendications syndicales et politiques vis-à-vis des pouvoirs publics - même si, bien sûr, il y en a eu - que sur une remise en cause de certaines pratiques du monde coopératif lui-même. ' L'avenir dépend de notre capacité à nous remettre en cause. C'est la seule mécanique pour avancer ', a indiqué Jean Huillet, secrétaire général de la CCVF, faisant allusion à la segmentation de l'offre française - groupe de travail animé par Jacques Berthomeau -, mais aussi à la nécessaire contractualisation des coopératives avec les négociants ou à l'implication des coopérateurs dans leurs structures. ' Les aides financières doivent aller vers le coopérateur qui a un projet d'entreprise ; on ne plante pas un cépage parce que son voisin l'a fait, mais parce qu'on a un projet ! Avant de lancer un appel : Ayez des réunions dans chacune de vos caves au cours desquelles chaque producteur s'interrogera sur ce qu'il peut apporter à sa coopérative. Parlez-vous aussi entre coopératives, ne faites pas semblant d'être de faux concurrents. '
Un changement de ton confirmé par la mauvaise humeur du groupe des jeunes coopérateurs, dont le porte-parole n'a pas mâché ses mots, et ce sur plusieurs points, en conclusion des travaux. ' Nos propositions de communication pour faire évoluer la Fête de la vigne et du vin n'ont jamais été retenues ; les efforts pour conforter la fréquentation du salon Vignerons & terroirs n'ont pas été à la hauteur. Il est dommage d'être au bord du gouffre pour trouver ou rechercher des solutions. ' Avant d'ajouter en regardant une tribune où, effectivement, trônent les mêmes responsables depuis des années : ' Il est du devoir de tout administrateur, président et élu, d'essayer de pérenniser la coopérative et la filière (...). Seule la remise en cause permanente des hommes et des mandats permet d'oeuvrer pour cette fonction, et non pour sa 'personne'. '
Au niveau des mesures souhaitées, l'arrachage temporaire reste la priorité. Rappelons que si les neuf cent cinquante coopératives vinicoles vinifient la moitié des volumes de vin français, cette proportion se monte à près de 80 % dans le Languedoc-Roussillon, vignoble où sévit principalement la crise des VDT et VDP. Après l'échec de la reconversion progressive, les responsables voient dans l'arrachage temporaire, dont le dossier est à Bruxelles, un moyen de réduire les surfaces, tout en permettant au vigneron de toucher une somme et de garder les droits de plantation. Lors de ce congrès, une prise de position officielle contre l'arrachage définitif a été prise. Même si, dans les Pyrénées-Orientales, une telle pratique, qui existe déjà en Midi-Pyrénées, pourrait voir le jour prochainement à titre expérimental, la décision étant en suspens à l'Onivins. ' C'est un tabou qu'il faut faire tomber : sous condition (âge, cépages...), c'est une solution, même si nous ne la proposons pas de gaieté de coeur ', explique un responsable des Pyrénées-Orientales.

Deuxième point : il a été demandé de réfléchir au montage d'un plan social ' de sortie ' pour certains vignerons, comme cela se pratique dans l'industrie. ' Pour ceux qui sont sur le bord de la route, notamment âgés, on doit trouver un système alliant à la fois un départ en préretraite, une reprise de la propriété ou l'installation d'un jeune pour conserver le potentiel de production et la restructuration avec des cépages améliorateurs ', a-t-on expliqué.

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