La réglementation change. Les rendements des appellations sont exprimés en vins clairs et non plus en vins chargés de 2 % de lies.
Désormais, le rendement sera net de lies. Ceux qui ont le droit de produire 50 hl/ha pourront effectivement en commercialiser autant et non plus 49 comme c'était la règle. Le décret relatif aux conditions de production et aux rendements des vignobles produisant des vins d'appellation d'origine, paru le 6 novembre (n°2002-1325 du 5 novembre), instaure ce nouveau principe. Longtemps, ce changement est passé inaperçu. L'essentiel du nouveau dispositif réglementaire portant sur le contrôle des conditions de production à la parcelle, ce sont ces mesures-là qui ont retenu l'attention. Jusqu'à, présent, le volume déclaré par exploitation incluait 2 % de lies qu'il fallait détruire. De ce fait, seuls 98 % des volumes revendiqués étaient présentés à l'agrément. Ce système est supprimé. Le rendement est désormais défini sur du vin clair, hors lies et bourbes. Les lies seront donc déclarées à part, et en totalité, car elles peuvent dépasser le taux de 2 %. Dans ce cas, elles devront être livrées entièrement à la distillation.
' Cela a pour effet mécanique d'augmenter les volumes de 2 %. Sur certaines appellations, le surplus lié à cette disposition peut se révéler non négligeable ', indique un responsable professionnel.
Du côté des pouvoirs publics, on espère que cette ' prime ' à produire un peu plus incitera les viticulteurs à respecter les normes environnementales. En clair, ils demandent aux vignerons de cesser de jeter des lies dans les rivières ou dans les champs.
Certaines appellations entendent réajuster les conséquences du nouveau texte. ' Nous devrons vraisemblablement appliquer une baisse corrélative des rendements de nos appellations , signale-t-on à la Fédération des grands vins de Bordeaux. Cette année, ce ne sera pas nécessaire, car la récolte est déficitaire . ' Même discours dans les Côtes du Rhône. Dans les autres vignobles, la réflexion ne s'est pas encore engagée.
En attendant, ce nouveau dispositif a perturbé l'établissement des déclarations de récolte, dont la date butoir est fixée au 25 novembre. D'abord, parce que la publication du texte est intervenue très tard. Ensuite, parce que les déclarations de récolte ne comportent pas de ligne spécifique pour la déclaration des lies. Dans ce contexte, les douanes ont adressé aux syndicats d'appellation un modèle de déclaration à remplir pour cette année, les lies devant apparaître en ligne 5 (récolte totale) et en ligne 16 (quantité à détruire). L'ensemble des appellations ont décidé de suivre ces consignes, à l'exception des Côtes du Rhône. ' Par manque de temps ', explique-t-on dans ce vignoble. Aux douanes, Jean-Pierre Mazé, chef du bureau des contributions indirectes, fait valoir qu'il s'agit ' d'une année transitoire, pour les prochaines campagnes, nous allons mettre en place un document avec une ligne spécifique à la déclaration des lies '. A terme, il pourrait être également fixé des taux maximum et minimum de lies et de bourbes. Affaire à suivre.