Le négociant bordelais Ginestet s'est aidé d'un ' nez ' pour condenser, dans trois eaux de parfum, les senteurs du sauvignon, l'arôme d'un liquoreux et l'odeur des chais à barriques.
Après quelques pirouettes, Ginestet a créé Botrytis, Sauvignonne et Le Boisé, trois eaux de parfums inédites. Les deux premières, conditionnées dans des petits flacons-boules, sont destinées aux femmes. La dernière, aux notes de fût de chêne, remplit une petite bouteille bordelaise couchée dans une caisse en bois. Elle est réservée aux hommes.
' L'idée m'est venue au cours d'un voyage, raconte Christian Delpeuch, directeur général de Ginestet. Nous sommes toujours à la recherche de produits de bonne image pour communiquer sur Ginestet et ses crus. Je cherchais quelque chose de nouveau. Dans un avion, j'ai rencontré une jeune femme parfumeur. Elle évoquait ses parfums comme un oenologue parle de son vin. J'ai décidé de créer un parfum ressemblant à un vin. '
Trois ans de recherches ont été nécessaires pour y parvenir. Car faire un parfum relève du même art qu'élaborer un vin : il faut du nez, de la patience et un peu de génie. Il faut également un flacon, un nom, une étiquette, et puis des mots pour en parler...
Postulat de départ : ne travailler que sur des essences naturelles de haut de gamme, et ' faire de l'image ' en rapprochant les professionnels de deux métiers totalement différents. ' Quand on les regarde travailler, rapporte Christian Delpeuch, ils ont la même approche du produit, les mêmes mots. Les oenologues ont le même métier que les 'nez'. '
' Nous avons rencontré Gilles Tolédano, un 'nez' parisien, qui élabore de façon artisanale des petits tirages de parfum ', raconte Mireille Delpeuch, épouse du directeur général. Elle s'est prise de passion pour ce projet, bien qu'elle ne travaille pas chez Ginestet. Elle a été aidée par Hélène Desplat, l'oenologue de la maison. ' Pour Le Boisé, inspiré de l'élevage en fûts, nous avons travaillé sur le grillé, les épices et la vanille légère . ' Le ' nez ' est venu dans le chai à barriques pour s'imprégner des senteurs.
Sauvignonne, le blanc sec, très frais, aux odeurs de pamplemousse et à la robe paille claire, a été difficile à créer. Il a fallu beaucoup travailler pour trouver la couleur du sauvignon et encore davantage pour retrouver les senteurs de buis, caractéristiques de ce cépage. Un thésard de la faculté d'oenologie de Bordeaux a apporté son aide.
Botrytis, plus capiteux, est inspiré d'un château-de-malles 1990, un sauternes. C'est un parfum du soir, plus simple à élaborer, qui évoque le miel, le poivre, les épices, les fruits confits, le coing et l'opulente robe or de ce liquoreux.
Vendus 53 euros aux consommateurs, on les trouve en Gironde dans la boutique de Ginestet et dans la boutique d'artisanat d'art, doublée d'un bar à vins, que tient Mireille Delpeuch, à Latresne. Bientôt, ils pourraient être distribués dans les duty free et chez les bons cavistes.