En Gironde, le domaine Lagrange a abandonné le désherbage en plein depuis deux ans. Il fractionne le désherbage du rang et tond souvent l'interrang.
Il y a deux ans, Franck Peneau a opéré un virage à 180°. ' A l'époque, je dés- herbais tout en plein, explique le chef de culture du domaine de Lagrange, à Lussac (Gironde ). Je passais au printemps avec un mélange pré et postlevée : Compliss (diuron + terbuthylazine) et Buggy (glyphosate). Ensuite, je complétais en juillet, de nouveau avec un glyphosate sur les taches. Toutefois, mes plus gros soucis étant la maîtrise des rendements et l'écologie, j'ai décidé d'enherber en totalité 18,5 ha sur les 20 ha que compte l'exploitation. 3 ha ont été semés, 3 autres le seront au printemps prochain, le reste est enherbé naturellement . '
L'entretien de la bande enherbée de 90 cm se fait par tontes, mais comme les sols sont argileux et riches, ' il faut sept tontes par an, une au moins tous les dix jours. Or, une tonte représente quatre jours de huit heures de travail, soit un mi-temps. En 2002, cela n'a pas posé de problèmes, mais lors d'années à forte pression phytosanitaire, les traitements se bousculent et je risque d'avoir des soucis de gestion du personnel . ' Pour entretenir le gazon, il a investi dans une gyrotondeuse (915 euros). Selon lui, le plus cher, c'est le gasoil, l'usure du matériel et la main-d'oeuvre.
Pour l'entretien du rang, il modifie petit à petit ses pratiques. Au départ, il faisait les mêmes programmes qu'en plein en ajustant les doses sous le rang, le choix du produit étant raisonné selon la flore. Mais en 2001, il s'est aperçu qu'en fractionnant sous le rang, il obtenait de meilleurs résultats, tout en diminuant encore les intrants. Il envisage donc de généraliser cette pratique sur toute l'exploitation. ' Avec une seule application au printemps, les parcelles décrochent en juillet et il faut repasser sur les taches. Grâce au fractionnement, elles restent propres toute l'année . ' Comment procède-t-il ? Il commence par appliquer au printemps un produit à base de glyphosate, associé à une dose de prélevée divisée par trois par rapport à la dose appliquée sous le rang. Un mois et demi après, il effectue un deuxième passage au moment de l'épamprage, où il applique le deuxième tiers du produit racinaire. Dans les parcelles nécessitant un épamprage chimique, il l'associe à un diquat + paraquat (Gramoxone plus). Dans les parcelles aux terres riches, un troisième passage est nécessaire avec le dernier tiers du racinaire.
Pour orienter la pulvérisation uniquement sous le rang, il utilise des buses à angle droit. Pour la prochaine campagne, il envisage d'abandonner les produits de prélevée. ' J'espère ne plus faire que de la postlevée fractionnée ', conclut Franck Peneau.