Le bouchon en liège est le premier responsable des défauts décelés lors du suivi en aval de la qualité, donnant la possibilité à des solutions alternatives de se développer.
Entre 5 et 8 % des bouteilles distribuées sur le marché français seraient bouchonnées, selon un document interne de l'Onivins. Inter Rhône, le CIVC et l'UIVB ont présenté à l'office, le 19 novembre dernier, les résultats de leurs opérations de suivi en aval de la qualité (SAQ). La plupart des régions viticoles confirment cette fourchette, n'en déplaise aux bouchonniers qui avancent 2 à 3 % maximum. Ces derniers s'appuient notamment sur une enquête menée en partenariat avec l'Union des oenologues de France, lors de concours. La Fédération française des syndicats du liège se réfère aussi aux résultats de l'Association des vins et spiritueux du Royaume-Uni qui, en 2002, n'annonçait pas plus de 0,7 à 1,2 % de goûts de moisi dans les vins. Pourtant, la fréquence d'apparition de ce défaut, aux Etats-Unis ou en Australie par exemple, corrobore les chiffres des interprofessions françaises : elle se situe entre 8 et 10 %.
' Depuis la mise en place du SAQ, la part relative des goûts de moisi est en augmentation ', souligne Christophe Riou, de l'Institut rhodanien. Dans 70 à 80 % des cas, la présence de trichloroanisoles (TCA) est avérée. La responsabilité du bouchon tend d'ailleurs à augmenter, selon Christophe Riou, qui souligne les efforts accomplis dans les chais.
Autre constat : les produits d'entrée de gamme, fermés avec des systèmes à bas prix, ne sont pas les seuls concernés, le problème touchant aussi ' des vins haut de gamme présentés en concours ', précise l'Onivins. Les agglomérés restent les principaux fauteurs de trouble, mais les colmatés, les naturels et les techniques sont également défaillants.
Le goût de moisi n'est pas le seul reproche fait au bouchage. Il peut aussi être la cause d'une oxydation ou d'une évolution trop rapide. Toujours selon les résultats du SAQ, les bouchons seraient responsables de 15 à 20 % des défauts constatés.
Le problème prend une telle ampleur que les études comparatives se sont récemment multipliées, tant pour évaluer les systèmes existants que les alternatives offertes aux utilisateurs. Dans les régions, les laboratoires oenologiques s'équipent pour le contrôle de la qualité des bouchons et l'analyse des TCA. Les chartes et autres cahiers des charges fleurissent un peu partout. Les interprofessions mettent ou vont mettre en place des études complémentaires sur les défauts relevés en SAQ, pour identifier plus précisément les types de bouchons à incriminer. Tendant à suivre le mouvement, les bouchonniers lancent leur ' recette miracle ' et individuelle pour éradiquer les TCA dans leurs bouchons.
Mais les études comparatives confortent les utilisateurs dans leurs appréhensions vis-à-vis du liège.
Par la même occasion, elles profitent aux solutions dites alternatives, qui saisissent l'occasion de se tailler la part du lion dans un marché en pleine expectative.
Un vent de révolution souffle dans les vignobles. Les bouchons synthétiques, d'un aspect proche du liège, séduisent les marchés traditionnels. Les pays nouveaux consommateurs, plus pragmatiques, ne voient pas d'inconvénient à utiliser un système à l'image plus agroalimentaire, comme la capsule à vis. Le liège a du souci à se faire.