Grâce aux buses antidérive, on évite les embruns. Il n'est plus nécessaire de monter des caches sur les rampes de désherbage. Des montages très simples et polyvalents font l'affaire.
L'enherbement est de plus en plus pratiqué en viticulture. Mais si l'interrang est enherbé, le viticulteur désherbe généralement sous le rang, soit mécaniquement, soit thermi- quement, soit chimiquement. Dans ce dernier cas, il est nécessaire d'avoir un matériel adapté : buses et rampes doivent être positionnées de manière à n'appliquer l'herbicide que sous le rang, c'est-à-dire sur une largeur d'environ 40 cm : 10 cm pour le pied, plus 15 cm de part et d'autre.
Pour réaliser ce travail, deux familles de rampes de dés- herbage existent : avec caches et sans cache. Les appareils à caches, fabriqués par les constructeurs tels que Radet, Balligand ou Undavina, ne sont pas toujours bien adaptés. Sébastien Debuisson, du CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne) témoigne : ' La largeur de couverture de ce type d'appareil est équivalente à un désherbage en plein dans nos vignes à faible écartement, et ce système est surtout intéressant en post-levée. Car l'herbicide qui ruisselle sur les caches va se déposer sur les ceps de vigne. ' Si c'est un prélevée, il risque d'être absorbé par les racines. Laurent Camut, de l'Institut technique du vin de Montpellier, partage cette analyse : ' Les caches sont bien, surtout pour les systémiques, type glyphosate, et pour les contacts . ' Enfin, ils sont relativement onéreux.
Les appareils sans cache n'existent pas dans le commerce, mais sont généralement mieux adaptés. Ils se sont développés récemment grâce à la nouvelle génération de buses qui ne font que peu d'embruns. Ces buses antidérive remplissent le même rôle que les caches, sans provoquer de ruissellement d'herbicide. Sébastien Debuisson préconise de les monter sur un système en T inversé. ' Le matériel sans cache est beaucoup moins cher : les viticulteurs peuvent le bricoler eux-mêmes ou le faire faire chez leur concessionnaire , témoigne-t-il. De plus, il est polyvalent, car il est utilisable aussi bien en prélevée qu'en postlevée. '
Pour réaliser ce montage, il suffit de se munir de tuyauterie porte-buses et de buses. La tuyauterie doit être réglable en hauteur et en largeur, pour s'adapter facilement à tout type de désherbage (sous le rang, en plein ou dans l'interrang), et à l'écartement entre les rangs. En Champagne, le système peut couvrir entre deux et quatre rangs pour un enjambeur deux rangs, et entre trois et cinq rangs pour un trois roues. Avec un tracteur interligne, on peut traiter un à trois rangs par passage. Chaque rang doit recevoir le passage de deux buses à jet excentré antidérive : étant donné que la courbe de répartition de l'herbicide est en forme de cloche, il est nécessaire d'avoir un recouvrement. Il faut donc une buse de chaque côté du rang ou faire un aller-retour si l'on n'a qu'une buse.
Le montage en T inversé peut être effectué à l'avant et à l'arrière du tracteur, entre les roues avant et arrière. ' A l'avant, ce n'est pas forcément bien, car le système oscille et n'est donc pas précis. A l'arrière, on ne voit pas ce que l'on fait. Placer le système entre les roues avant et arrière semble être le meilleur compromis, puisque cela permet de voir ce que l'on fait, tout en ayant une bonne précision ', analyse Sébastien Debuisson. De même, pour un tracteur interligne, le meilleur positionnement est entre les roues.
Ce système en T inversé sans cache ne peut fonctionner que grâce à des buses à injection d'air qui évitent la formation d'embruns. Elles fonctionnent suivant le principe venturi : l'herbicide est mélangé à l'intérieur des buses avec de l'air aspiré à l'extérieur, ce qui produit de grosses gouttes chargées de bulles, qui résistent bien à la dérive et explosent au contact de la plante ou du sol. De plus, les buses doivent être à jet excentré. A cet effet, elles possèdent une fente spéciale qui décale le jet et modifie la largeur de travail. Ce type de buses forme un angle compris entre 80 et 85° : 10-15° d'un côté et 70° de l'autre.
Teejet, à Orléans (Loiret), possède une gamme répondant à ces critères : les AI-UB, ou buses excentrées à induction d'air, antidérive, utilisables à partir de 2 bars et avec un angle de pulvérisation de 85°. Chez Albuz, à Vincennes (Val-de-Marne), les buses permettant de traiter sous le rang sont les AVI-OC, ou buses de bout de rampe à jet plat et à aspiration d'air. Elles fonctionnent pour des pressions variant entre 3 et 7 bars, et pulvérisent la bouillie avec un angle de 80°. La distance optimale entre la buse et le sol est de 30 cm. Enfin, chez Lechler, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), les buses à injection d'air à jet oblique IS sont particulièrement adaptées au désherbage sous le rang en viticulture. Elles forment un angle de 80°, et fonctionnent pour des pressions de 3 à 8 bars. Situées à 50 cm du sol, elles projettent l'herbicide sur une largeur de 90 cm. Pour une plus faible largeur de dispersion, il faut donc baisser les buses.
' Ce système de désherbage sous le rang est bon marché, puisque pour un rang, cela revient à 100-150 euros ', estime Sébastien Debuisson. De plus, avec le T inversé, la vitesse de pulvérisation est de 4-6 km/h, contre 2,5-3 km/h avec des caches, ce qui permet de gagner du temps. Avec ce matériel de pulvérisation, on gagne donc en temps et en précision.