Début mars, près de 200 collectionneurs sont venus de France et d'Europe, à Beaune, échanger leurs étiquettes, à l'invitation de l'association de collectionneurs Bourgogne oenographilie.
Euro Etiq'Vin, la rencontre européenne du vin, s'est tenue les 7, 8 et 9 mars 2003, à Beaune. Près de 200 collectionneurs sont venus de France et d'Europe. Organisé par l'association Bourgogne oenographilie, l'événement présentait deux facettes : une exposition et des échanges.
Dans la chapelle Saint-Etienne, près de 5 000 étiquettes de tous pays, tous millésimes et tous thèmes étaient exposées, ' un moyen de montrer à nos vignerons l'importance de l'habillage ', souligne Jean-Pierre Perot, président de l'association.
Dans la salle de l'Hôtel de Ville, les contacts vont bon train. Chacun s'installe, déballe ses sacs de voyage, ses valises à roulettes qui regorgent de trésors à échanger. Chacun déambule dans la pièce, s'arrête, consulte d'innombrables classeurs, fouille dans des pochettes cartonnées, se laisse dire qu'un tel possède ' celle-là ' et explique qu'il aimerait bien trouver ' celle-ci '. Ici, on ne vend pas, on n'achète pas : on échange. C'est la règle d'or de ce petit monde de passionnés. ' Il n'y a pas de valeur marchande, c'est très important ', affirme Annie Philippe qui déclare la bagatelle de 400 000 étiquettes classées. ' C'est véritablement un hobby, une passion. On ne peut pas les vendre ', confirme Claudia Muret, présidente de l'Association oenographile de l'Entre-deux-Mers.
' Il existe deux types de collectionneurs, précise Pierre Monnin, de Besançon : les chercheurs d'images qui s'attachent à la beauté, à la singularité de l'étiquette elle-même, et les amateurs de vins qui recherchent davantage les étiquettes anciennes, celles de grands crus, de clos disparus ou de vins qu'ils ont aimés ... ' Sa ' tasse de thé ' à lui, ce sont les étiquettes anciennes. Il montre celle d'un château-yquem de 1901, celle d'un vin de paille de 1824, celle d'un pommard mousseux (eh oui !) sans doute du premier tiers du XX e siècle.
André Cordier, comptable retraité de Chorey-les-Beaune, est également un grand amateur d'étiquettes anciennes. Il les conserve religieusement et dévoile quelques fleurons de sa collection. ' Là, voyez-vous deux raretés ', dit-il. Il s'agit des millésimes 1940 et 1942 de la cuvée des dames hospitalières du clos du maréchal Pétain.
Avec 32 000 étiquettes au compteur et sept ans de collection à son actif, Gaétan, 17 ans, lycéen, fait déjà office de vieux routier. Il vient d'en acquérir une de Santenay, de 1911, de Jan de Korningh & Zoon, échangée contre une de Pauillac de 1912. Une belle aubaine dont il se réjouit. Alexandre, 15 ans, accompagné par son père, vigneron à Pommard, est venu, lui, chercher quelques étiquettes des vins du village, s'il en trouve.
Les thèmes de collection sont innombrables : fleurs, animaux, art, musique, sports, bateaux, événements... et, dans un registre plus coquin, des étiquettes de belles jeunes femmes nues façon Play-Boy, jusqu'à des images pornographiques. Philippe Pares, de Courbevoie, collectionneur depuis vingt-trois ans, en est très friand. Mais il possède aussi de très beaux exemplaires, comme la première étiquette réalisée par un artiste pour Mouton-Rothschild : celle dessinée, en 1924, par Jean Carlu, jeune affichiste à l'époque, qui devint célèbre par la suite. Inutile de dire qu'on ne la voit pas tous les jours.