Avec 6,23 ha de vigne, Pascal Arangoits est l'un des apporteurs les plus importants de la cave coopérative de Saint-Etienne-de-Baïgorry, dans le Pays basque. Polyculteur-éleveur, il s'est progressivement orienté vers la viticulture. Il a dû apprendre le métier pour satisfaire aux exigences de sa cave.
Dans cette vallée de basse Navarre, les petites structures de polyculture-élevage tiennent une place prépondérante. A Saint-Etienne-de-Baïgorry, Pascal Arangoits, 35 ans, mène l'une d'entre elles, en EARL avec sa mère. Il élève vingt vaches laitières et exploite 26 ha de SAU, dont 6,23 ha de vigne. Il est l'un des dix-sept plus gros fournisseurs de la cave coopérative Les Vignerons du Pays basque (700 000 bouteilles), dite cave d'Irouléguy, du nom de l'AOC, située à Saint-Etienne-de-Baïgorry.
L'exploitation a toujours eu de la vigne, mais en production secondaire. A l'origine, l'élevage était prédominant, ' la viticulture, c'était un créneau à prendre ', explique Pascal Arangoits. Ses parents avaient des terres classées dans la zone d'appellation Irouléguy. Une opportunité à saisir. En 1989, il se ' préinstalle '. L'exploitation compte alors 2 ha de vigne, 20 000 pieds de tabac, des brebis, et produit 60 000 l de lait de vache. ' Avec un si petit quota, miser sur l'AOC Irouléguy m'a semblé un bon choix pour l'avenir ', affirme Pascal. Il a eu du flair, car la cave manquait de vin.
Dès son arrivée, il plante 1,6 ha de vigne sur des terrasses construites au bulldozer et à la pelle à chenilles, sur des friches. Un investissement de 15 200 euros/ha, rien que pour les travaux de terrassement, subventionnés à 45 %. Un vrai casse-tête au niveau de l'évacuation des eaux. ' Le sol, de grès rouge, est très filtrant, explique Pascal. Dès qu'il pleut, l'eau sort de partout. Lorsqu'on terrasse une friche, on casse tous les conduits naturels d'évacuation, souterrains ou non. La plus grosse difficulté est de diriger les eaux . '
Il a fallu établir des rigoles bétonnées, drainer avec des buses, installer des grilles et des regards, et monter des murs de soutènement en pierre sèche aux endroits accidentés. Ces structures demandent un entretien régulier, car il faut sans cesse enlever les feuilles mortes, déboucher les buses et, le cas échéant, remonter les murs... Au total, l'exploitation compte maintenant 4,8 ha de vigne en terrasses.
Pascal Arrangoits a dû apprendre le travail de la vigne. Il l'a fait au travers de stages et de réunions collectives, pilotés par la cave. Il s'est formé à la taille, à la reconnaissance des ravageurs et des maladies, aux stratégies de traitements. Il a appris à enlever les doubles bourgeons et les entre-coeurs, à aérer les grappes en effeuillant la vigne manuellement. Année après année, il acquiert le métier de viticulteur. Il reconnaît qu'au début, il récoltait trop tôt. Maintenant, il attend, prend des échantillons et fait des analyses de maturité.
Une commission technique passe huit jours avant la vendange pour confirmer la destination des raisins vers les différentes cuvées de la cave (commercialisées entre 5 et 12 euros/bouteille).
En 2001, Pascal Arangoits participe, pour la première fois, à la sélection haut de gamme, Omenaldi. Il engage 1 000 pieds de tannat, qu'il cultive selon un cahier des charges précis. Sa petite parcelle fait l'objet d'un suivi de l'oenologue de la cave et d'un technicien. Tous deux veillent au palissage, à l'effeuillage, à la maîtrise de la charge et contrôlent la maturité. L'oenologue impose la date des vendanges.
En 2002, notre vigneron double la mise avec 50 ares de tannat et autant de cabernet-sauvignon, situés en terrasses. ' L'engagement contracté sur ces parcelles est contraignant , explique-t-il. Les opérations sur la vigne ne souffrent aucun décalage dans le temps, alors qu'à côté, il y a l'élevage (une heure de traite matin et soir) et la récolte des fourrages. '
Grâce à tous ses efforts, il valorise bien ses raisins : 1,55 euros/kg en 2002, la moyenne de la cave étant à 1,40 euros/kg. Soit environ 9 600 euros de chiffre d'affaires par hectare, mais ' est-ce que cela paye réellement le temps passé ? ' s'interroge-t-il.
En terme d'organisation, il lui faut jongler en permanence. ' Je planifie à l'avance, mais je n'ai pas le droit à l'erreur ', surtout au printemps. Mai est le mois le plus dur avec l'ensilage d'herbe, les fourrages, les semis de maïs, les premiers traitements et le palissage de la vigne. ' Avec plusieurs productions, il faut aller vite et le matériel doit toujours être disponible. ' C'est la raison pour laquelle il n'a pas voulu adhérer à une Cuma.
Depuis 1999, la vigne est devenue prépondérante. La vente des raisins a dégagé un chiffre d'affaires de 59 676 euros en 2002, sur un total de 97 000 euros. ' Le produit est mené jusqu'au bout, même si je ne le vinifie pas. '
Membre du conseil d'administration de la cave, il prend part aux journées de dégustation après les vendanges, a intégré la commission investissement, consacre deux ou trois journées, l'été, aux animations en grande surface. Il anticipe le départ à la retraite de sa mère dans trois ans. Sans doute devra-t-il embaucher un salarié et remplacer ses vaches laitières par des races à viande pour limiter la charge de travail.
L'EXPLOITATION EN DATES
1989 Préinstallation plantation de 1,6 ha en terrasses
1992 Installation en Gaec avec son père, plantation de 2,63 ha
1996 EARL Arxuri avec sa mère, départ en préretraite de son père
1999 La vigne est prépondérante dans le CA
2001 Sélection d'une parcelle pour la cuvée haute gamme Omenaldi de la cave.