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Les régions disposent de trois outils mais doivent anticiper

La vigne - n°146 - septembre 2003 - page 0

Aujourd'hui, produire un vin de qualité est un préalable indispensable pour se lancer dans la compétition internationale. Demain, il faudra aussi le faire avec une véritable stratégie économique.

Il faut se rendre à l'évidence : la profession vitivinicole a beau serrer les boulons de la qualité, de la parcelle de vigne jusqu'à la commercialisation de ses vins, les affaires n'en restent pas moins difficiles. Face à des marchés moroses, la Bourgogne propose des contrats d'accompagnement à ses producteurs de Saône-et-Loire. Le Muscadet annonce une réduction de son aire d'appellation et espère ainsi mieux valoriser ses cours. Le Beaujolais reconduit la baisse de ses rendements pour la vendange 2003 et croise les doigts pour que la consommation de vins non nouveaux reparte... La conjonction d'une sévérité accrue vis-à-vis des conditions de production et de l'exigence croissante des marchés, quant au rapport qualité/prix, a de quoi décourager les plus optimistes ! Bien sûr, le problème n'est ni franco-français, ni même circonscrit au secteur vitivinicole. C'est d'ailleurs pourquoi il est intéressant de regarder comment font les autres, face aux dures lois de la compétition internationale.
Un rapide coup d'oeil sur les méthodes de travail de nos contemporains montre que notre filière vitivinicole se distingue par son incapacité à se projeter dans l'avenir. Nos adversaires d'Australie, de Californie et d'Afrique du Sud ont déjà tout planifié sur dix, voire vingt ans. En France, le dossier Cap 2010 piétine depuis plus d'un an... Dans notre secteur, la notion de plan de développement passe pour pompeuse alors qu'elle est incontournable dans toute entreprise digne de ce nom.

Face à la baisse de la consommation de vin, la bonne anticipation des marchés est l'une des clés de la réussite. Sans elle, tous les mécanismes de régulation de l'offre analysés dans ce dossier (réserve qualitative, affectation parcellaire et reconversion) ne valent rien. A quoi sert l'outil le plus perfectionné si son utilisateur a les yeux bandés ! En clair, sans un minimum de prospective, la meilleure des réserves n'est qu'une simple rétention des volumes mis en marché. Au mieux, elle retarde de quelques mois la chute des cours sur un marché excédentaire. De la même manière, l'affectation parcellaire sans stratégie de développement, c'est beaucoup d'énergie pour un résultat juste satisfaisant. Avec un petit effort de prévision en plus, on transforme l'instrument de contrôle en véritable outil de pilotage de l'appellation ! La reconversion du vignoble n'échappe pas à la règle. Sans réflexion sur ce que voudra le consommateur de demain, les aides à la replantation ne sont qu'une simple ' pompe à fric '...
Prévoir, ce n'est pas consulter madame Soleil. C'est analyser le marché existant, puis se fixer des objectifs de développement réalistes. Pour cela, il faut faire des simulations, c'est-à-dire réfléchir aux possibilités d'évolution de la demande, puis mettre en place le bon scénario de progression de l'offre. Cela suppose une bonne lisibilité sur les grands flux, la transparence des marchés, la concertation entre les différents opérateurs... Bref, c'est le rôle des observatoires économiques. De plus en plus de vignobles investissent dans cette stratégie. Une démarche ambitieuse, mais comme disait Victor Hugo, ' les magnifiques ambitions font faire les grandes choses '.






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