Un rapport, réalisé à la demande du ministère de l'Agriculture dénonce le manque de moyens consacrés à la recherche, à l'expérimentation, et au développement viticole.
Le 29 octobre, Hervé Gaymard, ministre de l'Agriculture, a remis aux représentants professionnels de la filière, le ' rapport d'audit de la recherche, de l'expérimentation et du développement de la filière vitivinicole '. Il a été réalisé au sein du Comité permanent de coordination des inspections (Coperci), par trois auditeurs : Edgar Blanc, Louis-Julien Sourd et Michel Vigne. Ils mettent en évidence le manque de coordination de la recherche, la fragilisation de l'expérimentation, l'absence d'évaluation du développement. Ils proposent une nouvelle organisation de la Red (recherche, expérimentation, développement) et un renforcement des crédits.
1. Une meilleure coordination entre viticulteurs, chercheurs et pouvoirs publics. La première chose à faire est de créer un Conseil d'orientation de la recherche et du développement (Cord). Il rassemblerait des représentants de la profession, de la recherche et des pouvoirs publics. Son rôle : définir les sujets prioritaires et, éventuellement, recourir à des appels d'offre. Il serait chargé des évaluations périodiques des actions de recherche. Les orientations prioritaires définies par le Cord seraient ensuite traduites en thématiques de recherches par un Comité scientifique et technique (CST) unique pour la filière. Il remplacerait les différents comités scientifiques existants. Il serait chargé d'informer le CORD sur les avancées scientifiques et techniques, de faciliter la concertation entre les différents organes de recherche, de coordonner leurs travaux, de contribuer à la validation des réponses aux appels d'offre, d'organiser l'évaluation de la recherche et sa bonne valorisation. Par ailleurs, les auditeurs proposent la mise en oeuvre de conférences régionales vitivinicoles réunissant tous les partenaires, afin de définir les priorités et examiner les programmes régionaux.
2. Création d'un institut technique unique : Vitis. Le plan d'action défini par le Comité scientifique et technique serait transmis à un grand institut technique de la vigne et du vin : Vitis. Issu de la fusion entre l'ITV et l'Entav, il comprendrait trois départements : la vigne (matériel végétal), la viticulture (protection et conduite du vignoble, économie viticole) et le vin (oenologie, économie vinicole). Son conseil d'administration serait élargi à des pépiniéristes et à des représentants de l'aval de la filière.
3. Participation de toute la filière au financement de Vitis. Côté financements, les rapporteurs demandent une meilleure mobilisation des crédits européens, plus de crédits de l'Etat et des Régions, et une dotation accrue de l'Adar pour les programmes de développement. Ils souhaitent que toute la filière participe au financement de Vitis. Ils suggèrent que le Cniv rassemble les contributions des interprofessions d'AOC. L'Anivit participerait pour les vins de table. Les pépiniéristes verseraient leurs parts via l'Onivins. Ils participeraient aux frais de sélection.
Mais surtout, les auditeurs souhaitent impliquer les coopératives vinicoles et les négociants, élaborateurs, distillateurs, embouteilleurs par la création d'une taxe fiscale affectée (TFA). Pour les coopératives ' l'assiette pourrait être le volume des vins, d'origine française ou importés, commercialisés, à la sortie des chais et destinés à la consommation, à la distillation ou à l'exportation, avec deux taux : 0,15 euros/hl pour les AOC et 0,075 euros/hl pour les VDP ou VDT '. Idem pour les négociants. Les représentants de la filière feront une lecture commune de ce rapport à la fin du mois. Des débats en perspectives...