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Quincié : 'Nous impliquons les adhérents'

La vigne - n°148 - novembre 2003 - page 0

La cave beaujolaise de Quincié attire de nouveaux adhérents, mais aussi de nouveaux acheteurs. Elle développe la commercialisation en bouteilles, grâce à une démarche de qualité, et à l'implication des adhérents dans la promotion.

A la cave beaujolaise de Quincié, l'esprit coopératif joue à plein. ' L'union fait la force. Ici on y croit ', assure Philippe Lacondemine, le très dynamique président de cette coopérative. ' Notre structure permet le maintien d'exploitations qui ne pourraient pas vivre seules ', renchérit le responsable administratif, Claude Lavarenne. En deux ans, ils ont vinifié la récolte de 130 ha supplémentaires, en accueillant de nouveaux adhérents qui ne pouvaient pas faire face à des investissements lourds. Pour cela, la coopérative a dû faire construire une nouvelle cuverie.

Malgré cette croissance, la cave de Quincié manque de vin : ' L'an dernier, il nous a encore manqué 3 000 hl ! ', explique Philippe Lacondemine. Pour autant, pas de précipitation. ' Nous sommes dans une phase de développement porteuse. Mais nous nous assurons toujours d'avoir un acheteur avant d'accepter un nouvel arrivant ', raisonne Claude Lavarenne. Pas d'opportunisme non plus. La cave tient à maintenir des cours stables. Elle joue un rôle de modérateur : ' Nous écrêtons les variations de prix. Il faut toujours penser à l'année suivante. ' Raisonnable, la cave de Quincié vend tout de même ses vins à des prix généralement supérieurs de 20 % à ceux du marché, grâce à une politique de qualité et de vente en bouteilles. Elle n'oublie pas que le prix reste la ' principale motivation des coopérateurs '.
Comme la plupart des opérateurs du Beaujolais, la cave de Quincié commercialise une bonne part de ses vins au négoce : 53 % sont engagés dans des contrats fermes. D'autres contrats - verbaux - concernent environ 35 % des volumes. Surtout, depuis peu, il y a la bouteilles, que la coopérative développe à mesure de l'extension de son vignoble. Actuellement, elle annonce 600 000 cols, grâce à la grande distribution.

C'est un peu le culot qui a permis de lancer cet axe de commercialisation. Au début des années 90, le président et un autre viticulteur proposent une animation à un magasin Casino en période de beaujolais primeur, ' à condition d'être le plus cher du rayon ', pour ne pas dévaloriser le produit. Le succès de cette animation, puis le bouche à oreille ont permis de référencer les vins dans d'autres magasins de la région. Aujourd'hui, la cave envoit ses adhérents en ambassade, au nord jusqu'en Bourgogne et en Franche-Comté, au sud jusqu'à Marseille. ' L'an dernier, nous avons réalisé 344 journées d'animation, sur 106 magasins, se réjouit Philippe Lacondemine. Parfois, nous avons vendu plus de 1 000 cols par jour ! '
Des animations sont également organisées en juin pour les vins de garde. ' Bien sûr, le client ne vient pas seul, il faut aller le chercher, être persuadé de la qualité du produit ', explique le président. En un mot, il faut être motivé. ' Nous trouvons plus facilement des candidats pour ces opérations en période de primeur, regrette Philippe Lacondemine. En juin, le beaujolais est plus difficile à vendre, car il faut expliquer aux acheteurs qu'il n'y a pas que le primeur. '
Un regret peut-être : la courte durée de ces opérations. Une fois qu'elles sont terminées, les clients des grandes surfaces ne trouvent plus de vins sous l'étiquette de la cave. Claude Lavarenne et son président s'interrogent sur l'opportunité d'instaurer un fond de rayon. Mais cela nécessiterait d'employer une personne supplémentaire.
Ces animations ont permis d'attirer l'attention de Casino sur les vins de la coopérative. Début 2002, la cave embauche une responsable qualité, Séverine Martin, qui met en place un cahier des charges d'agriculture raisonnée, validé par Casino. L'enseigne conclut alors un partenariat avec Quincié, qui fournira le vin (300 000 cols) pour la marque du distributeur ' Club des sommeliers '.

Claude Lavarenne annonce que la coopérative s'est fixé un objectif de 1 million de cols, en prenant en compte les vins vendus aux Chais Beaucairois (ancienne filiale d'embouteillage de Casino). En bouteilles, cela reste le principal débouché de la cave, qui vend en direct environ 50 000 cols. Des négociations sont en cours avec une société de vente par correspondance, dont le catalogue cible une clientèle à très fort pouvoir d'achat sur Paris et qui ne référençait aucun beaujolais jusqu'à ce jour. ' Nous allons pouvoir faire redécouvrir le beaujolais aux Parisiens ! ' Même si cette cave défend avant tout les vins de sa paroisse, son président n'est pas peu fier du rôle promotionnel qu'il a joué pour sa région : ' Quand nous faisons une animation dans un grand magasin, nous faisons déguster nos vins, mais nous oeuvrons aussi pour la reconnaissance de tous les beaujolais par le grand public. ' Le slogan de l'interprofession : ' Redécouvrez les beaujolais ' prend alors tout son sens.



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