Avec des vins adaptés aux nouveaux modes de consommation, un nom percutant, une vaste zone d'approvisionnement et un agrément rigoureux, les vins de pays d'Oc ont su se placer sur le marché international.
Créée en 1987 par un petit groupe de vignerons, la dénomination ' vins de pays d'Oc ' a parcouru bien du chemin en quinze ans ! En 1988, les volumes agréés se montaient à 234 000 hl. Durant la campagne 2002-2003, ils ont atteint 4,1 Mhl et les ventes, 3,7 Mhl. Après un réajustement à la baisse en 2000-2001 et 2001-2002, à la suite de la flambée des prix due à la petite récolte de 1999, les cours du vrac ont à nouveau augmenté en 2002-2003 de 12 % pour les rouges, 10 % pour les rosés et 19 % pour les blancs.
En 1987, il fallait des talents d'observation et d'analyse, assortis d'une bonne dose d'intuition, pour prévoir le développement des vins de cépages sur le marché inter- national. Robert Skalli, négociant en Languedoc, avait acquis des vignes en Californie. ' Nous sommes allés voir ensemble ce qui se faisait là-bas et nous nous en sommes inspirés. Dans notre décret, nous avons prévu, dès le départ, un agrément par cépage ', explique Jacques Gravegeal, président du Syndicat des vins de pays d'Oc.
Ce qui ne devait être qu'une mode passagère s'est révélé une tendance durable du marché. ' Notre croissance a été portée par une demande forte et une volonté d'émancipation qualitative de la région. Le vignoble était en pleine reconversion. Nous avons fait le pari que les nouveaux cépages plantés pouvaient se valoriser par eux-mêmes, sur le modèle anglo-saxon. '
Les VDP d'Oc ne se réduisent pas pour autant à des cépages, ils ont une identité territoriale. ' Les régions administratives venaient d'être créées, nous avons choisi cette dimension. En 1887, le vignoble du Languedoc-Roussillon couvrait 400 000 ha, il ne s'agissait pas de voir petit pour trouver des débouchés porteurs. Nous avons recherché un nom et nous nous sommes arrêtés sur Oc. Il a une connotation méridionale et il se prononce facilement. '
Dès le départ, le développement des vins de pays d'Oc s'est fait sur l'international. ' L'export ne souffre pas la médiocrité. Pour mettre en place un approvisionnement suivi en volume et en qualité, les négociants, comme Robert Skalli, ont misé sur le partenariat, démarche qui a facilité le partage de la valeur ajoutée. '
En même temps que la dénomination, une association interprofessionnelle a été mise en place en 1987. ' Notre produit a des consommateurs en face. C'est sur cette base concrète que nous avons pu fédérer des hommes et des entreprises. Nous avons donné des perspectives d'avenir aux zones hors appellation. Les jeunes s'y installant ont pu bâtir leur projet sur des vins qui ont des débouchés ', dit Jean-Marc Floutier, secrétaire général du syndicat.
La notoriété s'est construite peu à peu. ' Au début, quand nous allions sur des salons avec nos vins de cépages, ce n'était pas évident. Nos ventes ont vraiment décollé lorsque les Anglo-Saxons ont ouvert les marchés, en communiquant avec des moyens que nous n'avions pas. Aujourd'hui, avec plus de 4 Mhl agréés, des cotisations à 0,77 euros/hl et un budget communication de 2,29 Meuros pour 2002, nous avons d'autres possibilités d'action. '
Jusqu'en 2001, 80 % des ventes ont été réalisées avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les Etats-Unis et les Pays-Bas. Une première dans l'histoire des VDP d'Oc : en 2002, la croissance a été plus forte sur le marché français, qui a absorbé 25 % des volumes.
Pour continuer à progresser, la dynamique de plantation enclenchée par la reconversion qualitative différée est bienvenue car, sur certains cépages, il manque déjà des volumes.
Mais pas question pour autant de relâcher la pression sur la qualité. En s'appuyant sur un agrément rigoureux, le syndicat a aidé les vignerons à améliorer leurs pratiques. Pour faciliter l'organisation de l'agrément, il a instauré une priorité pour les vins prévendus. En 2001, les rendements sont passés de 90 à 80 hl/ha.
L'importance des volumes permet d'accompagner le développement des marques et celui des ventes. ' Le sérieux de l'agrément apporte une crédibilité à la dénomination. Autre point fort : la sécurité. La zone d'approvisionnement est vaste et les dates de vendange étalées, ce qui limite l'impact des aléas climatiques. Les profils des vins varient d'un lieu à l'autre. Avec des assemblages adaptés, nous répondons à la diversité des demandes ', explique Jean Berteau, directeur de la Compagnie rhodanienne, qui exporte 60 000 hl de VDP d'Oc.
La prochaine étape sera d'obtenir la reconnaissance officielle de l'interprofession. ' Nous réfléchissons aussi aux possibilités de décliner la diversité de nos vins en fonction des zones, et de mieux identifier les cuvées haut de gamme. Il y a de la place sur ce segment. Donnons-nous les moyens d'y progresser pour améliorer notre rémunération et notre notoriété, au travers de produits phare ', affirme Jean-Marc Floutier.