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archiveXML - 2003

Saint-Nicolas-de-Bourgueil : 'Protégée par le saint et la parti cule'

La vigne - n°148 - novembre 2003 - page 0

Sur place, on s'accorde à reconnaître que le succès de l'appellation est un brin irrationnel. Mais on précise qu'il tient aussi au dynamisme commercial de ses producteurs, qui proposent des vins au goût du jour.

Mais qu'est-ce qui fait tourner les affaires des vignerons de Saint-Nicolas-de-Bourgueil ? Lors de la dernière campagne, cette appellation s'est échangée sur le marché du vrac au cours moyen de 231,51 euros/hl, soit presque le double de sa voisine l'AOC Bourgueil, à 138,59 euros/hl. En grandes surfaces, on trouve la première à un prix moyen de 4,23 euros/col, contre 3,79 euros pour la seconde. Bref, sur les marchés, tout sépare les deux vins. Qu'en est-il en amont ?
Les deux appellations utilisent des cépages identiques : le cabernet franc et un petit peu de cabernet-sauvignon. Elles ont le même rendement de base de 55 hl/ha (mais Saint-Nicolas-de-Bourgueil utilise un PLC de 9 %), les deux décrets datent de 1937 et leurs terroirs sont quasiment similaires. Comme le reconnaît Joël Taluau, président fondateur du Syndicat de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, ' le découpage des aires d'AOC s'est fait nord-sud pour coller aux réalités administratives des communes. Or, chez nous, c'est la Loire qui fait le terroir. Et elle coule d'est en ouest... '
Face à leur réussite commerciale, les vignerons de Saint-Nicolas restent modestes. Ils reconnaissent que le nom de l'appellation est, pour beaucoup, à l'origine de son succès. ' Nous sommes protégés par notre saint et notre particule ', sourit Alain Jamet, nouveau président. Des propos qui ont le mérite de traduire joliment une réalité : dans l'esprit des consommateurs, le saint-nicolas est un cru de Bourgueil. ' De nombreux clients pensent, à tort, qu'il y a une hiérarchisation entre les deux appellations ', confirme un négociant du Val de Loire. Autre atout du nom Saint-Nicolas : sa facilité de prononciation, notamment en anglais, ce qui n'est pas le cas du mot Bourgueil.

Si tout le monde s'accorde pour reconnaître que Saint-Nicolas-de-Bourgueil est un nom qui se vend bien, cela ne fait pas tout. Le succès de l'appellation est aussi - et surtout - une affaire de goût. ' A Bourgueil, beaucoup misent sur la structure. et proposent des vins assez tanniques. A l'inverse, nous jouons la carte du fruité. Nos vins sont gouleyants et faciles à boire. Ils sont en phase avec la demande du consommateur actuel ', analyse un vigneron de Saint-Nicolas. Et de poursuivre : ' Les bouteilles de Bourgueil sont de très bons vins de garde. Malheureusement, les caves se font rares chez les particuliers. '
Un nom porteur, un goût.. au goût du jour... Le troisième pilier sur lequel repose le succès de cette AOC, à la limite de la Touraine et de l'Anjou, réside dans sa force de vente. ' Comme nous n'avons pas de cave coopérative, chaque producteur doit être sa propre locomotive ', explique Alain Jamet. Au final, la somme des énergies déployées par chaque individu pour vendre ses vins crée une synergie favorable à la notoriété du saint-nicolas.
' Sur les 90 vignerons membres du syndicat, 90 % font de la vente directe ', note Joël Taluau. ' Ce sont autant de noms de domaines sur les salons professionnels, affirme l'ancien président. Par exemple, à la foire de Lille, nous venons plus nombreux que nos collègues de Bourgueil. '
' Historiquement, les producteurs de Saint-Nicolas se sont lancés dans la vente directe plus tôt que ceux de Bourgueil ', reconnaît Philippe Boucard, président du Syndicat bourgueillois.

Quand on compare les circuits de distribution des deux appellations, on constate que l'appellation Bourgueil est plus présente que sa jumelle dans le hard discount. ' C'est un peu le serpent qui se mord la queue , explique un vigneron, producteur des deux appellations. Ce type de circuit n'est certes pas valorisant pour l'appellation. Mais lorsque des opérateurs se retrouvent dans la nécessité de déstocker, le hard discount peut devenir une opportunité. '
Les problèmes de lourdeur de stocks ne sont pas d'actualité à Saint-Nicolas. ' Nous avons moins d'une récolte d'avance ', précise le président. A cela s'ajoute la petite production 2003 qui devrait vite se vendre. Quand on interroge les responsables du syndicat pour savoir s'ils ne craignent pas une surchauffe des prix, la confiance est unanime : tous croient avec ferveur dans leur saint Nicolas !



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