Pour améliorer sa connaissance des terroirs, sa technicité et sa communication, l'Ardèche a bâti un Pida. Les entreprises et une association regroupant 90 % du vignoble investiront 13 millions d'euros en quatre ans. 3,9 millions seront apportés par des subventions.
Le premier Pida (programme intégré de développement agricole) fut consacré, dès 1997, à la cartographie des sols ardéchois. Le nouveau Pida aborde bien plus de sujets. Il concerne à la fois les terroirs, les investissements dans les caves et la communication.
Ce programme est géré par l'association 2 000 vins d'Ardèche, qui réunit vingt-trois coopératives et près de quatre-vingts caves particulières productrices de vins de pays des Coteaux de l'Ardèche, de Côtes du Vivarais et de Côtes du Rhône. Ensemble, elles cultivent 90 % des vignes du département. L'association est financée par des fonds publics et par une cotisation volontaire de la filière. Son conseil d'administration rassemble coopératives, vignerons indépendants, syndicats d'AOC et de vins de pays, pépiniéristes (Vitisélection), chambre d'agriculture...
En novembre dernier, lors du rendez-vous Festivin, Michel Teston, président du Conseil général, annonçait une aide départementale au Pida d'environ 700 000 euros, tout en saluant ' la nouvelle offre en animation du territoire, la qualité des produits et la qualité de la communication '. La région participe pour près de 800 000 euros. Avec l'Etat et l'Europe, les subventions s'élèvent à 3,9 Meuros pour un projet de 13 Meuros sur quatre ans. Le reste est financé par la profession, directement dans le cas des investissements, et par 2 000 vins d'Ardèche pour les actions collectives.
L'un des volets du Pida porte sur l'étude des relations entre terroirs et cépages. Entre vallée du Rhône et Massif central, les parcelles sont de petite taille, les expositions et les sols hétérogènes. Autrefois producteur de vins de table, le département achève le renouvellement de ses cépages et veut franchir un pas supplémentaire. André Mercier, président de l'Uvica (Union des vignerons des Coteaux de l'Ardèche), résume les nouveaux objectifs : ' Nous allons mieux travailler sur les terroirs, afin de mieux utiliser notre matière première. Nous avons une multitude de parcelles que nous voulons distinguer. ' Cette union de coopératives distribue 85 % du volume de vin produit par les 12 000 ha de vignes dans le département.
Pour étudier les rapports entre cépages et terroirs, 2 000 vins d'Ardèche et les coopératives rémunèrent un consultant agronome, Bruno Rivier, ancien ingénieur à l'Inao. La chambre d'agriculture et l'Institut coopératif du vin interviennent également. En 2003, sept coopératives ont fait appel à ces experts.
Concrètement, le conseil d'administration de la coopérative et le consultant vont sur le terrain, sélectionnent des couples cépages-terroirs (sauvignon sur gravelle, en coteaux, en plaine...) et notent les pratiques culturales. Ils reviennent déguster les raisins, puis les vins dont ils analysent les profils oenologiques. L'objectif est de trouver, de façon scientifique, des différences significatives afin de définir le mode de vinification le plus approprié à chaque couple cépage-terroir. Des résultats sont déjà disponibles sur les sauvignons. Le budget alloué à cette opération s'élève à 725 000 euros, incluant l'expertise et la communication technique, afin que l'ensemble des vignerons s'approprient les résultats.
Le volet technique du programme comprend également la protection raisonnée, l'aménagement fon- cier, le conseil aux vignerons et la ' sensibilisation des cédants ', surtout les personnes âgées, à la nécessité d'installer des jeunes viticulteurs. Ces actions sont budgétées pour 1,7 Meuros.
Les outils de réception et de vinification seront améliorés, les caves modernisées pour 8 Meuros. C'est le poste le plus important du Pida. Les investissements liés à la commercialisation directe s'élèveront à 1,1 Meuros. 90 000 euros seront consacrés à la valoriser des appellations existantes et à l'étude de la possibilité de créer de nouvelles appellations.
L'Ardèche veut également renforcer sa communication. ' Les pays du Nouveau Monde font des campagnes beaucoup plus puissantes que les nôtres , déclare Jean-Luc Flaugère, président de 2 000 vins d'Ardèche. Si l'on veut exister demain, il faut que l'on sache parler de nous... ' En 2004, les actions concerneront surtout le grand public, en particulier les 25-45 ans. Ils seront visés par un affichage national et des actions de relais vers la presse, devant conforter le travail des metteurs en marché.
Pour améliorer l'accueil des touristes, les quatre itinéraires vignerons de l'Ardèche méridionale seront améliorés, les animations renforcées. Pour que les automobilistes n'enfreignent pas les règles, une action est envisagée afin que les caves incitent les visiteurs à cracher. Par ailleurs, le site internet ardeche-wine.com offrira davantage d'interactivité, des pages professionnelles, des actualités, et présentera une sélection de vins opérée par un sommelier à partir d'échantillons envoyés par les vignerons. A la vigne, comme en ville, les vignerons ardéchois préparent l'avenir.