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La Provence veut devenir la référence du rosé

La vigne - n°150 - janvier 2004 - page 0

La réunion des Côtes de Provence, des Coteaux d'Aix et des Coteaux varois au sein d'une même interprofession donne de l'ambition au vignoble. Les rosés de Provence veulent faire autorité sur le plan économique et technique.

Cette fois, c'est fait. Le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) est né ! Le moins que l'on puisse dire est que la gestation du projet et son aboutissement auront été longs et difficiles... ' On n'attend plus que la publication du texte au JO pour appeler les CVO(1) ', déclare Paul Denis, président.

Comme le rappelle Michelle Nasles, secrétaire générale, ' en Provence, nous étions les inorganisés de la viticulture française ! Pourtant, nous sommes la première région productrice de rosés. Désormais, nous allons disposer de moyens à la hauteur de nos ambitions '. Et celles-ci sont élevées : ' Lorsque l'on parle de nos produits, c'est souvent pour dire : 'Voici un bonne petite bouteille ', poursuit-elle. Il nous faut montrer que non seulement nous savons faire de grands vins mais que, contrairement à ce qu'affirment certains prescripteurs, faire du rosé nécessite une véritable maîtrise . '
Le budget du nouveau CIVP devrait totaliser 2,2 Meuros, dont les deux tiers vont être consacrés à la promotion des vins. L'objectif est d'établir une communication ombrelle sous le terme ' Provence ', puis de décliner cette marque collective en mettant en avant chacune des trois appellations. Histoire de ne pas froisser les susceptibilités, ces budgets spécifiques Côtes de Provence, Coteaux d'Aix et Coteaux varois seront financés au prorata des volumes commercialisés. Ces trois appellations régionales sont toutes axées sur le rosé (à 75 % pour les premières et à plus de 70 % pour les deux suivantes). La stratégie de communication s'en trouve facilitée. Premier terrain d'essai : le Royaume-Uni. Entre les fonds interprofessionnels et les aides publiques, les dry (secs) rosés de Provence vont mobiliser 400 000 euros pour conquérir ce marché. L'objectif est de jouer la carte d'un public plutôt branché.

Changer l'image des vins de Provence, c'est aussi imposer la région comme une référence mondiale dans sa couleur. La profession, réunie au sein du Centre de recherche et d'expérimentation de Vidauban (Var), travaille sur la tenue de rencontres techniques internationales. ' Dès le mois de juin, nous envisageons l'organisation d'Etats généraux à Toulon ', explique Eric Dufavet, directeur adjoint de l'Interprofession des Côtes de Provence. ' Il s'agirait de donner un rayonnement international aux colloques organisés avec succès par le Centre du rosé depuis deux ans ', précise Gilles Masson, directeur du centre de Vidauban. La même année, le CIVP souhaite proposer un concours international du rosé, comme cela existe déjà pour le muscat, le chardonnay, le pinot noir... Reste à trouver les financements pour les deux manifestations. A plus long terme, on parle aussi d'un salon commercial dédié spécifiquement aux vins de cette couleur.
Outre la puissance de feu offerte par la réunion des trois principales appellations régionales, la création du CIVP va avoir aussi des incidences sur le fonctionnement interne des Syndicats des Coteaux d'Aix et varois. Jusqu'à présent, ces deux organisations professionnelles devaient suppléer à l'absence d'instance interprofessionnelle. Désormais, la répartition des différentes tâches va permettre à chacun de mieux travailler, sur l'amont de sa production. ' Nous allons pouvoir nous concentrer sur notre rôle de syndicat d'appellation, et notamment mettre en place des commissions de suivi des conditions de production, dès le mois de janvier ', explique Michelle Nasles.

Autre dossier prioritaire pour cette responsable syndicale : le recensement des surfaces délimitées en Coteaux d'Aix. ' L'expansion économique de la région, l'attraction d'une mégapole comme Marseille, le développement touristique et la pression foncière qu'il engendre sont autant de facteurs qui empiètent sur nos territoires agricoles. Cette tendance s'accélère. Dernièrement, nous avons constaté trop tardivement qu'une zone d'AOC à proximité d'Aix-en-Provence avait été inscrite dans le plan local d'urbanisme comme une zone de développement artisanal. Certes, la mairie nous a rétorqué que les surfaces concernées n'étaient pas plantées, et qu'il n'y aurait donc pas de perte du potentiel de production. Le problème est que ce type de projet ampute, à jamais, notre potentiel d'expansion. Pour nous protéger contre ces atteintes au terroir, il nous faut recenser les zones classées, qu'elles soient plantées ou non, pour savoir précisément ce que nous avons déjà perdu et ce qu'il nous reste à sauvegarder . ' Les Coteaux d'Aix et les Coteaux varois voient également dans le ralliement au CIVP, l'opportunité d'accéder à une meilleure information éco- nomique, notamment au travers des panels de suivi des ventes en grande distribution ou d'achat de vin par les restaurateurs.
Quant aux Côtes de Provence, l'avenir passe par la reconnaissance de ses dossiers ' hiérarchisation ' en cours. Celui concernant le secteur Sainte-Victoire est le plus avancé. Le syndicat espère un décret pour 2004.

(1) 2 euros/hl pour les Côtes de Provence et les Coteaux d'Aix, 1,52 euros/hl pour les Coteaux varois.

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