ImprimerLes professionnels ont bâti le plan stratégique Côtes du Rhône génération future. Il comporte quarante-cinq actions et dix enjeux majeurs pour les dix années à venir. Certaines d'entre elles ont déjà commencé.
Durant une année, les responsables des Côtes du Rhône ont planché sur leur avenir. Objectif : bâtir une stratégie de développement pour les dix prochaines années. La réflexion a mobilisé deux cents professionnels et plus d'une cinquantaine d'experts extérieurs. Elle a nécessité une cinquantaine de réunions et a abouti à la rédaction du plan stratégique Côtes du Rhône génération future.
' L'objectif a consisté à se projeter dans l'avenir. Nous avons dégagé quarante-cinq actions et dix enjeux. Des actions ont déjà commencé, certaines démarreront sous peu, et d'autres d'ici sept à dix ans ', annonce Emmanuel Drion, délégué général d'Inter Rhône. Parmi les enjeux les plus importants : l'amélioration qualitative du vignoble, l'instauration d'un suivi entre les contrôles en amont et en aval, la communication en France et à l'étranger, le renforcement des partenariats entre l'amont et l'aval de la filière.
Une action a été lancée, en juin dernier, avant la fin des travaux : la segmentation des vins d'appellation Côtes du Rhône en fruités et corsés. L'opération, pour l'instant cantonnée à la grande distribution, pourrait gagner le secteur traditionnel (cavistes et restaurateurs). En mettant en place cette distinction, les professionnels espèrent faciliter le choix des consommateurs. Ils comptent dynamiser l'appellation, à la traîne dans les GMS depuis deux ans, alors qu'elle représente les trois quarts de la production régionale. A ce jour, seize opérateurs ont adhéré à la démarche.
Depuis la fin des travaux, d'autres opérations ont commencé. En France, deux pistes ont été défrichées. La première porte sur le tourisme viticole. ' Il n'est pas suffisamment développé dans notre région. Nous allons mettre en place un maillage entre les différents acteurs concernés : office du tourisme, producteurs, restaurateurs, chambres d'hôtes... , explique Emmanuel Drion. Un vigneron doit être capable d'orienter les touristes en termes d'hébergement, de manifestations culturelles, de visites de monuments... Un restaurateur doit pouvoir les diriger vers des caveaux de vente. ' La création d'un réseau est à l'essai dans la région de Carpentras (Vaucluse), avec l'office du tourisme de la ville.
La seconde action a pour but d'améliorer la présence des côtes-du-rhône, surtout des villages, dans la restauration quotidienne de type brasserie. ' Les côtes-du-rhône-villages y sont sous-représentés, argumente Olivier Legrand, chef de produit marketing en France. En restauration parisienne, ils totalisent à peine 4 % des références en volume. Or, ils ont un bon rapport qualité/prix. ' En octobre dernier, durant trois semaines, 450 brasseries de la capitale, affichant un ticket de 12 à 25 euros, les ont mis en avant. Un concours destiné aux consommateurs et aux restaurateurs leur permettait de gagner cinq week-ends de découverte dans les Côtes du Rhône. ' Durant cette période, les ventes de l'appellation ont augmenté de 30 % ', note Olivier Legrand. Ce travail promotionnel sera poursuivi dans les années à venir.
Au niveau du partenariat entre le négoce et la production, une charte d'approvisionnement triennal a été établie par Inter Rhône. Elle devrait servir de canevas aux entreprises. Autre décision : ' Le budget promotionnel à l'export va être doublé d'ici quatre ans ', précise Emmanuel Drion.
Mais le succès de Côtes du Rhône génération future viendra surtout de l'amélioration de la qualité en amont. La balle est dans le camp du syndicalisme. Il a d'ores et déjà fait deux propositions : la spécialisation parcellaire - il faudra choisir entre AOC et vin de pays - et l'instauration de rendements à la parcelle. Pour que ces mesures deviennent effectives, certains professionnels plaident pour la mise en place d'un contrôle par un organisme extérieur. ' Il faut éviter de commettre les mêmes erreurs qu'avec l'agrément ', souligne l'un deux. Les services techniques de l'interprofession auront aussi du pain sur la planche. Trois missions les attendent. D'abord, le maintien de la diversité de l'encépagement. ' Depuis quelques années, nous assistons à une montée en puissance de la syrah , annonce Christophe Riou, directeur de l'Institut rhodanien. Il faut retravailler sur les autres cépages (mourvèdre, cinsault et carignan) pour conserver notre identité. '
' Nous allons aussi plancher sur l'adaptation des techniques de production et sur les attentes des consommateurs , poursuit Christophe Riou. Cela passera par le raisonnement des assemblages, le renforcement des suivis sur le terrain et l'incitation, dans le milieu coopératif, à mettre en place des démarches de sélection et de gestion parcellaire. '
Quant aux jeunes AOC de la vallée du Rhône (Coteaux du Tricastin, Costières de Nîmes, Côtes du Ventoux), rassemblées au sein de la Nouvelle Ecole, elles continuent à avancer en commun. Leur principal objectif est d'accroître leur notoriété sur le marché domestique et à l'étranger (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Etats-Unis). Pour cela, elles sont en phase de remise à plat de leur stratégie de communication. Celle-ci avait pris un ton décalé et avant-gardiste. Elles devraient bientôt décider si elles le maintiennent ou changent de ton.