Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

Cognac lance l'affectation parcellaire

La vigne - n°150 - janvier 2004 - page 0

A l'avenir, chaque producteur devra désigner, trois ans à l'avance, ses parcelles de cognac. Le 17 décembre, Jean-Pierre Raffarin a donné son feu vert pour cette nouvelle organisation. Un gros chantier attend les professionnels pour les trois ans à venir.

La double fin a fait son temps. Ce régime spécifique aux Charentes et au Gers est amené à disparaître, au profit de la préaffectation parcellaire. Cette idée, défendue depuis deux ans par le Syndicat général des vignerons et l'interprofession, a été examinée par Anthony Zonta, inspecteur général du ministère de l'Agriculture, à la demande d'Hervé Gaymard. Il l'a étudiée pendant plusieurs mois. Il a rendu sa copie au ministre au début de l'été, donnant un avis favorable au plan défendu par la profession. Le 30 octobre, Hervé Gaymard avalisait le rapport de son inspecteur. L'affaire a été jugée tellement importante que Jean-Pierre Raffarin a remis lui-même le rapport à la profession le 17 décembre dernier, confirmant l'aval du gouvernement.
La préaffectation parcellaire est donc en marche. En voici le principe. ' Sur un hectare, plutôt que d'empiler toutes les productions, on renverse la barrique et on prévoit une seule production ', expose Alain Philippe, directeur du BNIC (Bureau national interprofessionnel du cognac). Les parcelles seront affectées soit au cognac, soit au pineau des Charentes, soit aux vins de pays, soit aux vins de table et aux autres produits (vin de base pour les mousseux et jus de raisin). L'affectation serait triennale et glissante.

Elle suppose l'arrêt du régime de double fin qui autorise de récolter sur une même parcelle des vins de distillation en cognac et des vins de table. ' Si la double fin disparaît, il ne reste que deux régimes : celui des VQPRD et celui des vins de table. Il faut donc entrer dans ces régimes existants ', poursuit Alain Philippe. Pour le vignoble destiné au pineau des Charentes et celui des vins de pays, il n'y a pas de difficultés. En revanche, le vignoble de Cognac va devoir obéir aux règles des AOC. Le décret de 1936 va donc être complété. 2004 sera consacrée à sa réécriture. Il devra définir un rendement maximal : ce sera 120 hl/ha. De plus, tous les ans, un rendement en alcool pur par hectare sera défini. Il faudra détruire les excédents. La majorité des professionnels sont d'accord sur ce principe. Mais on s'interroge encore pour savoir s'il faut distiller à 96 % vol. ou dénaturer les vins produits au-delà des limites. Troisième point, la mise en place d'un agrément spécifique pour le cognac, prévue d'ici fin juin. ' Nous partons sur un agrément des eaux-de-vie à la sortie de l'alambic. Le contrôle se ferait par sondage ', relate Philippe Boujut, président du Syndicat général des vignerons. Mais il faudra aussi résoudre la question prioritaire de l'affectation parcellaire triennale et glissante. Cela implique un texte cadre national sur l'affectation, que la région attend impatiemment.

Le vignoble, affecté aux vins de table et aux produits destinés à la transformation, sera placé sous le régime des vins de table. Mais pour en assurer la rentabilité, les professionnels ont demandé un rendement important : 180 hl/ha, soit le double du plafond fixé aux vignerons méridionaux. Ils veulent récolter soit 130 hl/ha de vin et 50 hl/ha de non vin, soit 180 hl/ha de non vin. ' Cela va permettre de stabiliser les marchés des vins de base mousseux et de jus de raisin en termes de prix, de volume et de durée, déclare Alain Philippe. Le problème est de convaincre les autres régions que nous ne sommes pas concurrents. Des réunions sont prévues avec le Midi et l'Onivins . '
2004 sera une année charnière. Selon Philippe Boujut, la priorité pour cet hiver est la création d'un syndicat de défense de l'appellation d'origine contrôlée Cognac, qui regrouperait les vignerons, les négociants, les bouilleurs de crus... et la création de l'organisme agréé pour les agréments.
Il va falloir informer les vignerons sur les enjeux de cette organisation, réfléchir au ' lancement de la machine ', aux problèmes des exploitations mixtes, de l'affectation réalisée par un vigneron en fermage qui perdrait ce fermage... ' Un gros chantier nous attend. Il nous reste deux ans pour travailler cette nouvelle forme . ' Effectivement, si tout va bien, la réforme de l'OCM vitivinicole, qui scellerait la fin de la double fin, pourrait avoir lieu pour la campagne 2004-2005, ce qui coïnciderait avec la fin du plan d'adaptation de la région en 2005-2006.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :