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archiveXML - 2004

D'archives et de couleurs

La vigne - n°151 - février 2004 - page 0

Véronique Frémy redonne vie à des documents anciens en les intégrant à ses peintures, estampes ou créations. Avec un thème unique : le vin.

C'est par une exposition à la Cité internationale des arts, à Paris, du 27 novembre au 6 décembre, que Véronique Frémy a clôturé un travail artistique de deux ans, d'un style affirmé. Ses oeuvres sont imprégnées du monde du vin. Pas étonnant : elle a grandi dans la tonnellerie familiale qui porte son nom, à Pagny-la-Ville (Côte-d'Or). Enfant, elle accompagnait son père ou son grand-père, qui livraient les tonneaux. ' C'était magique, c'était le théâtre des sens ', se souvient-elle. Déjà, il y avait tous les éléments : l'eau, le feu, la terre, l'air et le bois. En un mot, la matière. Plus tard, diplômée de deux écoles d'arts appliqués, elle prend le parti de s'exprimer uniquement sur le thème du vin. Elle le fait au travers de la peinture, d'estampes, d'architectures éphémères ou de montages vidéo.

Son travail inclut une recherche sur le temps, sur les traces du passé. Il fait appel aux archives, aux fragments de l'histoire, aux témoignages de personnes qui ont travaillé dans les vignes. ' La peinture doit avoir un sens. Il y a une richesse incroyable qui dort dans les placards et les archives ', souligne Véronique. En les incluant dans ses oeuvres et ses images, elle redonne vie à cette masse de ' témoins oubliés ', voués à rester dans l'ombre. Les documents anciens (livre de cave, (vieille étiquette, registre d'un négociant, journal d'un vigneron, carnet de bord d'une maison, cahier de comptes...) nourrissent son inspiration. Comme cette estampe qui reprend un extrait du registre écrit, en 1774, par Philibert Poulet, négociant à Beaune, fournisseur en vin de la cour du roi. Cette estampe s'intègre dans De Vino, un grand tableau (2 × 2,60 m) composé de douze dessins assemblés à la façon des icônes. Chacun raconte une petite histoire sur les vignes, la bouteille de Rabelais, une scène de tonnellerie... Les couleurs évoquent celles des vitraux.
Dans ses oeuvres, le rouge est toujours présent, au départ très influencé par les pourpres de Bourgogne. Mais Véronique le nuance et adapte sa palette selon les régions. Sa technique est simple, à la fois désordonnée et précise, ' pour ouvrir les pistes de l'imaginaire chez l'amateur de vins '. Elle peint d'abord à la main, un peu au hasard selon son inspiration. La précision de la sérigraphie lui permet ensuite de transposer les documents d'archives sur la toile. Elle crée pour les vignerons des oeuvres sur mesure avec leurs documents, réintégrant leur propre histoire pour leur restituer une image qui leur ressemble.

Au cours de l'été 2003, elle retrouve des documents italiens de 1568 parlant d'alambic. Elle en fera son miel d'automne, en créant la série Quinta essentia, qui a donné son nom à l'exposition. ' En parlant de vin, on peut parler de quintessence, car la vigne donne le meilleur d'elle-même ', explique-t-elle. Les toiles peuvent être suspendues dans les chais ou servir de chemins de table de dégustation.

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