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Pourridié : une lutte délicate

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Deux produits sont homologués contre le pourridié. Les applications se font soit en plein avant la plantation par une société spécialisée, soit directement dans les trous de remplacement. Des mesures préventives doivent également être mises en place.

Provoqué par le champignon Armillaria mellea, le pourridié est une maladie s'attaquant aux parties souterraines de la vigne. Le rôle du bois mort est essentiel dans son installation dans les parcelles. Celles en bordure de bois de feuillus, ou succédant à des vergers fruitiers, présentent les plus forts risques. Il est donc indispensable d'évaluer le potentiel d'armillaire, avant une plantation ou une replantation. Dans ce dernier cas, la dévitalisation des souches et des espèces ligneuses, présentes en bordure de parcelle, est recommandée. Les ceps contaminés sont arrachés et brûlés. Un double défonçage croisé est réalisé. Les débris ligneux ressortis seront ramassés et brûlés. Enfin, un repos du sol de quatre à cinq ans est conseillé.

Après avoir réalisé des mesures prophylactiques, une lutte chimique peut être envisagée. Deux produits sont homologués contre le pourridié : l'Enzone et l'Esaco. Les périodes idéales d'application sont l'automne et le printemps. La température du sol doit être au minimum de 10°C à 10-15 cm de profondeur. Après application, le métham-sodium de l'Esaco se décompose en un gaz, le sulfure de carbone (CS 2). C'est lui qui provoque l'action fongicide, mais également insecticide et nématicide du produit. L'Esaco peut s'appliquer de deux manières. Dans le cas d'une plantation prévue sur une parcelle à risque, un applicateur spécialisé réalise une désinfection globale de préplantation, avec une griffe à injection à la dose de 2 000 l/ha. Dans le cas d'une complantation localisée, l'application du produit est réalisée par le viticulteur, à l'aide d'une tarière à injection ou d'une pompe doseuse manuelle, permettant d'apporter 0,2 l de produit par trou de plantation. Après le traitement, le sol doit être laissé au repos pendant deux mois. Un essai de l'Inra de Bordeaux montre que treize ans après la complantation, 21,2 % des pieds non traités à l'Esaco sont atteints, contre seulement 4,4 % des traités. Soit 80 % d'efficacité.
L'Enzone est le deuxième produit homologué contre le pourridié. Mélangé à l'eau, le tétrathiocarbamate de sodium est hydrolysé en plusieurs molécules dont le CS 2. Il peut aussi s'appliquer de deux façons différentes. Des professionnels réalisent une désinfection en plein avec une machine à coutres. L'Enzone Dose 10 permet d'appliquer 0,2 l de produit, tout en le diluant dans 10 l d'eau, directement dans le trou de remplacement. Le sol doit ensuite être laissé au repos entre quinze jours et un mois. Un essai mené par la société Novex, dans une parcelle à très forte pression, révèle que cinq ans après la complantation, 64,8 % des pieds non traités sont atteints, alors que seulement 10,7 % des traités le sont. Soit un peu plus de 80 % d'efficacité. Bien qu'il n'y ait jamais eu d'étude comparant les deux produits, l'Enzone et l'Esaco ont tous deux une efficacité satisfaisante. Des recontaminations peuvent, toutefois, se faire par des bois situés en bordure.

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