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Morosité, alcootest et canicule ont freiné les amateurs

La vigne - n°153 - avril 2004 - page 0

L'économie morose a poussé les Français vers le hard discount, les éloignant des circuits traditionnels. L'intensification des contrôles d'alcoolémie au volant et l'été caniculaire ont porté un coup au vin rouge.

En premier lieu, le contexte économique défavorable, déprimant, décourageant. L'an dernier, le chômage a progressé de 3,2 % et la croissance de 0,2 %, autant dire de 0 ! Par crainte de lendemains difficiles, les Français ont surveillé leurs dépenses. Preuve en est, la fréquentation des magasins hard discount s'est encore développée en 2003. Sur ce point, le vin est plus touché que d'autres denrées.

En détaillant les achats des Français en GMS, on découvre que 12 % des produits frais et de consommation courante proviennent du hard discount, contre 17 % des vins. Plus inquiétant : c'est le seul circuit en développement. Selon le panel Consoscan, de Sécodip, en 2000, les achats chez des discounters représentaient 9,5 % du volume de vins consommés à domicile et 14 % en valeur. Or, en 2003, on est passé, respectivement, à 17 et 13 %.
En clair, les ménages achètent plus de bouteilles chez les discounters, sans dépenser plus d'argent ! A l'inverse, les magasins spécialisés et la vente directe, deux circuits mieux valorisés, ont perdu du poids. Les viticulteurs l'ont forcément ressenti.
Deux événements ont alourdi ce contexte pesant. D'abord, l'annonce au printemps 2003 d'une politique de sécurité routière renforcée. La multiplication des dépistages d'alcoolémie au volant aurait provoqué, aux dires de certains, une véritable ' psychose de l'alcootest '. Faute de savoir à quelle dose ' on passe au travers des contrôles ', les automobilistes auraient opté pour l'abstinence. Les pessimistes racontent que l'image festive et conviviale du vin se ternit, alors que celle d'une boisson source de contraventions et d'accidents s'impose.

Tout cela a contribué à noircir le tableau. Pour autant, est-il si sombre ? Selon les optimistes, l'apéritif pâtit bien plus que le vin de la situation. Au restaurant, on se prive du premier, moins du second.
Mais telle la loi des séries, le monde du vin a dû faire face à une troisième galère : la canicule. Lorsqu'il fait 40°C à l'ombre, on préfère consommer une boisson fraîche. Exit le rouge. Vive le rosé. C'est le seul vin dans lequel on peut mettre un glaçon... Non seulement, il y a eu plus de ménages consommateurs en 2003, mais la fréquence d'achat a aussi progressé, passant de 17,4 cols/an/foyer en 2002, à 17,8 cols.
Quoi qu'il en soit, l'avenir dépendra de la capacité de réaction des opérateurs. Eux seuls pourront convaincre les Français de renouer avec la dive bouteille. Ils développent la consommation au verre ou encouragent les clients à repartir avec leur bouteille entamée au restaurant. Leurs efforts commencent à porter leurs fruits.

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