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Les chiffres des douanes sont alarmants pourtant les ménages résistent

La vigne - n°153 - avril 2004 - page 0

Les statistiques douanières décrivent un début de campagne calamiteux. Elles sont contredites par les chiffres des sociétés qui étudient les achats des consommateurs, des restaurateurs, et les ventes des grandes surfaces. Le marché ne s'est pas écroulé.

Au cours des onze premiers mois de l'année 2003, la consommation taxée de vins a reculé de 6,3 %, par rapport à la même période en 2002. Et le repli semble s'accélérer. Durant les quatre premiers mois de 2003-2004, le volume de la consommation taxée est à 10,4 Mhl, soit une baisse de 10 % par rapport au commencement de la campagne 2002-2003 ! Ces chiffres effarants des douanes ont beaucoup circulé ces derniers temps. Traduisent-ils un rejet des vins ? Rien n'est moins sûr : ni les achats des ménages pour leur consommation à domicile, ni ceux de la restauration ne se sont écroulés. Ils ont baissé, mais dans des proportions limitées, si l'on en croit TNS-Sécodip.
Cette société a constitué un échantillon de 8 000 ménages français, dont elle épluche régulièrement les tickets de caisse. C'est son panel Consoscan. Selon elle, les ménages ont réduit leurs achats de vins tranquilles, pour la consommation à domicile, de 1,4 % en 2003, par rapport à 2002. ' C'est la poursuite d'une tendance de fond, affirme Sophie Wirtz, conseillère en marketing. Il y a toujours autant de ménages acheteurs, mais ils achètent de moins en moins. '

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2000, un foyer achetait 68 cols de vins tranquilles par an, en 2003, plus que 60 bouteilles par an. Le budget baisse également : la dépense moyenne par ménage était de 121 euros en 2003, soit presque 4 euros de moins qu'en 2002, et 17 euros de moins qu'en 2000 ! En revanche, le budget pour les vins effervescents reste stable.
On ne note pas de distinction entre les appellations, et les vins de table ou les vins de pays. En revanche, il existe d'importantes disparités selon la couleur des vins. Boostés par la canicule, les rosés sont les seuls à progresser en 2003. L'an passé, un ménage sur deux en a acheté au moins une fois. Par rapport à 2002, ce sont 800 000 foyers supplémentaires. A l'opposé, le désintérêt pour les vins rouges est net : entre 2000 et 2003, un million de foyers ont cessé d'en acheter !
Ces chiffres concordent avec les ventes réalisées par la grande distribution (hors hard discount, source Iri). En 2003, elles ont baissé de 2 % en volume par rapport à 2002 : les blancs sont restés stables, les rouges ont reculé de 4 %, et les rosés ont enregistré 10 % de hausse.
Voilà pour les achats des particuliers. Et ceux des restaurateurs ? Pour les connaître, il faut à nouveau se tourner vers TNS-Sécodip et s'intéresser à son échantillon : 600 restaurants traditionnels, 126 restaurants d'entreprises et 50 cafétérias. TNS-Sécodip épluche, trois fois par an, leurs factures. Sur douze mois, de septembre 2002 à août 2003, ils ont réduit de 2 % leurs achats en volume, sans en modifier la valeur. Là non plus, on n'observe pas de dégringolade généralisée. Seules les appellations du Languedoc-Roussillon subissent un revers, les volumes achetés par les restaurateurs ayant chuté de près de 15 %.
Ainsi, les panels donnent une vision beaucoup moins noire de l'année 2003 que les statistiques douanières. Reste à comprendre pourquoi.

Françoise Brugière, chef de la division études et marchés de l'Onivins, rappelle que ' l'interprétation des variations de la consommation taxée sur une courte période pose des problèmes '. Elle souligne également que la hausse du prix des cigarettes en France a découragé beaucoup d'Anglais de venir à Calais. Or, ils achetaient aussi du vin : 1,5 Mhl/an, selon une estimation sur laquelle beaucoup d'experts s'accordent.
Ce volume est comptabilisé dans la statistique dénommée consommation taxée. Rappelons qu'elle désigne les volumes pour lesquels les droits de circulation ont été acquités. ' C'est une statistique d'embouteillage ', abrège Françoise Brugière. Malgré son nom, elle ne mesure pas la consommation de vins des Français. Voilà pourquoi il faut s'attacher à son évolution plus qu'à ses soubresauts.

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