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Les restaurateurs emballent les bouteilles entamées

La vigne - n°154 - mai 2004 - page 0

Deux interprofessions et un groupement de grossistes indépendants fournissent des sacs pour emporter les bouteilles entamées au restaurant. La formule plaît, mais il est trop tôt pour mesurer son impact sur les ventes.

L'idée est simple : pourquoi ne pas proposer aux clients d'emporter chez eux leur bouteille entamée au restaurant ? Le doggie bag, petit sac américain permettant de récupérer les restes du repas pour les chiens, trouve là une nouvelle application. L'objectif est de lever les freins à la consommation que sont le respect des 0,5 g/l d'alcool dans le sang, le sentiment de payer cher une bouteille que l'on ne va pas terminer, ou encore le refus du gaspillage.

Le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), qui a lancé l'opération ' Emportez Bordeaux ' à l'automne dernier, est satisfait de l'accueil réservé par les restaurateurs et les clients. Il a sélectionné environ 600 restaurants selon leur carte de vins de Bordeaux. Chacun s'est vu doter d'un kit publicitaire comprenant 50 sacs cadeau estampillés Bordeaux, 50 bouchons, 15 chevalets de table, 50 dépliants informatifs et, une pompe à vide.
L'interprofession vend maintenant le kit complet 20 euros. Elle vend aussi des sacs à l'unité à 0,20 euros/pièce. Ce faisant, elle fait profiter ses membres de sa puissance d'achat car, commandés en petite quantité, les sacs cadeau valent généralement 1 euros/pièce. Des vignerons et des négociants proposent ces sacs à leurs clients restaurateurs. ' Tous les types de restaurants sont intéressés, témoigne Jean-Marc Koch, directeur marketing du CIVB. Certains restaurants branchés, avec une approche dynamique du vin, en donnent jusqu'à 50 par jour. '
La Centrale européenne de boissons (CEB), qui regroupe 130 grossistes indépendants en boissons, a souhaité développer une consommation responsable du vin. L'initiative en revient à Marie Tribouillet, distributrice de boissons à Gellainville (Eure-et-Loir) : ' L'idée nous est venue, il y a un an, avec la médiatisation autour de la sécurité routière. Nous redoutions que les consommateurs perdent l'habitude de boire du vin à table. Il fallait leur donner des outils pour qu'ils consomment sans culpabilité. '
Le CEB a contacté le Comité interprofessionnel d'Alsace (Civa) pour une action commune qui a débuté le 1 er décembre 2003. Le Civa a financé 600 kits, comprenant 12 étuis, 12 bouchons, 20 chevalets de table et 15 stickers à coller sur la carte des vins ou le menu, ainsi qu'une affiche.

Pour Cyril Rebour, gérant du restaurant la Forêt d'émeraude à Le Perray-en-Yvelines, ' les étuis du Civa mettent fin à une idée reçue, selon laquelle nous gardons les fonds de bouteilles pour les mettre dans les pichets. Mais surtout, le sac est un appui publicitaire pour inciter à la consommation du vin, en plus du conseil du sommelier '. Cependant, malgré l'accueil positif auprès de la clientèle, ni les restaurateurs, ni les interprofessions n'arrivent, pour le moment, à mesurer l'impact de cette nouveauté sur les ventes.
Suite à ces deux grandes campagnes, des initiatives privées fleurissent. Depuis le 8 avril, les 39 restaurants Bistrot romain proposent ce service à leurs clients pour l'ensemble des bouteilles vendues à la carte. A Lyon, le chef étoilé Jean-Paul Lacombe offre aussi la possibilité de reboucher les bouteilles non consommées. L'annonce a été faite, non sans poésie, dans le journal qu'il envoie à tous ses clients. ' Pour éviter le regret de l'amateur, confronté au dilemme de boire trop ou de ne pas apprécier assez, Léon de Lyon propose désormais au client de repartir avec la bouteille qu'il n'aura pas terminée. Paradoxalement, certains vins, qui nécessitent le passage en carafe, gagneront à ce transfert inédit. S'il s'apparente au doggie bag des Américains, il offre surtout à nos amis visiteurs l'opportunité de ne pas être foggy (brumeux), voire groggy. '

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