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AOC D'EXCELLENCE : le projet de René Renou fait des remous

La vigne - n°155 - juin 2004 - page 0

Les méthodes et le projet de René Renou, président du comité des vins de l'Inao, bousculent les habitudes de la profession.

La proposition de créer deux catégories d'appellation, présentée par René Renou au comité national de l'Inao du 29 avril, a eu l'effet d'une bombe. Sur sa forme d'abord : les méthodes cavalières du président, qui a consulté les acheteurs et la presse étrangère avant de prévenir ses pairs, ont surpris et froissé bien des susceptibilités. Les 20, 21 et 22 avril, des articles sont sortis dans Décanter, Wine International et Wine Spectator. Aujourd'hui, on en tient rigueur à René Renou. Depuis le début de l'année, il avait toutefois pris le soin de rencontrer officieusement la quasi-totalité des responsables professionnels de la filière. Et il poursuit encore sa ' tournée des popotes ' pour expliquer sa réforme.
Sur le fond du projet, le monde viticole s'accorde sur la nécessité d'agir vite et de prendre des mesures fortes. Au fil des ans, rien n'avance, les rapports sont enterrés les uns après les autres. On commande toujours de nouvelles expertises qui ne servent à rien. La filière peut-elle encore se permettre d'accoucher d'une souris ? Sans doute pas, les enjeux sont trop importants. Quelles sont les solutions ? Arracher ou déclasser des AOC ? C'est politiquement incorrect. Reste l'ambition de redonner leurs lettres de noblesse aux AOC et d'éliminer les vins défectueux.
' Les étrangers ont une grande affection pour les vins français, affirme un conseiller du commerce extérieur. Mais ils ont l'impression d'un dérapage et que derrière le concept d'AOC, on trouve le meilleur comme le pire. Ils attendent un signe fort pour être garanti de la qualité du produit. ' Sérieusement, peut-on imaginer une seule seconde que 15 % des Airbus commercialisés sur le marché soient défectueux ? Non, bien sûr. Et bien pour le vin, c'est la même chose.

' L'agrément, c'est trop souvent le confort du vigneron et la désillusion du consommateur ', relève un vigneron. D'ailleurs, si les consommateurs rejettent la réforme de René Renou ' trop complexe ', ils vont plus loin dans leurs demandes de transparence concernant les appellations. Ils exigent ' du bon ' et n'admettent plus qu'on leur mente, par exemple sur la mention ' mis en bouteilles à la propriété '.
Reconnaître les meilleurs collectivement et individuellement, donner envie à ceux qui peuvent s'améliorer de le faire et éradiquer les 10-20 % de vins médiocres, c'est l'ambition de René Renou. Elle doit être discutée. De nombreuses zones d'ombre devront être élucidées. Peut-être faudra-t-il l'amender. ' L'AOC est devenue un privilège de droit divin, dit le président. Les vignerons doivent se réapproprier leurs appellations. Qu'ils expriment leurs propositions et leurs réserves, dans la mesure où elles sont réalistes, et qu'on en discute . ' Forcément, le débat s'élargit aux autres familles professionnelles et devrait conduire à une refonte de l'offre de vins française.
Ce chantier est une révolution culturelle. On sort de la loi du silence. ' On dit ce qu'on fait, et on fait ce qu'on dit ', clame René Renou. ' Forcément, les gens commencent à comprendre l'horreur du système : ils seront à découvert et la transparence sera de mise ', analyse un responsable professionnel. ' Je ne promets pas de chemins bordés de roses, mais qu'on aille vite et qu'on limite au maximum le choc ', poursuit René Renou. Et de conclure : ' Si à la fin de l'année, il ne reste plus rien du projet initial, ce n'est pas grave. L'important est d'avancer dans un climat sain et constructif, et de trouver rapidement une solution concrète. '
Alors, bon débat à tous !









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