Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

Les châssis polyvalents restent perfectibles

La vigne - n°155 - juin 2004 - page 0

Avec le regain d'intérêt suscité par le travail du sol, les constructeurs de machines à vendanger conçoivent des porte-outils. Selon les marques, ils s'installent plus ou moins facilement. Parfois, la visibilité fait défaut.

L'évolution des machines à vendanger s'effectue à contre-courant de celle des enjambeurs. Ces derniers, conçus pour tracter des outils, peuvent être équipés de têtes de récolte depuis quelque temps déjà. A contrario, les machines à vendanger, au départ uniquement dédiées à la récolte, s'adaptent enfin à la traction d'outils de travail du sol.
A la fin de l'année 2002, Pellenc a lancé un bras porte-outils, généralement vendu par paire, qui s'adapte sur tous les porteurs de l'entreprise. Les deux bras peuvent être fixés à l'avant ou à l'arrière de la machine à vendanger. Pour le travail du sol, ils sont fixés à l'arrière du porteur. Sur chacun, il est possible d'atteler deux Tournesol pour travailler les deux côtés d'un rang, ou un cadre (cultivateur...) de n'importe quelle marque pour travailler un interrang.
Afin de faciliter la tâche du viticulteur, le porte-outils est doté en série d'un système de recentrage sur le rang. Ainsi, les écarts du conducteur sont automatiquement corrigés. Il est également équipé d'un suivi du sol. Cet outil corrige le dévers et règle la profondeur de travail des outils. Par ailleurs, dans la cabine, un bouton commande l'arrêt de la prise de force, et le relevage simultané des deux bras. Enfin, une commande permet la remontée et le repli automatique des bras pour aller sur route. L'ensemble de deux porte-outils revient à environ 15 000 euros.

Bertrand Seube, du château Pennautier (Aude), a assisté à une démonstration de cette machine sur son domaine. Il est convaincu. ' Le porteur, équipé de quatre Tournesols, travaille deux rangs à la fois, contre un seul avec un tracteur. Comme la main-d'oeuvre est ce qui coûte le plus cher actuellement, cela permet de faire de réelles économies, malgré l'investissement de départ. De plus, la propriété compte environ 300 ha de vigne. Il faut réagir vite, ce qui est possible avec le porte-outils. '
Même écho chez Patrick Henry, du domaine de Boisviel-Saint-Pierre (Bouches-du-Rhône), qui utilise le porte-outils avec quatre Tournesols à l'arrière. Il apprécie également la vitesse de travail (3 à 4 km/h) et la maniabilité de l'engin. Par ailleurs, il estime que la stabilité du porteur est bien meilleure que celle d'un tracteur, et que la portance est bonne. Pour lui, le recentrage automatique compense la faible visibilité, et rend la conduite confortable. Le point noir du porte-outils est son temps d'attelage : ' Malgré ce qu'annonce le constructeur, ce n'est pas simple du tout, explique Patrick Henry. Il faut à peu près une demi-journée pour tout brancher et tout régler. Il y a des progrès à faire à ce niveau-là . '
Philippe Merias, viticulteur à Saint-Emilion (Gironde), est équipé d'une machine à vendanger Pellenc, mais ne réalise pas de travail du sol. Il s'explique : ' Le porte-outils de Pellenc est conçu pour des vignes ayant un interrang de plus de 1,80 m. En deçà, il y a des problèmes . '
Grégoire conçoit lui aussi un porte-outils, adaptable sur toutes les automotrices de la marque. Installé entre les roues avant et arrière, il est actionné par un vérin. Ce dernier règle la profondeur de l'outil et son dégagement en hauteur pour le transport. La paire de porte-outils entre roues coûte 4 860 euros. Le déport hydraulique est proposé en option.

Pierre Mignard, viticulteur à Pouilly-le-Monial (Rhône), a fait un pari sur l'avenir, et s'est équipé d'une machine à vendanger de la marque Grégoire. Pari gagné, puisque la récolte mécanique est désormais autorisée dans l'appellation Beaujolais. La machine est dotée de deux porte-outils, en permanence. Pierre Mignard ne travaille que l'interrang. Il installe donc des griffes Loiseau, qu'il a adaptées. Elles sont mises en 30 min. Pour lui, le travail du sol avec la machine est aussi simple qu'avec un enjambeur : ' La visibilité est satisfaisante, car il y a deux bons rétroviseurs. Il n'y a pas de problème de braquage et la puissance (105 ch) est suffisante, même dans des pentes à 35 %. Le porteur est plus stable qu'un enjambeur, car il est doté d'une correction de dévers de série, ce qui n'est pas toujours le cas pour les enjambeurs '. Néanmoins, Pierre Mignard prévient que le travail du sol n'est possible avec cette machine que dans des vignes d'une largeur de 1,10 m au minimum.

Chez New Holland, seules les VN, machines à vendanger pour vignes étroites (interrang de 0,95 à 1,50 m), peuvent être équipées de cadres. Ces supports porte-outils sont eux aussi situés entre les roues avant et arrière. Les monorangs en possèdent un de chaque côté, alors que les VN enjambant deux rangs (VN 260) sont dotées de trois porte-outils : un de chaque côté, plus un au centre. Il est ainsi possible de travailler trois interrangs à la fois. L'ensemble de deux supports latéraux et d'un central revient à environ 4 900 euros. Ces supports peuvent recevoir tous les outils de la gamme Boisselet.
Bernard Guyard, du domaine Collet à Chablis (Yonne), utilise une VN 260 pour le travail du sol. Il y attelle deux charrues, ou bien des interceps à ressorts. La fixation du porte-outils ne nécessite qu'une heure, à laquelle il faut ajouter trente minutes pour celle des deux charrues ou celle des interceps. ' Ce n'est pas trop contraignant ', témoigne Bernard Guyard. La stabilité du porteur est bonne, même dans les pentes, et il est très maniable. Le problème est la visibilité. ' Nous avons installé six rétroviseurs sur le support rogneuse. Malgré cela, la visibilité est quasiment nulle. Il faut passer des outils extrêmement bien réglés. Le porteur est bien conçu pour la récolte ou les traitements, mais il n'est pas fait pour labourer ', conclut Bernard Guyard.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :