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VIGNE

Outils autocentrés L'offre s'étoffe

MARTIN CAILLON - La vigne - n°274 - avril 2015 - page 48

Le nombre d'outils équipés de palpeurs d'autocentrage a doublé. Ces dispositifs libèrent le chauffeur et limitent le risque de dommages à la vigne. Le point sur les matériels qui en sont pourvus.
 © N. VIBOUD

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De plus en plus de constructeurs proposent des outils de travail du sol équipés de palpeurs d'autocentrage dans le rang. Leur nombre a doublé en à peine plus d'un an. Les Français Bernhardt, Léger et Souslikoff ainsi que l'Italien Orizzonti sont venus rejoindre Egretier, Gard, Alma et Boisselet, pionnier sur le marché avec son cadre enjambeur tracté. Quant à Clemens, il a choisi une voie très différente tout en poursuivant le même but. Son Vinescout repère les rangs de vigne pour remettre le tracteur bien au centre de l'interrang en cas d'écart de conduite. Voici une revue de détail de cette nouvelle offre de matériels.

Concept machines Bernhardt. Un cadre multifonction

La Vigne a assisté le 10 mars dernier, en Charente, à une démonstration du tout nouveau cadre multifonction Shark, mis au point par Concept Machines Bernhardt. L'outil était équipé d'une paire d'interceps munis de lames et de treize dents à double spire dotées de petits socs droits pour le travail de l'interrang. Il était tracté par un Massey Fergusson 510 standard chaussé de pneus étroits. Il a évolué sur un sol très souple dans des vignes de 2,50 m et 3 m de largeur. Dans ces conditions, il a réalisé un bon travail et donné une impression de robustesse et de simplicité.

Le système d'autocentrage s'est révélé efficace et très utile, en particulier dans les vignes plantées à 3 m où il est plus difficile de bien rester au centre de l'interrang. Il a réagi rapidement aux écarts de conduite du chauffeur. L'autocentrage est activé par le palpeur situé devant chaque intercep, qui repère les ceps pour assurer l'effacement et, en cas de besoin, le déport de l'outil (de 200 mm de chaque côté). Ce déport est provoqué par un vérin prolongé par une crémaillère. Le chauffeur peut, si nécessaire, reprendre les commandes en mode manuel.

Par ailleurs, le réglage de la profondeur de travail des lames est aussi automatique. Devant chaque intercep, une petite roue métallique, faisant office de palpeur, épouse la surface du sol et commande un vérin qui abaisse ou remonte l'outil.

Le cultivateur du Shark est relevable hydrauliquement à la verticale. On peut ainsi travailler alternativement le cavaillon seul puis le rang en plein dans les vignes enherbées un rang sur deux. Point intéressant noté durant l'essai, le relevage à 90 degrés du cultivateur réduit le porte-à-faux de l'appareil au point que l'outil ne paraît pas peser son poids lors des manoeuvres alors qu'il affiche une tonne.

Pour le réglage de la profondeur de travail de l'interrang, le cadre repose sur deux paires de roues de jauge métalliques jumelées réglables hydrauliquement. Signalons encore que le châssis du Shark est équipé d'une prise de force qui en fait un outil polyvalent. Le cultivateur se dételle et peut être remplacé par un broyeur ou un gyrobroyeur que l'on peut passer avec les tondeuses interceps de la marque. À noter enfin que le cadre peut aussi se monter à l'avant du tracteur.

Léger. Deux interceps indépendants

Le nouvel appareil de travail du sol développé par le constructeur lot-et-garonnais Léger, baptisé EcosatelYt, ne travaille que la ligne des souches. Chacun de ses deux modules interceps est équipé d'un palpeur d'auto-alignement dans le rang. Les deux outils se positionnent indépendamment l'un de l'autre. « Le système présente plusieurs avantages, explique Jean-Luc Dezileaux, gérant de Léger. Il épargne les ceps qui ne sont pas parfaitement dans l'alignement du rang, il corrige un écart de conduite et il facilite l'entrée dans le rang. »

L'EcosatelYt est constitué d'un cadre reposant sur deux roues de terrage avant et un rouleau central (300 à 440 mm selon les modèles). Il porte des interceps un peu particuliers. En effet, il ne s'agit ni de lames, ni d'outils rotatifs. Au passage d'un cep, ces modules pourvus de trois socs disposés en triangle pivotent d'un tiers de tour, entraînés par l'avancement du tracteur et la résistance du cep. Pour préserver les pieds de vigne, les trois sommets de la platine triangulaire qui porte les socs sont pourvus de larges galets. De plus, chaque module intercep s'efface au passage des souches car ils sont portés par un bras pivotant pourvu d'un ressort de rappel.

Une fois qu'il a ajusté hydrauliquement la largeur du cadre à celle de l'interrang, le chauffeur actionne le mode automatique. Réagissant au signal envoyé par les capteurs, les deux modules se positionnent de manière indépendante et entament un binage superficiel de la ligne des souches. Le coulissement des interceps sur le châssis s'effectue sur des bagues polymères. Il ne nécessite aucun graissage. À l'arrière, des chaînes désagrègent les mottes et lissent le cavaillon. L'EcosatelYt évolue entre 2,5 et 3 km/h en moyenne. Il doit être passé régulièrement et exclusivement sur des adventices peu développées.

Souslikoff. Suivi de rang automatique

Le Guidalex de Souslikoff est un porte-interceps offrant un suivi de rang et de profondeur automatique. Le premier modèle, conçu pour l'entretien des cavaillons dans les vergers, convient aussi pour les vignes de 2,50 m de largeur et plus. Un second modèle, pouvant évoluer dans les vignes de 2 m à 2,50 m, est attendu en fin d'année.

Le Guidalex est complexe d'apparence. Le châssis, monté à l'avant du tracteur, accueille deux longerons porte-outils latéraux fixés par deux parallélogrammes. Le premier sert, en début de chantier, à régler manuellement ou hydrauliquement (en option) l'écartement des interceps (bineuses, disques, tondeuses) à la largeur de l'interrang.

Le second parallélogramme, commandé par le palpeur positionné devant les outils, assure le suivi de rang automatique des deux interceps de manière indépendante. Le réglage de la profondeur de travail, lui aussi, est contrôlé automatiquement par un capteur d'effort qui agit sur la roue de jauge. Les interceps travaillent ainsi en position flottante par rapport aux longerons qui les soutiennent. Le montage à l'avant du tracteur offre une bonne visibilité au chauffeur. L'automatisme de l'outil offre une assistance à la conduite sans pareille. Le Guidalex, dans sa configuration la plus étendue, reste toutefois très encombrant.

Orizzonti. Jusqu'à 13 outils différents

Cette entreprise italienne, distribuée en France par Solemat, équipe depuis l'an dernier son cadre Vega Maxi de palpeurs d'autoguidage dans le rang. « L'option permet de travailler avec précision tout en allant vite, jusqu'à 6 km/h, commente Guillaume Corbin, gérant de Solemat. La conduite de l'outil ne nécessite pas forcément un chauffeur expérimenté. »

Le Vega Maxi est conçu pour le travail sous le rang dans les vignes de 1,80 m à 3 m de largeur. Le châssis bénéficie d'une extension hydraulique de 300 mm par côté auquel s'ajoute un débattement de 150 mm. Une roue arrière, réglable hydrauliquement, permet de contrôler la hauteur du châssis.

Le cadre Orizzonti, pourvu d'une centrale hydraulique de 100 l, peut recevoir treize outils différents : lames, déca, fraises, disques butteurs, brosses épampreuses... Un patin assure le suivi de sol de l'outil de chaque côté de manière indépendante. Le chauffeur peut corriger le dévers et stopper un côté avant l'autre dans les bouts de rangs se terminant en pointe.

Depuis quatre ans, Rinieri, autre entreprise italienne, propose également dans son catalogue un cadre du même type avec une option d'autoguidage. L'appareil, dénommé E-Due, vaut 23 350 euros, tout équipé. À notre connaissance, cette marque n'a pas de distributeur en France.

Egretier. Un tâteur unique, trois réglages automatiques

Cela fait trois ans déjà qu'Egretier a mis au point un système de recentrage pour son porte-outil autostable, sorti en 2009, et dont une centaine d'exemplaires sont en fonctionnement, selon le constructeur (voir La Vigne, n° 258, p. 110). « Quand la végétation pousse, on ne voit plus les ceps. Et, parfois, le feuillage est excentré de 30 cm par rapport à l'aplomb du pied », justifie Jean-Michel Egretier père. Le dispositif d'autocentrage, dans ce cas, joue alors pleinement son rôle. « On règle la largeur de l'outil une fois pour toutes en début de chantier. Ensuite, dès que l'outil s'écarte de plus de 10 cm, le cadre se déporte automatiquement par petits mouvements de 2 cm en 2 cm. »

Particularité d'Egretier, ses interceps sont pourvus d'un palpeur relié à trois capteurs assurant autant de fonctions : l'évitement du cep, le recentrage et le contrôle de la profondeur des outils. Pour cette dernière tâche, le palpeur suit la crête du sol et commande la montée ou la descente des roues de terrage. La profondeur de travail des deux interceps évolue ainsi de manière indépendante. Deux clignotants, sur le pupitre de commande, signalent à l'opérateur que tout va bien.

« Le recentrage du cadre n'est pas indispensable, mais il présente un réel intérêt. Dans nos vignes plantées à 2,50 m et dont les sols sont très majoritairement constitués de galets roulés, il est difficile de tenir le tracteur au milieu du rang », souligne Sébastien Baillon, chef de culture des 115 ha de vignes chez Jaboulet. La société, basée à Tain-l'Hermitage (Drôme), dispose depuis trois ans d'un cadre autostable Egretier équipé de l'option de recentrage. « Nous en sommes assez satisfaits. L'outil est fiable. Le réglage automatique de la profondeur est aussi un plus. Nous travaillons à 2 km/h en moyenne et à 4 km/h au maximum avec les lames. »

Le cadre Egretier peut aussi accueillir le porte-outil intercep mini-sillon mis au point l'an dernier par le constructeur. L'outil se distingue par un mouvement en S. Concrètement, l'outil pivote sur lui-même. Le versoir s'efface devant le cep et se replace juste derrière en laissant un minimum de terre non travaillée autour du cep.

Gard. Trois outils autocentrés

Chez Gard, le système d'autocentrage s'installe en option sur différents outils de travail du sol. Il peut équiper le cadre GRD 2300, dédié uniquement au travail sous le rang, le cadre porte-outils pour le travail en plein avec des dents rigides ou à ressort et, plus original, le covercrop autoporté de la marque. Dans ce dernier cas, les deux palpeurs d'autocentrage, fixés de chaque côté de l'outil, commandent un vérin qui modifie l'angle du timon.

Boisselet. Un châssis enjambeur

L'Acolyte de Boisselet, sorti il y a plus de dix ans, est l'un des premiers outils de travail du sol pourvu d'un dispositif d'autocentrage. Particularité de l'équipement, il est pourvu d'un châssis traîné et déporté qui enjambe le rang. Ce châssis accueille, entre ses deux roues, deux porte-outils interceps indépendants permettant de travailler simultanément les deux faces d'un même rang. Il peut en outre recevoir, derrière les roues, des outils (dents ou tondeuses, par exemple) pour un entretien combiné de deux demi-rangs.

Les deux modules interceps s'autocentrent grâce à deux capteurs installés devant les outils de part et d'autre du rang, dans une configuration semblable à celle équipant la tête de récolte des machines à vendanger tractées.

Comme ces dernières, l'Acolyte peut aussi être équipé, depuis peu et en option, d'une roue motrice du côté droit. Celle-ci permet d'éviter que le châssis ne se mette en crabe, un problème parfois rencontré dans les vignes pentues. Désormais, le chauffeur peut accélérer la roue dans les montées ou la freiner dans les descentes afin de maintenir le châssis parfaitement perpendiculaire au rang. La roue motrice optimise ainsi l'autocentrage.

L'Acolyte peut évoluer dans les vignes de 1,50 m de largeur et plus. L'écartement hydraulique, la centrale hydraulique et la correction de dévers automatique sont en option.

Alma. Adaptable sur tous les cadres

Signalons enfin que le spécialiste de la machine à vendanger tractée, Alma, a mis au point l'Indépendant, une interface de centrage automatique. L'outil, de conception simple, s'installe sur les trois points du tracteur, entre ce dernier et un outil de travail du sol. Il nécessite deux distributeurs DE. Malgré son intérêt, cet outil reste malheureusement méconnu.

L'autoguidage : fiable, confortable mais cher

Clemens commercialise depuis quatre ans le Vinescout, un système d'autoguidage du tracteur par deux caméras 3D repérant les rangs. L'équipement se fixe sur un support devant un tracteur interligne ou un porteur (photo). Le chauffeur l'active depuis un terminal installé en cabine. Dès lors, le tracteur file droit au centre du rang sans que l'on touche le volant. « Pour griffer ou butter, c'est beaucoup plus précis. On accroche moins de souches, apprécie un viticulteur qui a monté le Vinescout il y a un an sur un porteur. Le Vinescout permet aussi de travailler plus vite. L'an passé, j'ai écimé jusqu'à 8 km/h. Et cette année, lors du premier traitement effectué avec des panneaux récupérateurs, j'ai pu avancer 3 km/h plus vite que la saison passée. Le système fonctionne bien aussi en l'absence de végétation. » Un gros bémol cependant, le Vinescout coûte près de 12 000 euros, montage compris. Malgré son intérêt, il ne compte qu'une poignée d'utilisateurs.

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Bernhardt

 © M. CAILLON

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- Modèle : Cadre Shark

- Largeur de travail : 1,50 m à 2,20 m ; 2 m à 3 m

- Prix : 18 000 euros, cultivateur et interceps compris.

Léger

 © M. CAILLON

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- Modèle : EcosatelYt

- Largeur de travail : 1,40 m à 1,80 m ; 1,75 m à 2,20 m ; 1,90 m à 2,50 m. Modèle enjambeur à l'étude.

- Prix : 12 500 euros le modèle 1,75 m à 2,20 m.

Souslikoff

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- Modèle : Guidalex

- Largeur de travail : 2,50 m à 4 m ; 2 m à 2,50 m (à l'étude)

- Prix : de 20 000 et 25 000 euros.

Orizzonti

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- Modèle : Vega Maxi

- Largeur de rang : 1,80 m à 3 m

- Prix : 19 300 euros nu, 1 600 euros de plus avec l'option autoguidage.

Egretier

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- Modèle : cadre vigneron (11 versions)

- Largeur de travail : de 1 m à 3,25 m selon le modèle

- Prix : 12 000 à 14 000 euros avec une paire de mini-sillons.

Boisselet

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- Modèle : Acolyte

- Largeur de travail : 1,50 m et plus

- Prix : 26 127 euros toutes options avec trois outils de la gamme Biomatic.

Alma

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- Modèle : Indépendant

- Largeur de rang : 1,80 m à 3 m

- Prix : 3 600 euros.

Gard

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- Modèle : Covercrop X 503

- Largeur de travail : 2 à 2,50 m

- Prix : 9 278 euros + 2 174 euros avec autocentrage

- Autres outils : cadre GRD 2 300 / cadre porte-intercep

- Largeur de travail : 2 à 3 m / 2 m à 2,50 m

- Prix : 10 978 euros/ 10 445 euros + 2 306 euros avec option autocentrage.

L'essentiel de l'offre

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