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D'accord pour la démarche qualité, car nous y sommes déjà engagés

La vigne - n°155 - juin 2004 - page 0

Des vignerons sont favorables aux propositions de René Renou. Elles consolideraient leur réputation. Mais le projet doit être discuté et amendé.

'A notre niveau, nous sommes vraiment pénalisés, car nous portons le nom d'appellations moyennes, en l'occurrence Bordeaux et Bordeaux supérieur ', regrette Francis Courselle, du château Thieuley à La Sauve (Gironde). Il le dit tout net, sans états d'âmes. Le château commercialise environ 650 000 bouteilles des deux AOC aux tarifs respectifs de 6,00 et 10,50 euros, soit cinq à dix fois le prix moyen. Francis Courselle est prêt à demander sa reconnaissance comme STE (site et terroir d'excellence) si le système se met en place. ' Les STE nous permettraient de nous différencier du tout-venant. Nous sommes prêts à suivre un cahier des charges spécifique, et à demander un agrément auprès des organismes accréditifs, d'autant plus que nous nous sommes déjà imposés des contraintes. '
Des vignerons dans une démarche de qualité plus stricte que la moyenne et vendant leurs vins plus chers, il y en a dans toutes les appellations. Ils sont prêts à relever le défi des STE. Des coopératives sont également intéressées par le projet de René Renou.
René Champemont, directeur de la cave des vignerons de Buzet, affiche un à priori favorable, ' car nous sommes bien préparés. Nous sommes déjà dans une telle démarche avec un paiement différencié. La seule incertitude concerne le degré d'exigence requis, qui déterminera si nous y allons ou non. Et si la réforme aboutit, elle devra faire l'objet d'une communication vers le consommateur '.
Pierre-Henri Gagey, président de la maison Louis Jadot soutient l'idée de René Renou, ' pleine de bon sens, intelligente et courageuse '. Tout comme Marcel Guigal, qui commercialise 6 M de bouteilles d'appellation de la vallée du Rhône, dont 55 % à l'exportation. ' La qualité est un dû, affirme-t-il. Le consommateur sera gagnant. Cette réforme conviendrait parfaitement aux vignerons et maisons qui veulent faire de l'excellence ou du cousu main. Elle leur apporterait une reconnaissance officielle. ' A ses yeux, contrairement à ce que l'on dit, ce ne sera pas une complication.
Dans le Vaucluse, Alain Ignace, le bouillonnant président de la cave de Beaume-de-Venise, ' la première à avoir été certifiée Iso 9002 ! ', voit d'un oeil favorable ces propositions de réforme. ' Nous sommes déjà dans un état d'esprit d'amélioration de la qualité . Nous verrions bien une démarche AOC d'excellence pour les appellations Muscat de Beaume-de-Venise, et Côtes du Rhône Beaume-de-Venise qui est sur le point de devenir un cru. Et ce que nous pouvons faire à Beaume peut être fait ailleurs. Pour l'AOC régionale Côtes du Rhône, s'il faut assouplir, on le dit et on le fait. '
Par ailleurs, Alain Ignace se déclare partisan d'un agrément renforcé, tout comme Jacques Couly, de la maison Couly-Dutheil, négociant et producteur à Chinon.

Il propose que les quantités agréées le soient en fonction du marché. Il est plutôt favorable à la réforme, même s'il se pose beaucoup de questions sur sa mise en pratique. ' Dans la proposition collective des AOC d'excellence, ce qui fait un peu peur, c'est d'obtenir l'engagement de 75 % des viticulteurs ', souligne Jacques Couly.
La création de sites et terroirs d'excellence lui paraît plus facilement ' gérable ', car elle correspond à une réalité et introduit une dose d'individualité dans un système collectif un peu lourd. ' Aujourd'hui, on accepte des qualités qui détournent le consommateur du vin . Il faut expliquer au client qu'il y a 10 % de mauvais vins, qu'on est désolé, mais qu'il faut qu'il les boive. Arrêtons l'hypocrisie. '

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