Le négoce salue la volonté d'améliorer la qualité des produits, mais il émet des réserves sur la lisibilité de l'offre.
'Chaque minute qui passe, c'est un client qu'on perd ' : Michel-Laurent Pinat, délégué général de l'Association française des éleveurs, embouteilleurs et distributeurs de vins et spiritueux (Afed), ne mâche pas ses mots. Comme René Renou, il estime nécessaire de renforcer la qualité des produits, et d'augmenter la transparence vis-à-vis des consommateurs. Même son de cloche auprès d'Entreprises de grands vins de France (EGVF), où l'on se réjouit de ' la réouverture d'un débat sur l'offre française ' qui ne peut plus être enterré.
' Le projet est opportun mais, aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous prononcer sur son contenu. Tel qu'il est présenté, il pose beaucoup de questions ', indique Bertrand Bonnet, président d'EGVF. Comment l'AOC simple, aux règles assouplies, se positionnerait-elle par rapport aux vins de pays ? Comment gérerait-on le passage d'une catégorie d'AOC à l'autre ? Quelles seraient les conditions de production et d'agrément de chaque catégorie ? Autant de questions qui doivent être débattues. La principale réserve tient au fait qu'' on risque d'obscurcir la lisibilité de l'offre, déjà incompréhensible , s'inquiète Michel-Laurent Pinat. Pourquoi ne pas envisager, par exemple, une AOC d'excellence et un VDP ? '
' Si l'AOCE était vraiment créée, prévient Bertrand Bonnet, il faudra certainement réfléchir à la destruction d'une autre catégorie de vin. Pourquoi alors ne pas fusionner certaines appellations avec des VDQS ou certains vins de pays de zone ? '
Quoi qu'il en soit, les deux organisations de négociants se félicitent que ce projet mette en avant ' l'amélioration de la qualité en amont des produits '. Michel-Laurent Pinat s'exprime fermement en faveur d'un renforcement significatif de l'agrément : ' Les personnes ne doivent plus être juge et partie. '
De son côté, Alain Dechy, président de la Fédération nationale des cavistes indépendants, admet ne pas avoir été informé quant à la réforme, mal connaître le dossier, mais il ne cache pas un à priori défavorable : ' On rêve complètement , explique-t-il. Créer une nouvelle catégorie de vins, ce n'est pas possible. Pour les consommateurs, les choses sont déjà complexes. Il faut travailler, au contraire, à simplifier les étiquettes. '