D'accord sur le constat. D'accord sur la nécessité d'agir vite. Mais la Cnaoc s'oppose à la création d'une nouvelle catégorie d'AOC. Les Vif y sont favorables, sous réserve que certains points soient précisés.
'C'est la panique noire... ' Les mots employés par les responsables professionnels viticoles parlent d'eux-mêmes. Et qu'ils y soient favorables ou opposés, la réforme proposée par René Renou a eu l'effet d'un électrochoc. Car ces professionnels sont d'accord avec le constat dressé par le président du comité des vins de l'Inao : pertes de parts de marché, crise de confiance du consommateur, problèmes de qualité et immobilisme de la filière.
' Trop d'AOC, trop de superficies en AOC, pas de surveillance de l'équilibre entre l'offre et la demande, un agrément laxiste, voilà le problème ', résume un membre du comité national de l'Inao. Deuxième point de consensus : ' Cette fois-ci, le débat sur l'offre française de vins ne pourra plus être enterré . ' Il faudra faire fi ' des querelles de clochers ' pour trouver un terrain d'entente. Enfin, les représentants des viticulteurs sont unanimes sur la nécessité d'agir vite, sous peine de ' compter les morts '. Le consensus s'arrête là.
Jérôme Rouzier, directeur de la Confédération française des vins de pays, se déclare ' inquiet et dubitatif. On s'interroge sur la place des VDP dans ce schéma-là, et sur la lisibilité de l'offre . La démarche est intéressante, mais la réflexion doit intégrer l'ensemble des familles (ce qui sera fait au travers du groupe de travail mis en place le 26 mai sur la segmentation de l'offre, ndlr). Ce n'est pas parce qu'on va réécrire les décrets qu'ils seront respectés. Commençons par renforcer l'agrément et par faire appliquer les règles existantes. '
Les Vignerons indépendants de France (Vif) applaudissent les volets concernant la réécriture des décrets et la création des sites et terroirs d'excellence. Selon eux, cette possibilité, donnée aux entreprises individuelles de se démarquer, devrait également être accordée aux producteurs de vins de pays. ' On trouve ces propositions extrêmement intéressantes, signale Michel Issaly, secrétaire général. Si on ne redonne pas de la crédibilité aux AOC, on a beaucoup de soucis à se faire. '
Les Vif sont également favorables à la création des AOCE, sous réserve que certains points (règles d'agrément et de contrôle, conditions minimales d'accession aux AOC et AOCE) soient éclaircies, car il y a un risque de confusion avec les VDP.
La Cnaoc (Confédération des syndicats de défense des AOC) est opposée à la création d'AOC à deux vitesses. ' Créer des AOCE pour faire sortir par le haut ceux qui n'ont pas de problèmes ne sert à rien , précise Christian Paly, président de la Cnaoc. L'allégement des conditions de production des AOC simples risquerait de créer une confusion avec les VDP, et de nuire à la lisibilité de l'offre française. De plus, il remet en cause le travail sur les conditions de production. '
La Cnaoc propose donc de conforter l'appellation (revoir les décrets, mettre en place le contrôle des conditions de production, et réformer l'agrément) et de créer des VDP ou ' un espace de liberté ' dans les grands bassins de production qui n'en ont pas. Elle consacre la hiérarchisation pyramidale.
Denis Verdier, président de l'Onivins et de la CCVF, enfonce le clou : ' Deux propositions coexistent qui ont des éléments de ressemblance : créer, d'une part, les VDP du Val de France et, d'autre part, les AOC d'excellence. Les nouveautés proposées (VDP ou AOC simple dans le nouveau système AOCE) touchent le même coeur de cible, à savoir des consommateurs à la recherche d'un produit fruité, plutôt compétitif et markété. Il faut essayer de faire une synthèse générale qui englobe les deux propositions. ' Voilà qui est dit.