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Sculptures bacchanales

La vigne - n°156 - juillet 2004 - page 0

Etienne a réalisé sept sculptures qui expriment ' l'amour du vin et du travail bien fait '. Cet artiste travaille le bronze, le seul matériau avec lequel il obtient les équilibres délicats qu'il recherche.

'Je ne suis pas un artiste du morbide et du malheur, prévient d'emblée le sculpteur Etienne. Il y a toujours une notion d'espérance et de joie dans les thèmes que j'aborde. '. De fait, ses sculptures tendent ' vers le beau, le tendre, les choses de la vie qui nous enchantent et nous élèvent, plutôt que celles qui nous rabaissent '. Il a réalisé sa toute première sculpture sur le vin dans les années 1980. C'était une main qui tenait un verre en albâtre. Puis, plus rien sur le sujet pendant vingt ans. En 2002, il participe à une exposition organisée par son fondeur, Didier Landowski, le patron de la prestigieuse fonderie Blanchet-Landowski, à Bagnolet, en région parisienne. Il s'agissait de créer des sculptures autour du vin et de la fête. Etienne s'attelle à la tâche. Tchin-tchin, La jeune fille au verre, A la tienne voient le jour, puis La dégustation.
Une grande douceur et une évidente tendresse émanent de ces sculptures. Elles sont des équilibres savants et symboliques entre des pleins et des vides, des fragments de corps, de visages, de gestes et d'attitudes. ' J'essaie de garder l'essentiel et d'enlever tout ce qui n'est pas utile au message ', explique Etienne. Par exemple, dans Tchin-Tchin, on imagine deux personnes, elles trinquent, il y a un bras, deux mains, deux verres, c'est épuré.

Aujourd'hui, Etienne vit et travaille à Paris et sur l'île de Ré, où se situe son atelier. Dans un premier temps, il sculpte ses oeuvres ou les différents éléments qui les constituent dans du plâtre, de la résine ou toute autre matière. Puis, il se sert de ces pièces pour créer des moules dans lesquels il coulera du bronze en fusion, porté à 1 300°C. Etienne emploie ce métal, ' le seul matériau qui permette les équilibres délicats ' qu'il recherche, car ' on peut le souder ', une opération qu'il réalise lorsque sa sculpture est un assemblage de différents éléments.
Après la fonte, l'objet doit être ciselé ' pour éliminer les traces et imperfections ' qui subsistent toujours. Puis, il est poli, ce qui redonne son aspect or au bronze. Touche finale, la patine. C'est une oxydation à chaud du métal. Elle donne différentes couleurs en fonction des réactifs utilisés. Par exemple, le nitrate de cuivre donne le vert, le sulfate de fer le rouge. De leur emploi résulte un jeu chromatique entre la teinte or et divers autres coloris.
Le message dans les sculptures bacchanales, ' c'est d'abord l'amour du vin et du travail bien fait, de quelque chose qui a demandé de l'énergie et du goût ' , continue-t-il. Puis viennent les notions de partage, de convivialité, de joie jusqu'à l'ivresse. Jusqu'à l'extrême et au dédoublement, état qu'il a traduit avec A la tienne .

A 52 ans, Etienne se souvient très bien de son premier contact avec le nectar des dieux. A sa retraite, son grand-père avait repris une toute petite propriété familiale pas très loin de Chambéry, en Savoie, et élaborait du vin pour sa consommation personnelle. ' Une petite piquette de coteau des Alpes, violette, qui titrait 9°, mais avait beaucoup de charme ' , confie-t-il. Plus tard, à l'adolescence, son père grand amateur lui fait découvrir des vins de Bourgogne et des Côtes du Rhône. A chaque fois, c'était des moments de partage.

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