Le 14 août, près de 10 000 personnes ont participé à la fête oenologique et musicale, organisée par les vignerons de Rasteau dans leur pittoresque village du Vaucluse.
'Ça va mal, mais ça ne va pas nous empêcher de faire la fête ! ' proclame Daniel Ferran, président du Syndicat des vins de Rasteau et organisateur de la dix-huitième Nuit du vin. Il s'exprime devant le sénateur Dufaut, le sous-préfet de Carpentras et le commandant Dapsens de la base aérienne d'Orange. Autres képis remarqués ce samedi 14 août, ceux des gendarmes avec lesquels les relations sont cordiales. Daniel Ferran poursuit : ' C'est le moment de se retrousser les manches ! ' Le sénateur approuve : ' Il est hors de question de baisser les bras. ' Le sous-préfet, originaire du Bordelais, développe : ' Plus que la fête du vin, c'est celle de tout un village dont la vigne constitue l'économie. '
Il est 18 heures. Les officiels coupent le ruban tricolore et visitent les stands de dégustation. Verre en pendentif, les pèlerins de la dive bouteille les suivent dans les ruelles escarpées du village. Comme le précise Didier Charavin, vigneron, ' tout est gratuit : le parking, l'entrée, les animations musicales, les spectacles, le bal... Seulement un tiers des visiteurs achètent le verre pendentif à 3 euros. Les autres apportent leur verre. On refuse cependant de servir dans un gobelet en plastique '.
L'ambiance est familiale. Parents, enfants, retraités, amoureux et même gendarmes se laissent tenter par un petit verre. ' On dirait un film de Pagnol ', sourit une femme. ' Ça, c'est vraiment la France ', s'extasient des touristes anglais. Deux jeunes Romains découvrent ce vin doux naturel qu'est le rasteau. L'atmosphère provençale les enchante : ' En Italie, on n'a pas ce genre de fête. ' Les doses ont été réduites afin que les visiteurs puissent mieux les apprécier et que la consommation reste raisonnable : 1 000 bouteilles seulement ont été offertes à la dégustation, plus celles vendues.
' Il y a une vingtaine d'années, nous sommes allés à une nuit des vins en Alsace, et cela nous a plu. La fraîcheur du soir est bienvenue pour les dégustations. Dans les Côtes du Rhône, c'est la seule fête des vins nocturne . ' Après mûre réflexion, les vignerons ont choisi le 14 août, veille de jour férié, en pleine saison touristique et en période calme à la vigne.
Soixante bénévoles collent les affiches, flèchent l'itinéraire, dirigent les voitures dans les 4 ha de parking, vendent les verres, servent 500 plateaux-repas, proposent des billets de tombola, et tiennent le stand du lancer d'anneaux. Le budget de 38 000 euros est financé par la vente des verres (3 euros), des plateaux-repas (13 euros), d'éthylotests (1 euros), la buvette et le jeu des anneaux. La publicité paie affiches et tracts. Le poste le plus important (9 000 euros) demeure l'animation et la sonorisation.
Minuit sonne. La dégustation cesse, mais le bal se poursuit sous les étoiles, au rythme du grand orchestre de variétés et de ses danseuses. Les vignerons commencent à ranger. Ils ont fait connaître leur village, leur vin doux naturel et leurs autres appellations. Dans deux ans, ils comptent attirer les foules avec un nouvel argument : ils ont déposé un dossier à l'Inao pour devenir cru des Côtes du Rhône. ' En 2006, nous espérons fêter les vingt ans de la Nuit du vin et l'obtention du cru ', souhaite Daniel Ferran.