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Produits phytosanitaires : des traitements à l'économie

La vigne - n°157 - septembre 2004 - page 0

Difficultés économiques obligent, les vignerons achètent de plus en plus leurs phytos au fur et à mesure. Cette année, certains ont même fait l'impasse sur les antibotrytis. D'autres ont retardé les premiers traitements et tiré sur les cadences.

'Les achats de morte-saison sont morts ', pose un distributeur de l'Aude. Les comportements d'achats de produits phytosanitaires ont changé. L'essor de la lutte raisonnée et les contraintes de stockage y sont pour beaucoup, mais la crise économique a accentué le phénomène. En manque de trésorerie, de plus en plus de vignerons attendent le dernier moment pour acheter leurs produits. ' Il a dû y avoir 10 à 15 % d'achats de morte-saison en moins en raison du contexte économique ', estime un distributeur du Bergeracois. D'autant que ' lorsque les vignerons ont des impayés, on les oblige à acheter au fur et à mesure '.

Et, quand les caisses sont vides, la moindre économie est la bienvenue. Dans ce cas, ' le poste engrais est le premier visé ', constate un distributeur dans l'Aude. Même constat chez un distributeur du Bordelais : ' Le budget fertilisation est en chute libre. Les ventes ont baissé de 15 à 20 %. Ceux qui faisaient de la fumure organo-minérale se sont rabattus sur la fumure chimique. Ceux qui faisaient déjà du chimique ont fait l'impasse . '
Par contre, dans d'autres secteurs comme le Vaucluse, les distributeurs ont quand même fait une belle campagne fertilisation. ' A la suite de la sécheresse de 2003, les vignerons ont voulu bien alimenter les parcelles pour qu'il n'y ait pas de problème cette année. Mais ils l'ont fait de manière raisonnée, sans excès, ni défaut ', cite la CAPL. Les phytos n'échappent pas à la règle, même si, dans certaines situations, ils restent indispensables.
En fait, le poste qui subit de plein fouet la crise est celui des antibotrytis. Normal, lorsque l'on sait qu'ils représentent 25 % du budget des phytos.

La Périgourdine (Bergeracois) estime une baisse des ventes de 10 %, les établissements Vernazobres (Gard) de 30 %, Euralis (Bordelais) de 15 %. Les vignerons les plus en difficulté font carrément l'impasse. D'autres passent de deux à un traitement. ' Les vignerons appliquent les antibotrytis uniquement sur les parcelles à plus haute valeur ajoutée, où la rentabilité sera bonne si la vendange est saine. Et ils sont nombreux à passer de deux traitements - l'un au stade A, l'autre entre C et D - à un seul au stade A ', dit Charles Crosnier, de la PCEB dans l'Aude.
A Bordeaux, chez CIC, Emmanuel Baude confirme la baisse des antibotrytis, surtout dans l'Entre-deux-Mers. Il estime qu'il y a eu environ 30 % en moins.
En Anjou-Saumur, cette année, l'érosion des interventions a, en plus, été liée aux conditions climatiques et à une surcharge de travail. ' Au moment de traiter au stade A, 15 à 20 % des vignerons ont jugé que les conditions climatiques étaient défavorables au botrytis. Et bien qu'ils aient acheté le produit, ils ne l'ont pas appliqué, ou alors seulement sur une partie de la surface prévue. En tout, 40 à 50 % des vignerons auraient fait l'impasse ', déclare un distributeur de la région. A la Périgourdine, Frédéric Sadres explique que certains reviennent à des produits plus anciens, moins coûteux, à base de thirame seul, ou de thirame + carbendazime + folpel.
Du côté de la protection contre le mildiou ou l'oïdium, difficile de faire l'impasse. ' Par contre, en utilisant des produits plus anciens et avec un suivi rigoureux des parcelles, on peut faire des programmes moins coûteux. On peut gagner 10 à 15 %/ha ', raisonne Frédéric Sadres. Certains vignerons ont tenu compte des conditions climatiques défavorables au mildiou, pour économiser des traitements. ' Par sécurité, ils ont quand même opté pour des produits systémiques, mais ils ont tiré un maximum sur les cadences ', explique-t-on chez Euralis.

Au début du mois de juillet, certains secteurs du Vaucluse n'avaient pas encore subi de contaminations par le mildiou. Résultats : fin juin, les vignerons étaient en moyenne à 2,5 traitements contre le mildiou et à 2,9 traitements contre l'oïdium. Mais, contrairement au mildiou, l'oïdium était très agressif. ' En raison de la morosité du marché et de la faible pression du mildiou, de nombreux vignerons se sont endormis sur leurs lauriers. Ils ont fait l'impasse sur les traitements contre l'oïdium de début de saison. Ensuite, lorsqu'ils ont repris la protection, ils l'ont effectuée avec des cadences élastiques. Résultats : certains vignerons se retrouvent avec des parcelles bien attaquées par l'oïdium ', constate un distributeur du Vaucluse.
A Bergerac, pour des questions économiques, mais également de lutte raisonnée, certains ont négligé les traitements de départ. Là aussi, ils se retrouvent avec des problèmes d'oïdium. Ce n'est pas le cas dans l'Aude. ' Les vignerons n'ont pas modifié leur comportement. La pression oïdium est là, et ils ont l'habitude . ' De même que chez CIC, on estime que les vignerons ont joué la sécurité. ' Ils ne sont pas partis plus tard et n'ont pas tiré sur les cadences . '



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