L'effeuilleuse DX, de Lagarde, dégarnit la zone fructifère sans broyer les feuilles. Des utilisateurs sont enchantés par la vitesse et la qualité du travail accompli.
Comment aspirer les feuilles sans les faire passer dans les pales de l'aspirateur ? Lagarde, à Saint-Loubès (Gironde), a trouvé la réponse. Son effeuilleuse envoie un flux d'air parallèle au rang. Au départ, il s'écoule derrière un déflecteur en forme d'aile d'avion. Cette pièce isole le feuillage du courant d'air. Mais au bout du déflecteur, le vent qui souffle à 280 km/h aspire les feuilles, par effet Venturi. Elles se soulèvent. Une fraction de seconde plus tard, la barre de coupe sectionne les pétioles. Les feuilles sont entraînées par le courant d'air vers l'arrière de la machine. Elles tombent sur le sol sans aucune projection sur les rangs opposés. La barre mesurant 50 cm de haut, la hauteur d'effeuillage est de 50 cm.
Cette effeuilleuse, livrée uniquement avec deux têtes, est dotée d'un système de guidage à ultrasons. Le conducteur effectue tous les réglages depuis un pupitre embarqué. La prise de force du tracteur actionne la turbine. Les autres mouvements (barre de coupe, distance de la tête d'effeuillage au rang, hauteur de la tête) sont hydrauliques. Il faut 50 ch et un débit d'huile de 20 l/min à 100 bars. Lagarde a vendu ses premières machines 14 850 euros HT. Elles ont été utilisées en juin sur des domaines bordelais, majoritairement plantés à deux mètres.
Les innovations techniques et le prix ont séduit Joël Barreau, du château Roc de Baoudun, à Guillac (Gironde). Il considère la machine ' très bien placée face à la concurrence '. Cédric Allard, chef de culture des vignobles Pierre Bonnet, à Langon, dans les Graves, souligne ' l'excellent rapport qualité/prix '. Quant à Guy Caussan, vigneron à Blaignan, dans le Médoc, il la trouve carrément ' pas chère ' et insiste sur ' la qualité de la fabrication '. Les réglages sont si nombreux que les utilisateurs n'exploitent pas toutes les possibilités. Ils permettent notamment de fixer le taux d'effeuillage en faisant varier à la fois la vitesse de la turbine et l'angle d'attaque du palpeur.
Joël Barreau exploite 30 ha. Il effeuille simultanément deux faces. Il avance à la vitesse de 3,5 à 4 km/h, ce qui représente une heure dix minutes par hectare. Guy Caussan exploite 17 ha. Il a effeuillé 14 ha en deux jours et demi en mono-face, ne se servant que de l'une des deux têtes d'effeuillage. Lui aussi estime que la vitesse élevée est l'un des points forts de la machine. ' On peut travailler très vite avec un niveau de qualité remarquable. C'est un vrai progrès. ' Les vignobles Pierre Bonnet ont effeuillé 72 ha sur une face à 3 km/h, soit un temps de travail moyen de 2 h/ha. A ce rythme, Cédric Allard a obtenu ' un résultat impeccable ' : l'effeuillage était très régulier. L'absence d'encrassement de la turbine explique cette qualité.
Tous les viticulteurs ont sectionné quelques grappes. Pour Joël Barreau, ' c'est surtout spectaculaire. Avec les autres machines, on s'en rend moins compte, car elles sont broyées. ' Guy Caussan a résolu le problème : ' Il suffit de diminuer le régime du moteur. Cela réduit la dépression et tout rentre dans l'ordre. Je pense que l'idéal est d'effeuiller quand les grappes sont suffisamment lourdes. '
Le système de guidage par ultrasons a parfaitement rempli son rôle. Les trois viticulteurs n'ont constaté aucune blessure sur les baies. Les feuilles ne passant pas dans la turbine, personne n'a eu de bourrage, même en période humide. ' On ne passe pas plus de deux à trois minutes en fin de travail ', précise Cédric Allard.
Bien qu'ils soient satisfaits, les premiers utilisateurs signalent des points qui méritent d'être améliorés. A plusieurs reprises, Guy Caussan a été confronté au repliage intempestif des bras portant la tête d'effeuillage. Ce phénomène est dû à des feuilles qui se positionnent sur le capteur à ultrasons. Cédric Allard pense que ' la pose d'une simple grille permettrait de prévenir cet incident '. Lagarde a déjà entendu leurs remarques. Ainsi, il va remplacer le déflecteur jugé trop étroit et déplacer des soudures trop exposées. Michaël Louapre, responsable technico-commercial, indique que le constructeur va procéder gratuitement à ces modifications. Il s'est également engagé à faire profiter ses clients des améliorations apportées sur les modèles 2005.