Je suis passé de 13 à 5 ha et je ne le regrette pas

'Entre 1990 et 1992, je suis passé de 13 à 5 ha de vignes en AOC Gaillac. C'était au moment de mon installation sur l'exploitation familiale. Avant la réduction de la superficie de mon vignoble, nous commercialisions 50 % de la récolte en bouteilles. Le restant était vendu en vrac au négoce. Nous perdions de l'argent sur la partie négoce, nos rendements dépassaient à peine 45 hl/ha, et la rémunération ne prenait pas en compte les efforts réalisés en amont. A partir de là, j'avais deux possibilités. Soit agrandir l'exploitation pour arriver entre 20 et 25 ha, ce qui supposait des investissements en termes de plantation, d'extension de la cave et de recrutement de personnel. Soit réduire la taille du vignoble à 4 ou 5 ha en me concentrant sur les meilleures parcelles, et sur les cépages gaillacois que sont le duras, le braucol, le mauzac et le len-de-l'el. J'ai opté pour la deuxième solution et je ne le regrette pas. Je me suis focalisé sur ce que je savais faire. Je vinifie et je commercialise des produits sur lesquels j'amène toute ma maîtrise. Je suis allé chercher la valeur ajoutée sur ces cépages, à la vigne et à la cave. Cette superficie permet de réaliser un travail très pointu en amont au niveau de la taille, de l'ébourgeonnage... pour maîtriser les rendements. Nous réalisons des vendanges manuelles avec des tris successifs. Il faudrait beaucoup d'argent pour effectuer ce travail sur une superficie élevée. Grâce à ces interventions minutieuses, j'élabore des vins haut de gamme. 18 000 cols sont produits en moyenne par an. Il existe un débouché pour ces produits. Il m'arrive de refuser des marchés, car je n'ai pas les quantités suffisantes. Ces 5 ha me permettent d'être présent derrière la bouteille, c'est-à-dire d'assurer la partie commerciale. Je suis en contact direct avec mes clients (cafés, hôtels, restaurants, cavistes et particuliers). Je peux ainsi me rendre compte des tendances de la consommation et m'adapter vite à la demande. '