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Promotion du vin, la mission impossible de l'Afivin

La vigne - n°159 - novembre 2004 - page 0

Tout le monde est d'accord pour assurer une communication positive sur le vin... Mais lorsqu'il s'agit de la financer, les atermoiements se multiplient. De quoi handicaper l'Agence française d'information sur le vin.

En 2001, les organisations professionnelles viticoles ont créé l'Agence française d'information sur le vin. Sa mission : informer le grand public. L'opération la plus importante menée, à ce jour, par cette agence a été la distribution, à un million d'exemplaires, d'une brochure sur le vin. Ce document explique la vinification, la dégustation, et donne des conseils d'accords mets et vins... Elle offre à un public néophyte les clés pour comprendre le monde vitivinicole.
Pour éditer cette brochure, l'Afivin a bénéficié, pour partie, de fonds européens. Parmi les autres réalisations de l'association, on peut citer la mise en ligne d'un site internet www.parlonsvin.com , et la participation à des expositions...
Plus discrète, la commission qualité et environnement de l'Afivin réunit, plusieurs fois par an, des techniciens de la filière (notamment de l'ITV, de l'Onivins et de certaines interprofessions) et un cabinet spécialisé dans la communication de crise.

L'objectif de ce groupe de travail est de faire le point sur des sujets qui pourraient donner lieu à des ' mises en causes médiatiques ', du fait des procédés même d'élaboration du vin. ' Il y a quelques années, au moment de la crise de la vache folle, on a connu le problème avec les collages au sang de boeuf ' , explique Michel Bernard, président de l'Afivin. Face à de telles psychoses, il faut réagir vite et bien. Le message délivré doit être clair. La commission qualité et environnement a l'intérêt de rassembler ceux qui maîtrisent le savoir-faire et ceux qui ont l'art de faire savoir.
La réussite d'une campagne repose sur la fréquence d'exposition de ses destinataires au message qu'elle véhicule. En clair, plus on entend un slogan, plus on a de chance de le retenir. Et c'est bien là tout le problème : ' Le vin, parlons-en ' est loin d'être un refrain connu du grand public ! Certes, l'interdiction de faire de la promotion pour le vin à la télévision ne facilite pas les choses...

Impossible de prévoir un spot aussi sensuel que celui vantant les produits laitiers, ou aussi ludique que la saga des morceaux de sucre. N'empêche ! Au-delà des interdictions posées par la loi, les campagnes de promotion doivent s'inscrire dans le temps. Qui dit persévérance dit finances... C'est ici que le bât blesse : la filière (producteurs comme négociants, appellations comme vins de table ou de pays) est unanime pour considérer qu'il faut une politique de promotion des vins français au niveau national. Reste que lorsqu'il s'agit de mettre la main au portefeuille, les hésitations se multiplient. ' A fin septembre, je n'ai reçu que 210 000 euros de la profession pour l'année 2004.
A titre de comparaison, le budget 2002 prévoyait 516 000 euros ! En ce qui concerne la dotation Onivins, hors programme communautaire et sur les mêmes périodes, nous sommes passés de 411 610 euros à... 0 euros ', explique Michel Bernard. Selon les statuts de l'association, ses trois plus importants financeurs sont : l'Onivins, l'Anivit (Association nationale interprofessionnelle des vins de table et de pays) et le Cniv (Comité national des interprofessions des vins à appellation).

Depuis quelques mois, ces trois organisations ont joué un drôle de tiercé. L'Onivins a été le premier à rechigner pour financer l'Afivin. ' Notre contrôleur d'Etat a soulevé une contradiction entre le fait, pour l'Etat, de donner des fonds publics pour des promotions sur le vin et de s'engager, dans le même temps, dans des actions de lutte antialcool ', expliquait fin septembre Jean-Luc Dairien, alors directeur de l'Onivins. ' Une solution devrait être trouvée prochainement. Il s'agit de bien distinguer la promotion sur un produit et celle qui vise un comportement de consommation ', assurait-il. La carence de l'Onivins a été l'occasion pour le Cniv de faire valoir ses insatisfactions à l'égard de l'Afivin. ' Certaines régions ne se retrouvent pas dans les actions menées ', commente Jérôme Agostini, directeur de l'organisation. Dans ce contexte, l'Anivit a fini par se sentir hésitante...
Face à une telle crise de foi, l'association envisage un audit. Les organisations viticoles seront amenées à se prononcer sur la politique de promotion qu'il faut mener. L'assemblée générale se réunit en session extraordinaire le 16 novembre avec, à l'ordre du jour, la dissolution de l'Afivin. Objectif : provoquer un électrochoc salutaire...


PLUS
Une communication positive sur le vin redore l'image du produit dans la société.
MOINS
Le financement d'une telle politique provoque des discussions sans fin dans la filière.

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