A Beaujeu, le troisième mercredi de novembre, la fête débute vers 18 h. Toute la soirée, l'ambiance monte, jusqu'à la mise en perce, au douzième coup de minuit, d'un fût de beaujolais nouveau.
L'histoire débute en 1989, sous un chapiteau installé sur la place de Beaujeu. Cette année-là, le troisième mercredi de novembre, quelques noceurs dînent dans l'attente de la libération du beaujolais nouveau. Dès l'année suivante, la fête trouve un nom : Les Sarmentelles. Il est peut-être là le coup de génie, dans ce nom qui semble de si vieille tradition. Il représente ces sarments que les vignerons brûlent dans leur brouette quand ils taillent. Et ces brouettes seront au centre d'une retraite au flambeau à travers le village. Elles montrent qu'une nouvelle saison se prépare, que les vignerons regardent vers l'avenir, au moment où ils présentent leur vin dernier-né...
Aujourd'hui, la fête est bien rodée. Elle commence le mercredi vers 18 h par un concours de dégustation. Les douze appellations beaujolaises sont au rendez-vous. Il faut trouver les millésimes qui sont servis. Les vignerons du Beaujolais rappellent que leur terroir produit aussi des vins de garde. ' Au bout de quelques années, quand les morgons 'morgonnent', c'est toute la puissance d'un grand cru, d'un terroir qui s'exprime... '
Dans les rues de la capitale historique du Beaujolais, des ' bandas ' prennent le relais en musique. Les fêtards déambulent et découvrent les produits du terroir, les artisans locaux... Puis vient l'heure des intronisations dans la salle voûtée des hospices de la ville. Les Compagnons du Beaujolais accueillent, dans leur confrérie, des partenaires de la fête.
Vers 19 h 30, tout le monde se rend sous le chapiteau pour le dîner de gala. Cette année, il y avait 1 500 convives et plus de 400 bénévoles ont travaillé à la préparation de la fête.
Sur la scène du chapiteau, on commence par présenter des grands chefs cuisiniers, les nouveaux compagnons du beaujolais et les vignerons qui serviront le vin à l'aide d'un ' barvis ', pièce de bois, soutenant une benne, portée à l'épaule par deux vignerons. Autre instant fort : l'accueil des délégations étrangères. Chaque année, une vingtaine de pays sont représentés. Leurs ressortissants reçoivent une ovation de la foule.
Le repas est alors servi, entrecoupé d'animations, de numéros d'acrobatie, de musiques d'ambiance, d'aubades... Mais le clou du dîner, c'est la revue...
L'heure avance. Les convives sortent de table vers 23 h 30. Ils se saisissent d'un flambeau et remontent vers le centre du village. Les vignerons sont au coeur du défilé avec leurs brouettes où brûlent des sarments. Une foule rejoint cette retraite au flambeau : 15 000 personnes sont là, en ce mercredi 17 novembre. Des télévisions filment le cortège qui se dirige vers le centre historique, où aura lieu l'événement. Il est mis en scène avec son et lumière, d'une manière différente chaque année. A minuit, les officiels percent un fût. Le beaujolais coule à flot.
Cette année, le vin nouveau a arrosé la terre entière. Un globe, suspendu dans les airs, s'est vu recouvert de beaujolais au douzième coup de minuit. Au petit jour du jeudi 18 novembre, les dernières lumières de la seizième édition de la fête des Sarmentelles se sont éteintes. Le monde s'éveillait. Toute la nuit durant, Beaujeu lui avait adressé le message du beaujolais nouveau : celui de la fraternité !