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Les AOC défrichent de nouvelles pistes

La vigne - n°160 - décembre 2004 - page 0

Pour regagner la confiance des consommateurs, les appellations doivent crédibiliser leur procédure d'agrément.

'Agrément 2000 a débouché sur un décret mal préparé et qui, pour l'instant, se plante complètement. On agrée 99 % des vins, alors que 15 % sont déclarés non aptes par le suivi en aval de la qualité, et qu'autant sont considérés comme médiocres. Des milliers d'échantillons sont dégustés. C'est un travail énorme. Malgré cela, nous avons des produits défaillants. ' Ce sombre bilan, dressé par Xavier Carreau, président de la Fédération des grands vins de Bordeaux, lors d'un colloque organisé au Sénat le 28 octobre, pose le défi auquel la profession est confrontée. Fini le temps où les responsables syndicaux affirmaient que l'AOC était avant tout une ' garantie de typicité '. Aujourd'hui, il s'agit d'être crédible. Les vins de qualité insuffisante ne doivent pas être présentés aux consommateurs sous le ' label ' AOC. Cela passe par une remise en cause de l'agrément. Le chantier est dangereux, car plusieurs visions de l'appellation s'y télescopent. Pour certains, la profession ne peut pas être juge et partie, et l'agrément devrait être confié à un organisme indépendant. D'autres font valoir les réalités du terrain. Ils déplorent le coût et la lourdeur des prélèvements d'échantillons, puis de leur analyse et de leur dégustation. Cet argent et ce temps ne seraient-ils pas mieux employés en conseils aux producteurs ? Une chose est sûre : il ne peut pas y avoir de système idéal, car les appellations ont des problématiques différentes suivant leur taille. Un système qui convient à une AOC, où une poignée de viticulteurs produit quelques milliers d'hectolitres, ne sera pas transposable à une autre, où des milliers de récoltants en produisent un ou plusieurs millions.

Autre difficulté du chantier : le sentiment de saturation règnant dans le vignoble. Le décret et l'arrêté de 2001 ont été présentés comme LA réforme de l'agrément. Or, à peine trois ans plus tard, on rouvre le dossier. Pour beaucoup, c'est l'incompréhension. Les critiques contre l'Inao vont bon train. L'Institut se défend en rappelant le contexte de l'époque. Il devait réagir à l'arrêt Lapalue. Le 28 juillet 2000, le Conseil d'Etat annulait une décision de refus d'agrément pour non-respect de la procédure. La réglementation d'alors interdisait de faire un nouveau prélèvement des vins ajournés. Or, dans cette affaire, l'Inao, comme c'était l'usage, avait prélevé un nouvel échantillon pour permettre au producteur de retravailler ses vins. Une habitude pleine de bon sens mais... contraire aux textes.
Ce litige a montré l'inadaptation du décret de 1974 organisant les examens d'agrément. Le juge a rappelé la filière à l'ordre : on ne peut pas accepter des pratiques contraires au droit ! La profession devait faire évoluer la réglementation. C'était l'objectif des décret et arrêté de 2001. Mais ces textes n'ont pas tout prévu... Aussi un nouvel arrêté, daté du 19 novembre, a été publié au JO du 30 : il limite (un peu) la taille des lots, précise les notions de caducité d'agrément, de certificat d'aptitude... Parallèlement, la profession opère un retour aux sources du droit des AOC, en considérant que l'agrément ne se résume pas aux examens analytique et organoleptique. Ce passage n'est que l'ultime étape d'un processus plus long, intégrant le respect des conditions de production au vignoble et le travail en cave. Autant de sujets qu'il faudra bien caler pour améliorer la qualité des vins. La réforme de l'agrément ne fait que commencer...








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