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L'Agraflyre fait une croix sur la corvée de relevage

La vigne - n°160 - décembre 2004 - page 0

Deux Champenois ont conçu un nouveau type d'écarteurs de fils releveurs. Ils s'installent sur tous les palissages. Les premiers utilisateurs en sont satisfaits, car ils ont relevé leurs vignes plus rapidement et avec moins de peine.

L'Agraflyre est un nouvel écarteur inventé et utilisé, cette saison, en Champagne. Il s'agit d'une tige ronde, de 80 cm de long et de 6 mm de diamètre, insensible à la corrosion. On l'installe par paire en plaçant une Agraflyre de chaque côté d'un piquet. L'écarteur prend une forme en X dont l'intersection est fixée sur le fil lieur par un oeillet. Les bras supérieurs représentent les deux tiers de la longueur des tiges, les bras inférieurs le tiers restant. On enroule les fils releveurs supérieurs au bout des agrafes. On fixe des fils releveurs en position intermédiaire, en les passant dans l'oeil d'un crochet. En bas, deux crochets reprennent les fils de pied.
Jean-Pierre Bénard, inventeur de l'Agraflyre, et Jean-Louis Ballu, directeur du bureau d'études vitivinicole champenois qui l'a développée, affirment qu'elle s'adapte à tous les vignobles. Ils expliquent aussi qu'elle n'est pas liée à un type de piquet, à la différence des autres écarteurs.

La fermeture et l'agrafage des écarteurs se font par simple rapprochement des bras supérieurs. Les Agraflyres comportent des crochets qui se prennent automatiquement dans le fil releveur opposé. La fermeture peut s'effectuer soit manuellement, soit mécaniquement, en même temps que le premier rognage, grâce à une machine spécifique constituée de deux rouleaux verticaux en rotation qui resserrent les fils.
L'Agraflyre réduit considérablement le temps de travail et donc les coûts de main-d'oeuvre. Elle est distribuée par Ecovigne Champagne, à Epernay. Cette société estime que le retour sur investissement intervient au terme de deux à trois années seulement. La pose des Agraflyre ne nécessite pas de démonter les fils qui sont déjà en place. L'investissement représente un montant de 5 000 à 6 000 euros par hectare.
Deux vignerons champenois ont testé les premiers prototypes. Régisseur au château de Boursault, François Cuchet en a posé au mois de mai dernier, sur 50 ares de chardonnay et de pinot noir. ' Il faut d'abord bien comprendre la façon de procéder. Le geste n'est vraiment pas évident! Nous étions quatre et nous avons mis seize heures pour équiper les premiers 25 ares. Avec l'habitude, il sera possible de ramener ce temps à 50 h/ha ', confie-t-il.
Viticultrice sur 90 ares, à Givry-Les-Loisy, Geneviève Assier a installé, à la même époque, des Agraflyre sur 30 ares de pinot meunier. Elle reconnaît que cette manipulation suppose effectivement une période d'adaptation. En juin, elle a procédé manuellement au relevage. Elle souligne le confort et la rapidité du travail. ' Ce produit est vraiment extraordinaire. Je refermais deux rangs à la fois et sans fatigue, car il n'y a plus aucun fil à remonter. Je peux désormais me passer d'un employé. '
François Cuchet a monté la machine équipée de rouleaux sur un chenillard. Il dresse le même constat. ' Nous avons passé deux fois moins de temps qu'avec la méthode manuelle, qui nécessite de cent vingt à cent quarante heures par hectare. Le palissage est une période critique. La forte croissance de la végétation nous oblige à travailler vite, sous peine d'être débordés. '

Ce vigneron apprécie également de pouvoir intervenir précocement, dès que la majorité des sarments a atteint le dernier fil. Il n'a pas observé d'enchevêtrements et aucun rameau porteur de fruit ne s'est trouvé en dehors du palissage. En revanche, quelques grappes se sont prises dans les fils, un inconvénient toutefois jugé peu contraignant. ' Il suffit de les déplacer en cours d'année ou d'ouvrir l'agrafe au moment des vendanges. '
Au terme de cette première campagne, François Cuchet se dit séduit. Mais prudent, il entend boucler le cycle complet des travaux de la vigne pour se forger une opinion définitive. ' On peut craindre que les Agraflyre créent une gêne pour la taille, mais elle sera largement compensée par le formidable gain de temps constaté pour le palissage. Il est donc fort probable que nous étendrons le système à l'ensemble de notre vignoble. ' Geneviève Assier partage la même analyse, mais sa décision est d'ores et déjà prise, d'autant qu'elle a calculé que son investissement sera amorti en quatre ans.

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